Fusillade dans un lycée de Grasse : l'ouverture d'un procès "sans équivalent" cinq ans après

Reporté puis annulé, le procès de la fusillade au lycée Tocqueville de Grasse, en 2017, s'est ouvert ce jeudi, à huis clos, devant la cour d'assises pour mineurs de Nice.

L'affaire avait suscité l'émoi à Grasse et dans toute la France, dans un contexte d'état d'urgence et de menace terroriste. En mars 2017, le jeune Kilian B., alors âgé de 16 ans, pénétrait dans l'enceinte du lycée Tocqueville et blessait cinq personnes, dont le proviseur.

Un drame tout à fait inédit, jugé depuis ce jeudi devant la cour d'assises pour mineurs de Nice. "Je pense qu'il n'y a pas d'équivalent à ce jour", a souligné Maître Francis Lec, avocat des parties civiles, à l'ouverture du procès.

Jeudi 16 mars 2017, Killian B. escalade le grillage à l'heure du déjeuner et pénètre dans le lycée Alexis de Tocqueville de Grasse, où il est scolarisé, armé d'un fusil de chasse, d'un revolver et d'un pistolet à grenaille, dérobés avec quantité de munitions chez son grand-père. Il fait feu à plusieurs reprises.

35 minutes de terreur

Interpellé après 35 minutes de terreur dans l'établissement où l'on croit d'abord à un attentat, Killian, alors âgé de 16 ans, avoue spontanément avoir voulu "se venger" d'une dizaine de camarades de classe. Le jeune garçon livre aux enquêteurs la liste des élèves qu'il avait en tête de tuer et pourquoi, avant de faire marche arrière, affirmant qu'il avait seulement voulu leur faire "très peur".

Le pire avait été évité, notamment grâce à l'intervention du proviseur, Hervé Pizzinat, qui s'était interposé face au lycéen et avait été blessé par balle, avant l'arrivée du Raid. Mais le drame fait écho à des tueries de masse dans des établissements scolaires aux États-Unis, comme celle de Columbine, en 1999 dans le Colorado. Deux jeunes armés avaient alors tué 12 élèves et un professeur, avant de se suicider.

"L'espoir qu'enfin ce procès débute"

Pour la première fois en France, ce procès devrait permettre d'analyser les ressorts de la violence dans une affaire de ce type, où un lycéen tente d'abattre des élèves de son établissement.

Côté parties civiles, l'audience était donc très attendue, jeudi matin, cinq ans après les faits. L'affaire devait être jugée en juin 2020. Elle avait été ajournée en raison d'une mobilisation des avocats contre la réforme des retraites, puis annulée en 2020 du fait de la crise du Covid-19.

"Cette première journée, c'est aussi l'espoir qu'enfin ce procès débute. Parce qu'il est absolument anormal qu'on juge une affaire d'une extrême gravité cinq ans après les faits", a fait savoir Maître Francis Lec.

Ce jeudi, le proviseur Hervé Pizzinat s'est présenté au procès, visage fermé, accompagné de collègues venus le soutenir. "C'est important que ce procès puisse aller au bout", a rappelé Bruno Bobkiewickz, proviseur et secrétaire général du syndicat des personnels de direction SNPDEN-UNSA, constitué partie civile.

Aborder la sécurité dans les établissements

Il décrit un homme "traumatisé". "Comme on peut l'imaginer, ce procès est source de stress pour lui. Se retrouver de nouveau face aux auteurs sera évidemment compliqué". Hervé Pizzinat n'était pas invité à s'exprimer, devant la cour, lors de cette première journée.

Via ce procès, le syndicat espère également aborder la sécurité dans les établissements scolaires. Pour Me Francis Lec, "ce procès dépasse la ville de Grasse ou de Nice". "Tous les fonctionnaires en charge d'une mission de service public sont concernés", poursuit l'avocat des parties civiles, qui espère de la part de la cour "un signal fort de protection à l'égard de tous ceux qui, chaque jour, assurent l'éducation de notre jeunesse".

Accusé de "tentative d'assassinat", Killian comparaît avec un ami à l'époque déscolarisé : Lucas, accusé de "complicité de tentative d'assassinat" pour l'avoir aidé à récupérer les armes et déposé en scooter près du lycée. Kilian B. a été libéré début 2020 de sa détention provisoire. Aujourd'hui âgés d'une vingtaine d'années, les deux prévenus comparaissaient libres devant la cour. 

Si l'excuse de minorité est retenue, Kilian B. encourt jusqu'à 20 ans de réclusion. Le procès se tiendra jusqu'au 16 décembre.

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