Face à une possible révision de la réglementation européenne, des villes de parfumerie se structurent. Le maire de Grasse prend la présidence de ce club européen avec des édiles issus de toute l'Europe. Le but, faire entendre une voix politique et participer à la fabrication de ces nouveaux règlements.
Les villes européennes de parfumerie veulent porter "une voix politique" en se regroupant alors qu'elles se sentent menacées par une révision de la réglementation européenne sur les produits chimiques, qui pourrait toucher les huiles essentielles.
Jérôme Viaud, maire de Grasse dans les Alpes-Maritimes a lancé jeudi un club européen des maires de villes de parfumerie dont il prend la présidence.
"On se réunit pour faire entendre une voix politique", a déclaré Jérôme Viaud lors d'une conférence de presse à Paris, "car les maires n'ont pas de tribune officielle au niveau européen, nous devons être associés à la fabrication des règles européennes et être entendus".
Les inquiétudes des maires des villes de parfumerie concernent la révision des réglementations européennes en matière de chimie.
"Nous voulons arrêter la machine bureaucratique infernale en la sensibilisant aux conséquences de ses projets, en lui montrant que derrière l’anonymat d’un règlement, il y a une filière d’excellence, avec ses emplois et ses villes, qui a d’autres besoins, d’autres attentes et d’autres solutions – que ces décideurs européens sont loin de tous avoir à l’esprit étant donné les centaines de textes règlementaires en cours d’adoption. Les rencontrer, souvent, c’est donc déjà faire avancer les choses dans la bonne direction."
Jérôme Viaud s'est alié à Galina Stoyanova, la maire de Kazanlak, ville jumelée à Grasse et capitale de la culture de la rose Bulgare, et à Emil Boc, maire de Cluj-Napoca, et ancien premier ministre de Roumanie. Ils espèrent contacter d'autres maires pour "former un réseau représentatif de nos territoires."
La lavande en péril ?
"Dans la lavande ou le linalol (molécule présente dans les huiles essentielles) il y a des substances qui pourraient être visées par ces réglementations", a expliqué Jérôme Viaud.
"Cela risque d'entraîner la classification des huiles essentielles - et pas uniquement des huiles essentielles mais tous les produits issus de la naturalité et de la parfumerie - dans le classement des substances dangereuses (cancérigènes, mutagènes, perturbateurs endocriniens)", a-t-il souligné. "Face à ces inquiétudes, on a voulu se structurer de manière efficace", a-t-il dit, mettant en avant la "filière d'excellence sur la production locale et traditionnelle".
D'après France AgriMer, 90 % de la production française de lavande vient de la région Sud et de la Drôme provençale.
La France est le premier producteur au monde d’huile essentielle de lavandin (environ 1 500 tonnes/an) et le deuxième producteur mondial d’huile essentielle de lavande (environ 140 tonnes/an).
Le secteur génère plus de 9.000 emplois directs et 17 000 emplois indirects.
"On attend une position ferme de la France, on attend un soutien", a ajouté Jérome Viaud. "La position française est parmi les plus attendues", a renchéri Philippe Massé, président du syndicat national des fabricants de produits aromatiques. Parmi les 27 pays de l'UE, "il y a des pays qui n'ont pas l'information précise sur ces sujets et qui attendent la position française pour se calquer à cette position", a-t-il fait savoir. Si la France est en tête pour la production de lavande, l'Italie l'est pour la bergamote, l'Espagne pour le citron, la Bulgarie pour la rose ou encore l'Allemagne pour la menthe poivrée.
Le salon mondial de la parfumerie bientôt à Grasse
Le maire a aussi annoncé que l'édition 2024 du Salon International des Matières Premières pour la Parfumerie (SIMPPAR) se tiendrait à Grasse le 28 et 29 Mai 2024. Cette année, 110 exposants issus de 25 pays se sont réunis à Paris.