Politique "zéro Covid" oblige, 4600 ressortissants français sont actuellement confinés à Shanghai, une ville de 26 millions d’habitants, et ne pourront pas se rendre aux urnes pour voter ce dimanche 10 avril.
Ils sont environ 3,5 millions de ressortissants français installés à l’étranger, et parmi eux, 4600 résident dans celle que l'on appelle la Perle de l'Orient, célèbre pour ces anciennes concessions européennes, ses gratte-ciel démesurés et son port ouvrant sur la mer jaune et la mer de Chine orientale.
Des restrictions ont été mises en place dès le lundi 28 mars par les autorités chinoises, pour finalement confiner la totalité des quartiers de la ville, mardi 5 avril.
Une mesure d’ampleur, à l’image de cette agglomération grande comme une fois et demie la taille du département des Alpes-Maritimes.
Dans cette immensité réside 4600 Français, expatriés. Gaël est Cannois, il habite en Chine pour des raisons professionnelles. C’est un choix qu’il a fait que de vivre dans l’Empire du milieu. Il aurait souhaité porter sa voix dans les urnes mais, demain, il ne le pourra pas.
"Concrètement, on est confiné à la maison, on n’a pas le droit de sortir. Nous avons un chien et on ne peut même pas le sortir, pour moi cela dure depuis 11 jours, mais il y a d’autres parties de la ville, plus à l’Est, où cela fait déjà 22 jours." explique Gaël.
"Il n’y a pas d’alternative, on est scotché à la maison"
Aucun accord ou disposition n’ont été trouvés pour permettre aux Français de Shanghai de circuler, ne serait-ce que le temps de se rendre au consulat général.
"Ici, la priorité ce n’est pas ça, c’est plutôt d’achalander la nourriture dans les résidences qui en manquent, où certains n’ont pas été ravitaillés depuis plus de 10 jours. Pour nous (les Français de Shanghai, ndlr), aller voter n’est pas sur leur agenda, on n’a pas vraiment de traitement de faveur." détaille Gaël.
"Tous logés à la même enseigne"
Gaël Caron comprend la situation, et s'en accommode, lui qui réside depuis plusieurs années dans le pays : "Cela fait longtemps que je vis ici, je me suis habitué à cette rigidité donc ça ne m’étonne qu’à moitié on va dire. C’est vrai que pour des gens qui n’ont pas forcément fait le choix d’être en Chine, pour leur travail, qui vivent ici un peu dans la contrainte, j’imagine que c’est plus difficile à comprendre pour eux. On est tous logés à la même enseigne, personne n’ira voter."
Autour de moi, j’ai entendu pas mal de gens s’en plaindre, mais on s’est résigné, on n’ira pas voter cette année.
Gaël Caron, ressortissant français de Shanghai
L'intérêt commun chinois prime dans cet type de situation. Surtout que le gouvernement de la plus grande puissance d'Asie a fait le choix, depuis le début de l'apparition du virus, d'opter pour une stratégie "zéro Covid". Soit de contenir les contaminations par le plus strict des confinements. Comme à Wuhan, au tout début de l'année 2020.
"Il n’y a rien d’étonnant, ici personne ne vote, le vote n’est pas quelque de courant en Chine, comme vous pouvez le savoir, donc faire une exception pour les étrangers, et notamment les Français qui doivent aller voter, je pense que ce n’est vraiment pas la priorité. Ce n’est pas du tout étonnant qu’ils aient refusé un aménagement particulier pour permettre aux Français de pouvoir se déplacer. Cela demande une logistique. Rien que pour aller recevoir les colis en bas de chez moi, c’est tout un bin's. Alors aller voter, je me suis résigné, c’est trop compliqué." regrette tout de même ce Cannois habitant la plus grande ville du pays.
Inscrit à Pékin
Quoiqu'il arrive, Gaël Caron n'aurait pas pu voter à Shanghai. Inscrit sur la liste de l'ambassade à Pékin, il aurait souhaité se rendre dans la capitale du pays pour faire valoir son droit de citoyen français.
Si la situation avait été normale, même prendre un avion pour aller à Pékin, à l’ambassade, ça n’aurait pas été un problème.
Gaël Caron, ressortissant français de Shanghai
"S’il n’y avait pas eu de confinement, bien sûr je serais allé voter. En l’occurrence, je devais me rendre à Pékin car je suis inscrit sur les listes là-bas. Je le fais relativement souvent, pour aller à Pékin, ce n’est pas un problème. Ici, les gens vont voter généralement au consulat ou à l’ambassade, c’est pratique." conclut cet expatrié azuréen.
Et d'ajouter : "pour le deuxième tour, j’espère que l’on ne sera plus dans cette situation-là." Réponse le 24 avril prochain.