"Il est tombé sur des vers dans sa salade" : les parents d'élèves dénoncent l'état de cette cantine

Couverts sales, vers de terre dans les salades et les pigeons dans le réfectoire… Un collectif de parents d'élèves du Centre International de Valbonne dans les Alpes-Maritimes dénonce l'insalubrité de la cantine du collège-lycée et envisagent de s'en remettre à la justice.

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Lucas (le prénom a été modifié, NDLR) mange tous les midis à la cantine du Centre International de Valbonne (CIV). Un endroit où le lycéen aime se rendre pour bavarder avec ses amis, avant de retourner en classe l'après-midi. Ce moment, le groupe d’amis le partage parfois avec des convives indésirables : des pigeons ayant réussi à se faufiler jusque dans le réfectoire.

"Ils ne me dérangent pas, tant qu'ils ne s'approchent pas trop près", souligne Lucas. L'élève se dit davantage rebuté par les couverts et les verres sales qui lui sont proposés à l'entrée de la cantine. "On ne sait pas trop ce qui se passe avec le nettoyage, mais ce n'est jamais très propre", raconte-t-il.

Au courant de la situation, sa mère l'a autorisé à manger à l'extérieur s'il le souhaitait.

Depuis septembre, de nombreux collégiens, lycéens et étudiants de classe préparatoire scolarisés dans l'établissement prennent des photos et des vidéos pour alerter leurs parents sur la situation. "Des vers de terre ont été retrouvés dans la salade, des pigeons se posent dans les paniers de pains, un étudiant est tombé sur un morceau de verre dans son brownie… Les élèves prennent des risques en allant manger à la cantine", déplore Sandrine, une mère d'élève.

Choqués par les clichés partagés par leur enfant, 200 parents ont monté un collectif pour faire part de leur indignation à la direction de l'établissement, à la Région et au Département - qui subventionnent le prix des repas - puis à Elior, le restaurateur prestataire.

"Pour le moment, aucun d'entre eux ne nous a apporté, ni même proposé, des solutions pour améliorer les conditions dans lesquelles mangent nos enfants", s'agace Sandrine, également membre du collectif. 

Par mail, le groupe Elior assure avoir tenu une réunion avec des parents d'élèves, en présence de la Région et de la direction du CIV, le 15 octobre dernier. L'objectif ? Présenter des actions pour "améliorer le quotidien des étudiants".

"À l’issue de cette réunion du 15 octobre, nous avions mis en place une adresse mail pour recevoir les retours des élèves. En 15 jours, nous avons reçu moins de 5 mails. Moins de 5 mails pour 2 000 repas servis chaque jour. La situation nous semble avoir été prise en compte avec sérieux et les retours que nous avons des étudiants témoignent plutôt d'une nette amélioration", poursuit l'entreprise de restauration collective. 

Le groupe relativise, par ailleurs, le poids des photos prises par les élèves : "Le morceau de verre sur le brownie est posé sur la part de gâteau. Il faut savoir que la vaisselle pour ces aliments est en céramique, les seuls éléments en verre sont les verres justement, c'est peu probable que le brownie soit sorti des cuisines de cette manière. Idem pour la marque de gloss sur le verre, cela peut parfaitement avoir été fait par l'élève qui prend ensuite la photo, le doute me semble raisonnable. Concernant le vers dans la salade : la vérité est aussi simple que "ça arrive". On sert 2 000 repas par jour. On lave quantité de salade. C’est possible qu’un vers soit resté dans un produit qui est quand même très frais. Mais cela ne veut pas dire que c’est la norme."

Des réfrigérateurs ouverts la nuit

D'après la mère d'élève, la situation ne date pas d'hier : "le CIV a changé de prestataire il y a quelques années [2019] et depuis la qualité de la nourriture est totalement insatisfaisante." Elle pointe notamment le cas d'une intoxication alimentaire au cours de l'année scolaire passée qui aurait amené des parents à saisir le Défenseur des droits.

En contact direct avec des employés du groupe Elior - qui ne souhaitent pas échanger avec France 3 Provence-Alpes-Côte d'Azur pour le moment - Sandrine assure qu'il lui a été rapporté que ces élèves seraient tombés malades après avoir mangé de la nourriture stockée dans des frigos restés ouverts une nuit complète.

Insatisfaite par le service proposé par le groupe de restauration depuis la scolarisation de son fils en classe préparatoire l'année dernière, Sandrine assure avoir été contrainte d'inscrire le jeune étudiant à la cantine pour qu'il puisse avoir une place à l'internat. 

"Depuis l'arrivée de ce prestataire, de moins en moins d'élèves mangent à la cantine et ç'a fait un trou dans les caisses de l'établissement. Pour pallier, ils ont obligé les internes à payer la restauration en avance pour avoir une chambre…", raconte-t-elle.

Les repas coûtent 4,30 € les jours de semaine et 7 € 19 le week-end.

La direction du CIV serait revenue là-dessus puisque rien n'a été voté en conseil d'administration à ce sujet. "Sauf que nous, les parents, on a déjà fait les chèques. Donc, on se demande comment on va être remboursé…" interroge Sandrine qui se dit fatiguée par la situation.

"Nœud de problèmes"

Au-delà du problème d'hygiène, le collectif de parents d'élève dénonce surtout un "nœud de problèmes" concernant la cantine du CIV. "Cela fait des années que l'on dénonce aussi un problème d'organisation au sein du réfectoire", soutien Sandrine.

Elle déplore notamment un "très long" temps d'attente à l'entrée de la cantine quand sonne l'heure de la pause méridienne. "L'établissement compte environ 2 000 élèves et il n'y a pas assez de place dans la salle à manger pour fluidifier le passage, estime-t-elle. Résultat, nos enfants sont engouffrés dans des mètres de queue."

Certains étudiants de classe préparatoire ont dû passer des épreuves de concours blanc le ventre vide.

Sandrine

Mère d'élève

Conséquence du flux, les derniers élèves de la file se retrouvent souvent avec moins de choix que les premiers. "Et parfois certains n'ont même pas le temps de manger..." raconte Sandrine. 

En Provence-Alpes-Côte d'Azur, le CIV dispose d'un statut particulier. Les murs de l'établissement appartiennent à l'État, mais les deux collectivités n'ont pas de pouvoir sur la gestion des repas comme pour les autres collèges et lycées publics.

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Ainsi, Marie-Florence Bulteau-Rambaud, Vice-Présidente de la Région en charge de l’Éducation, des lycées, de l’orientation et de l’apprentissage, renvoie la balle à la direction de l'établissement maralpin. "La situation est très ennuyeuse, mais c'est à la directrice du CIV de mettre en demeure Elior de respecter le contrat qui les lie."

Quant aux parents d'élèves, ils déplorent un manque de dialogue avec la direction et envisagent de prendre un avocat pour lancer une procédure de référer pour que mesures immédiates soient prises.

Le CIV n'a pas répondu à nos sollicitations.

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