Le ministre de l'Intérieur a expliqué le 25 octobre que des événements culturels ou sportifs seraient "annulés" ou "reportés" en raison de l'organisation des JO 2024, et de la mobilisation des forces de l'ordre. Des propos qui font paniquer les organisateurs de festivals.
"On s'est à peine remis des années Covid et là, encore une fois, on est considérés comme non-prioritaires", s'indigne Benoît Geli, organisateur du festival des Plages électroniques qui se tient tous les ans, début août, à Cannes.
Depuis que Gérald Darmanin a annoncé que des événements culturels ou sportifs pourraient être "annulés" ou "reportés" pour que les forces de l'ordre puissent être mobilisées sur les JO 2024, le bruit court dans toute la profession musicale.
Difficulté technique
Benoît Geli ne cache pas sa colère face à ce qu'il considère comme du mépris : "c'est facile de taper sur nous alors que, d'un point de vue technique, le report ou le déport, c'est très difficile ! Il y a les disponibilités des artistes, du matériel technique et aussi la météo. La période estivale est très courte, en juin ou en septembre, il y a un risque d'orage", explique l'organisateur des Plages électroniques, qui a accueilli 54 000 festivaliers lors de l'édition 2022.
Pour des festivals plus modestes, le risque de reporter ou d'annuler, c'est aussi perdre un public qu'on a mis du temps à fidéliser. "Changer de date c'est comme changer de nom pour un événement, c'est très difficile, il y a une prise de risque importante. Vous repartez à zéro", explique Frédéric Landini, organisateur du Midi Festival, qui réunit chaque été environ 2000 personnes à Hyères.
"Vous faites des festivals pendant des années, vous essayez de fidéliser les gens, d'avoir un rapport de confiance, c'est extrêmement fragile. Si vous annoncez deux ans avant, on ne sait pas si ça va pouvoir se tenir, vous créez une incertitude extrêmement forte dont ce secteur n'a pas besoin", ajoute celui qui organisera la 18ème édition du festival cet été.
"Nous allons devoir nous adapter", conclu l'organisation du festival Jazz à Juan.
Un risque de concurrence
Un problème risque aussi de se poser si la vingtaine de festivals de la région Sud doit être reprogrammée au même moment. "Sur un territoire, chaque festival a pris son week-end. En réduisant la période, forcément plusieurs vont se retrouver en concurrence sur le même week-end", explique Benoît Geli. "Il va y avoir un embouteillage monstre", confirme Frédéric Landini.
Il ne comprend pas vraiment en quoi le fait que les forces de l'ordre soient mobilisées sur les JO empêcherait la tenue des festivals.
"C'est un aveu de faiblesse de la part du pays de ce dire qu'on a pas assez de forces de l'ordre pour assurer les deux. Le sport c'est génial mais de là à dire qu'on aura rien d'autre que ça"
Frédéric Landini, l'organisateur du Midi Festival
Les membres du secteur regrettent aussi de n'avoir absolument pas été consultés, et que ces propos - qu'ils considèrent comme "un effet d'annonce" - soient aussi peu précis. La semaine prochaine, le ministère de la Culture recevra les festivals les plus importants et les syndicats des différentes branches culturelles concernées. Les organisateurs espèrent alors y voir plus clair.