Présidentielle 2022 : pourquoi cette campagne où plane l'ombre d'une abstention record est si différente de 2017

À quelques jours du premier tour de cette présidentielle 2022, les sondages donnent l'abstention comme grande gagnante de ce scrutin. Plusieurs raisons peuvent expliquer cette désaffection des urnes.

En juin 2021, pour le premier tour des élections régionales, l’abstention a atteint  66,72 %. Le Covid avait été désigné comme principale cause de ce manque d'engouement.

Cette année, les instituts de sondage, comme les observateurs de la vie politique, s'accordent sur ce point : ce dimanche un nouveau record pourrait être atteint dépassant même celui de 2002.

Pour rappel, en 2002, l'abstention était de 28,4% au premier tour, Jean-Marie Le Pen et le Front national arrivaient au second tour pour la première fois de l'histoire face à Jacques Chirac. 

Un nouveau record d'abstention voilà pour ce qui ne devrait finalement pas trop changer. Pour le reste 2017 et 2022 non plus rien à voir.

  • La situation géopolitique et sanitaire

En 2017, la situation géopolitique et sanitaire n'avait rien à voir. Entre une pandémie et une guerre, l'attention est moins portée sur la vie politique.

La guerre en Ukraine a très rapidement confisqué le débat, alors que le président sortant n'était pas encore officiellement candidat. De quoi exaspérer les candidats déclarés à l'Elysée.

Dès le 24 février, l'attention des Français s'est orientée sur l'aide à apporter aux réfugiés d'Ukraine. Quand elle reste en France, elle est centrée sur la crise sanitaire et sa 6e vague, portée par le variant BA.2. L'allégement des gestes barrières fin mars ne suffit pas à reporter l'attention sur la campagne de la présidentielle.  

  • Pas de débats, pas de meetings

Ce qui change aussi, c'est la manière de faire de la politique. Aux gros meetings d'antan, les candidats ont préféré, cette année, les réseaux sociaux.

"En 2017 tous les "gros" candidats étaient venus faire un meeting à Marseille, cette année parmi les favoris à part Mélenchon, aucun n'est venu", précise Thierry Bezer, journaliste politique à France 3.

Et un débat également confisqué. Les candidats se pressent chez Magali Berdah, l'agent des acteurs de télé-réalité. Elle propose des interviews sur un ton décalé.

"Une aubaine pour les candidats qui ne sont pas obligés de débattre, qui répondent à des questions basiques dans un échange courtois et sans aucune contradiction", constate Thierry Bezer.

  • Pas de thématique autour laquelle rassembler  

En 2017, chaque candidat défendait une idée forte. Cette année, la campagne est partie sur l'immigration avec Zemmour. Cette thématique s'est dégonflée au profit du contexte et de la problématique du pouvoir d'achat.

Anne Hidalgo est partie sur la revalorisation du salaire des enseignants, pour "chouchouter" un électorat potentiellement acquis à la cause socialiste. 

Valérie Pécresse pour les LR était elle aussi partie sur la thématique de l'immigration.

Deux choix qui finalement se sont avérés peu porteurs, le pouvoir d'achat étant la priorité des Français, à l'image du mouvement des gilets jaunes.

Et seule candidate à l'avoir bien compris depuis le début, c'est Marine Le Pen pour le Rassemblement national. Exit les thèmes de prédilection chers au parti d'extrême droite, au profit d'un discours plus centriste. 

Le PS a aussi réactualisé en cours de campagne ses objectifs, mais c'était bien trop tard. 

  • Une élection qui semble jouée d'avance

C'est un peu la phrase qui revient. Tous les sondages annoncent un match Macron/ Le Pen au second tour, donc les électeurs ne voient pas forcément l'intérêt de se déplacer.

C'est aussi ce que semblent dire la plupart des sondages.

"D'autant que le président sortant, candidat à sa propre succession, s'est déclaré sur le tard, par voie de presse, et n'a jamais réellement fait campagne", précise Thierry Bezer, journaliste politique à France 3 Provence Alpes.

Christiane, habitante de Gémenos, ne sait pas trop pour qui elle va voter, et semble se résigner à reconduire Emmanuel Macron dans ses fonctions.

"Il s'oppose à Poutine, et il a plutôt bien géré cette crise sanitaire".

Autre sentiment des électeurs, "quel que soit le candidat, les promesses ne sont jamais tenues, et de ce fait peu importe celui qui sera élu, cela ne changera pas mon quotidien", comme affirme Joseph, maçon à la retraite qui n'ira pas voter pour la première fois de sa vie.

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