Témoignage. Charlotte, bipolaire : "c'est une maladie dont on ne guérit pas, mais on peut vivre avec"

Publié le Écrit par Catherine Lioult
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Charlotte Carugati a 33 ans, et plus de deux décennies d'errance médicale. Diagnostiquée bipolaire, borderline mais aussi hypersensible, elle est stabilisée grâce aux médicaments. Et elle nous livre son parcours de vie à l'occasion de la Semaine internationale de la santé mentale (SISM).

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Quand elle avait 14 ans, elle voulait être journaliste, et elle avait un stage à Cannes pour connaître les métiers de la télévision. Un peu plus tard, elle a commencé une licence d'Information Communication. Mais elle a abandonné en cours de route. Mais à cette époque, Charlotte n'allait pas bien, comme depuis aussi loin que ses souvenirs remontent.

À l’époque, elle vivait à la Roquette-sur-Siagne dans les Alpes-Maritimes.

Toute petite, on a pris mes terreurs nocturnes et mes phobies pour des caprices en me disant que j'étais mal élevée et que je n'en faisais qu'à ma tête. L'âge venant, les symptômes se sont amplifiés et les médecins n'ont pas su mettre un nom sur ma maladie.

Charlotte Carugati, bipolaire

Charlotte est bien prise en charge en pédopsychiatrie dès l'âge de trois ans, mais sa souffrance s'accroît.

Dépressions sévères, chroniques, envies de suicide, incapacité à se mobiliser, à aller à l'école, troubles alimentaires... Rien ne va dans sa vie. Il y aura des hospitalisations contraintes, une mise sous curatelle.

Et il faudra attendre ses 25 ans pour qu'un diagnostic tombe : elle est bipolaire, mais aussi borderline et hypersensible.

Une définition enfin sur un handicap invisible et des mots pour un mal vivre. Pourquoi une telle errance médicale ? Elle a une explication.

Comment on peut passer à côté ? Je pense que personne ne veut se mouiller, personne ne veut prendre de responsabilité.

Charlotte Carugati.

Une si longue errance médicale

Or d'après elle, elle cochait toutes les cases de la bipolarité. "C'est là qu'on aurait dû me faire passer tous les tests. " Des tests internationaux pour poser un diagnostic et après, on te dit : tu es ci ou tu es ça. Après, on entre dans des cases. Et il faut supporter d'être dans une case !"

Un traitement, et une meilleure qualité de vie

Selon le Vidal, les patients souffrant de troubles bipolaires (on parlait auparavant de personnes maniacodépressives) ont des fluctuations d’humeur disproportionnées en intensité et en durée, avec des phases d’excitation et de dépression variables d’une personne à une autre.

"Tout va bien, je ne sais pas, mais depuis trois ans, tout va mieux"

Le traitement de la bipolarité passe par des médicaments à prendre au long cours pour éviter la récidive. C'est ce que fait Charlotte : elle est stabilisée. Mais il a fallu du temps pour trouver le bon traitement. Avant le diagnostic dès 2008, elle a pris des antidépresseurs, des anxiolytiques et des somnifères. Depuis 2015, ce sont des régulateurs d'humeur. Un savant dosage qui depuis trois ans lui convient bien.

Moi, ça me sauve la vie que ce soit temporisé. Sinon, je serais tout le temps super fatiguée de devoir tout le temps gérer toutes mes émotions.

Charlotte Carugati.

Et le patient est pris en charge par une équipe pluridisciplinaire. Psychiatres, psychologues, travailleurs sociaux, aides à domicile, cette approche multi-disciplinaire de cette affection de longue durée vise à assurer au malade une vie normale. 

Charlotte, elle, a fréquenté ISATIS une association qui au Cannet gère l'accompagnement psychologique et social. Et cela oblige à "sortir de chez soi, dit-elle, à rencontrer d'autres personnes qui ont la même chose, à parler avec des professionnels qui connaissent le handicap psy et donc à être actif dans la stabilisation".

On donne la parole à la personne pour qu'elle comprenne qu'elle est maîtresse de sa vie et qu'elle a le pouvoir d'agir. Et ça fait la différence, je pense.

Titaina Conrardy, art thérapeute à Isatis

Voilà qui permet d'être reconnue pour sa personnalité, pas pour sa maladie, explique Charlotte qui a décidé de devenir "pair-aidante".

Elle a suivi ce cursus "Pair-aidance en santé mentale et neurodéveloppement" qui est proposé par l'Université Lyon 1.

Elle sait qu'elle ne guérira pas, qu'elle n'est pas à l'abri de rechute, elle témoigne de son expérience à des patients qui comme elle, souffrent de bipolarité.

Et comme l'indique le slogan de la 34ᵉ édition de la semaine d'information sur la santé mentale, " à tous les âges de la vie, la santé mentale est un droit !"

Je me sens protégée par le traitement et par le suivi psychologique. La santé mentale, on en parle, les infos existent, les techniques de soin aussi, mais pour le grand public, c'est encore trop au second plan. Et les patients n'ont pas encore compris que l'acteur principal, c'est eux-mêmes !

Charlotte Carugati.

Charlotte a co-écrit un livre avec l'association niçoise "Le phare des 2 pôles" qui s'intitule Espoir, petit traité pour mieux vivre avec ses troubles bipolaires. Elle se tient à la disposition des patients qui ont besoin d'infos par mail (charlotte.pairaidant@gmail.com).

Elle a perdu les 45 kilos pris à la suite des différents traitements. Et elle a des jolis projets : elle a déménagé il y a peu en Haute-Loire et prépare son mariage prévu en avril 2024.

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