Lucas Mathonat, guide aux Jeux Paralympiques : "le handisport, c'est exceptionnel, une performance de très haut niveau"

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L'athlète et guide cannois a décroché le bronze aux 400 m aux côtés de son binôme Trésor Makunda, parathlète malvoyant, le 29 août dernier. Il raconte son parcours, son expérience aux Jeux Paralympiques de Tokyo et la nécessité de développer le handisport en France.

Il est 17h30 au Japon, 10h30 en France.

Sur le balcon de son appartement du Village paralympique, Lucas Mathonat regrette de ne pas pouvoir visiter Tokyo, "la ville de ses rêves". Restrictions sanitaires obligent. Pour autant, le Cannois de 22 ans l'assure : "Le Village est très sympa, assez agréable, je m'y sens bien. C'est une chance de vive avec tous les athlètes". Alors, certes, le temps peut se faire long, enfermé dans les chambres. Mais l'athlète peut ainsi rêver à l'envi de la journée du 29 août dernier.

Ce dimanche-là, Lucas Mathonat et son binôme Trésor Makunda courent côte à côte pour la finale du 400m T11.

Le premier est guide, le deuxième parathlète atteint d'une déficience visuelle. Ils sont liés au niveau de la main, et Lucas se doit de donner à Trésor le maximum d'information sur le déroulé de la course. Et ils l'ont fait : ils franchissent la ligne d'arrivée en 51'74 secondes et décrochent ensemble la médaille de bronze.

"Partager cette médaille - qui n'est pas la moins belle ! - avec Trésor, qui est quelqu'un que j'estime et apprécie beaucoup, ça me fait plus que plaisir", sourit Lucas. "C'est pour l'instant le plus beau souvenir de ma petite carrière". 

Lucas Mathonat

Première médaille paralympique pour Lucas Mathonat, cinquième pour Trésor Makunda, et la 25e pour l'équipe de France.

"C'est un rêve, tout simplement", glisse le guide cannois. C'est sa première participation aux Jeux Paralympiques. Pourtant, arrivé sur la piste, il n'a "eu vraiment aucun stress. Si la veille, j'étais vraiment stressé, le jour J, j'étais totalement maître de mes émotions". "C'était vraiment très bizarre, ajoute-t-il, mais il en est certain, "c'est la confiance qui nous a permis de briller"

"C'est plus qu'un ami. C'est un frère"

Car pour lui, Trésor Makunda, "c'est plus qu'un ami. C'est un frère". Cela fait maintenant un an et demi qu'ils travaillent tous les jours ensemble.

C'est d'ailleurs la première personne que Lucas Mathonat a guidée. Ils se sont rencontrés par un "coup du hasard" fabuleux, lorsque le Cannois voit passer une annonce de la Fédération française de handisport sur Facebook.

"Ils recherchaient des guides, j'ai postulé tout de suite". Invité sur des stages en Equipe de France, il rencontre son futur binôme.

"On a de suite accroché, on a rigolé", raconte Lucas Mathonat. Au fil du temps et des entraînements, "un lien physique et amical s'est créé"

Dans l'handisport, le guide retrouve alors "toutes les valeurs [qu'il] partage : l'empathie, la bienveillance et le respect". "J'avais besoin de lier mes valeurs à mon sport, l'athlétisme", souligne-t-il, "et cela m'a fait du bien. J'ai pu vivre ces expériences qui sont pour l’instant les plus belles de ma vie"

Promouvoir et développer le handisport

Ces expériences, Lucas Mathonat les partage avec le monde entier sur sa chaîne Youtube, dans une série de vlog nommée "En route pour Tokyo".

Visite du Village Paralympique, cérémonie d'ouverture, coulisse des entraînements... Le Cannois nous embarque dans son quotidien, livre ses impressions, ses discussions complices avec Trésor Makunda. 

"J'aime bien le faire, cela permet de garder un contact avec ma famille et mes proches à l'autre bout du monde, de passer du temps. Mais c'est aussi une façon de garder mes souvenirs, de me rappeler que j'ai bien vécu tout ça"

En nous entraînant avec lui, Lucas Mathonat veut aussi faire découvrir au monde le handisport et le promouvoir. "On peut croire que les parathlètes sont moins impressionnants que les valides", déplore le guide. "Pourtant, au final, ils le sont plus. Le handisport, c'est exceptionnel, une performance de très haut niveau". Il ajoute :

"Ce qui est encore plus fou, c'est que les parathlètes sont des personnes humainement incroyables. 

Pour l'athlète, le handisport doit continuer de gagner en visibilité. Car, encore en France, "il y a beaucoup de choses à améliorer".

Notamment au niveau des structures sportives qui ne sont pas toutes bien accessibles aux personnes en situation de handicap, ou encore au niveau "du manque de filière handisport dans les clubs", note-t-il. "J'aimerais que ça se développe. On passe à côté de jeunes talents qui ne peuvent pas s'essayer à la discipline".  

Et quels sont les objectifs futurs, pour ces talents déjà rodés ? Trésor Makunda a battu son record personnel lors de ces Jeux Paralympiques.

L'athlète de 37 ans "est en pleine progression, il va continuer sa carrière", assure son guide formé à l'Athletic Club de Cannes. L'année prochaine, le duo foulera de nouveau les pistes japonaises lors des championnats du monde Handisport Athlétisme à Kobe. Puis, après, qui sait ? Lucas Mathenot, lui, rêve de Paris 2024, "si Trésor le veut".

Et veut même pousser jusqu'en 2028. Il conclut : "Tant qu'il y aura des personnes à guider, je serai là"

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