Le procès de Killian, l'adolescent qui avait ouvert le feu en mars 2017 dans son lycée de Grasse (06), devait débuter ce lundi 2 mars. Dans le contexte tendu de la grève des avocats du barreau de Grasse, le procès a été reporté au lendemain. Mardi 3 mars, le procès s'est rouvert à huis clos.
A la reprise de l'audience ce mardi 3 mars au matin, le Président de la Cour a décidé de ne pas laisser le public assister à la séance. "S'il y a bien un procès qui doit se tenir à huis clos, c'est celui-ci", a-t-il déclaré.
Hormis ce huis clos, le procès débute officiellement ce mardi sans accroche.
Les avocats du barreau de Grasse, qui manifestent contre la réforme du système des retraites, n'ont pas empêché la tenue de l'audience. Alors que la veille, journée d'ouverture du procès, la séance avait été levée du fait de la mobilisation. L'objectif : empêcher la tenue de ce premier jour de procès.
Le cortège avait même tenté de faire obstruction à Me Eric Dupond-Moretti, l'avocat de Killian B., le principal accusé dans l'affaire.
Le jeune homme a expliqué attendre beaucoup de ce procès, notamment pour que l'accusé puisse s'expliquer sur son geste.
Il dit vouloir tourner la page de cet épisode cauchemardesque.L'audience a cependant été reportée au lendemain du fait de la mobilisation des avocats.
Retour sur les faits
Le 16 mars 2017, Killian escalade le grillage à l'heure du déjeuner et pénètre dans le lycée Alexis de Tocqueville de Grasse armé d'un fusil de chasse, d'un revolver et d'un pistolet à grenaille dérobés avec quantité de munitions chez son grand-père.Interpellé après 35 minutes de terreur dans l'établissement où l'on a d'abord cru à un attentat, Killian, alors âgé de 16 ans, avait spontanément avoué avoir voulu se venger d'une dizaine de camarades de classe.
Le jeune garçon avait donné aux enquêteurs la liste des élèves qu'il avait en tête de tuer et pourquoi. Par la suite, il a affirmé qu'il avait seulement voulu leur faire "très peur".
5 blessés mais pas de mort
Grâce au comportement héroïque du proviseur, les tirs n'ont pas fait de mort, uniquement des blessés légers. Le proviseur, Hervé Pizzinat, a d'ailleurs été fait chevalier de la Légion d'Honneur.Accusé de "tentative d'assassinat", Killian encourt 20 ans de réclusion et comparaît avec un ami à l'époque déscolarisé : Lucas, accusé de "complicité" pour l'avoir aidé à récupérer les armes et déposé en scooter près du lycée.
La famille de Killian a fait appel à l'avocat Eric Dupond-Moretti pour le défendre.
Killian, qui a demandé pardon dans une lettre au juge d'instruction en octobre 2018, est toujours en détention provisoire et seul Lucas a été libéré début 2019 sous contrôle judiciaire.
Première fusillade scolaire en France
"C'est un procès hors norme car ça ne s'était jamais produit en France et les faits sont similaires à ce qui s'était passé aux Etats-Unis à Columbine", analyse Maître Aurélie Huertas, avocate de deux lycéens, Alexandre et Akram, "touchés par des balles de plomb, dont l'un au visage" et durablement ébranlés. L'un d'eux a renoncé à assister au procès.Au lycée Columbine, dans une petite ville du Colorado, deux jeunes armés avaient tué 12 élèves et un professeur le 16 mai 1999, avant de se suicider. Killian était incollable sur cette tuerie, téléchargeant tout depuis au moins 2014.
Pour la première fois en France, le procès devrait permettre de s'interroger sur les ressorts de ce type de violence.
Fils d'un élu municipal de droite, élève moyen, introverti mais bien élevé selon ses professeurs, Killian entretenait une fascination pour les armes, les images morbides et certains de ses amis avaient eu un mauvais pressentiment sans croire qu'il passerait à l'acte.