Un collectif de travailleurs du cinéma, "Sous les écrans, la dèche", a appelé à une grève pour "perturber" le plus grand événement du septième art. Il pointe la précarité du secteur et demande à pouvoir bénéficier du statut des intermittents du spectacle.
C'est un fait rarissime : la 77e édition du festival de Cannes (Alpes-Maritimes) pourrait être perturbée par une grève. Des dizaines de travailleurs précaires (projectionnistes, programmateurs, attachés de presse, chargés des billetteries ou de l’accueil des invités...) ont voté la grève lors de ce festival qui débute mardi 14 mai.
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Ces hommes et ces femmes répondent à l’appel du collectif "Sous les écrans, la dèche". Des travailleurs de l'ombre qui "altern[ent] des missions de courtes durées avec des périodes chômées" mais qui "ne relèvent pas du régime de l'intermittence du spectacle".
Les récentes réformes de l’assurance chômage du régime général, et celle du 1er juillet prochain qui sera appliquée par décret, viennent durcir les règles d’indemnisation des demandeurs d’emploi. Elles plongent les travailleur.euse.s des festivals dans une précarité telle que la majorité d’entre nous devra renoncer à notre activité, mettant par là même en péril les manifestations auxquelles nous collaborons.
Collectif "Sous les écrans, la dèche"
"L’ouverture prochaine du Festival de Cannes a donc pour nous, cette année, un goût amer", poursuit le collectif dans son communiqué publié ce lundi.
Le Festival de Cannes veut ouvrir le dialogue
Ces revendications sont portées depuis plus de quatre ans. Lors de la montée des marches de l’an dernier, Justine Triet, la réalisatrice du film "Anatomie d’une chute" et Palme d’or 2023, avait d'ailleurs porté le badge rouge du collectif.
Cette année encore, face à une précarité grandissante de leurs métiers, les grévistes demandent à pouvoir bénéficier du statut des intermittents du spectacle, dont ils sont privés.
Les organisateurs du Festival de Cannes sont "prêts à mettre en place des conditions de dialogue pérennes pour accompagner [ces travailleurs]".
Le Festival de Cannes, la Quinzaine des Cinéastes, la Semaine de la Critique et l'ACID tiennent à souligner qu'ils sont conscients des difficultés que rencontrent certains de leurs personnels.
Communiqué commun
Les organisateurs cannois préconisent "de rassembler autour de la table l'ensemble des festivals concernés, les institutions et les partenaires sociaux".
Cet appel à la grève, rarissime, ne remet pas en cause l'ouverture ou la tenue du festival lui-même, a précisé le collectif. Mais cette grève pourrait "perturber l'événement". Jusqu'à maintenant, une seule édition a été compromise par un mouvement social : le 21ᵉ Festival de Cannes, écourté par les événements de mai 1968.