"On a beaucoup de petits qui arrivent dénutris" : les animaux sauvages victimes de la sécheresse affluent en centre de soins

Le centre de soins pour la faune sauvage des Alpes-Maritimes, près de Grasse, tourne à plein régime en période estivale. Hérissons, écureuils, chauves-souris et oiseaux affectés par la chaleur y sont soignés avant d'être relâchés dans la nature.

Dans un coin d'une pièce remplie de cages à oiseaux, Chiara Petrelluzzi s'affaire, avec soin et précision, en cette matinée de la fin juillet. Dans l'une de ses mains, un minuscule moineau, un "juvénile" sorti du nid récemment, pousse quelques cris aigus. Dans l'autre, elle tient une pipette, avec laquelle elle nourrit l'oisillon. Ce dernier est en convalescence au Centre de soins pour la faune sauvage de Saint-Cézaire-sur-Siagne, dans les Alpes-Maritimes, depuis qu'il a été retrouvé blessé quelques semaines plus tôt, probablement après être tombé de son nid. À cause de la chaleur, les oisillons s’aventurent hors de leur nid pour trouver la fraîcheur, tombent et se blessent. 

Offrir une "dernière chance" 

La jeune femme de 28 ans, en reconversion professionnelle, officie bénévolement quatre jours par semaine au centre de soin. En période estivale, le centre, qui veut offrir une "dernière chance" aux animaux sauvages en détresse, voit affluer les animaux retrouvés en errance ou épuisés par le manque d'eau et de nourriture. L'établissement tourne à plein régime et a besoin du renfort de ses bénévoles pour assister la salariée permanente et le stagiaire qui y travaillent à temps plein. Entre trois et huit personnes sont ainsi sur place, chaque jour de l'été, pour assurer le soin des près de 200 animaux sauvages pensionnaires. Ces derniers sont amenés sur place le plus souvent par des particuliers qui les ont trouvés en détresse près de leur domicile. 

Huit animaux recueillis sur dix sont des oiseaux, des plus petits pinçons jusqu'aux rapaces, en passant par les moineaux et les chardonnerets. Le reste des pensionnaires est composé de petits mammifères, comme les hérissons, les écureuils, les blaireaux et les chauves-souris. Le centre, qui a ouvert ses portes en janvier 2022, a recueilli 1 242 animaux sauvages l'année dernière. Le nombre de pensionnaires battra certainement un record en 2023 : avant même le début d'août, le centre en a déjà reçu plus de 900. 

"Il existe de plus en plus de causes de détresse pour la faune sauvage", avance Hélène Bovalis, la fondatrice du lieu et présidente de l'association Paca pour demain, qui gère le centre, afin d'expliquer l'augmentation du nombre de pensionnaires dans l'établissement. 

"Avec l'été, les fortes chaleurs, la disparition des insectes qui cause un manque de nourriture, on a beaucoup de petits qui arrivent fortement dénutris", explique Manon Prazuck, soigneuse employée et responsable du centre de soin. 

La faune impactée par la sécheresse 

Alors que les températures sont montées au-dessus des 30°C en juillet dans les Alpes-Maritimes, les oisillons et petits mammifères assoiffés arrivent par dizaines dans les boîtes en carton des particuliers qui les amènent. Ils sont affaiblis en raison de la difficulté à trouver de l'eau en période de sécheresse. Les insectes dont ils se nourrissent s'enterrent à cause de la chaleur. Des oiseaux adultes ne parviennent plus à trouver assez de nourriture pour leur progéniture et certains oisillons chutent de leur nid à la recherche de fraîcheur. 

"La surfréquentation des lieux touristiques aggrave la situation de la faune."

Hélène Bovalis, fondatrice du centre

à France 3 Côte d'Azur

Elle prend pour exemple l'occupation touristique des littoraux qui force les goélands à se retirer dans les terres pour nidifier à des endroits où les routes et les infrastructures les mettent en danger. "Le centre doit permettre à ce que des espèces qui sont en danger puissent rester auprès de nous et ne pas disparaître", lance Hélène Bovalis, qui se consacre à la protection de la biodiversité depuis qu'elle a pris sa retraite et fondé le centre en janvier 2022. 

À l'arrivée d'un hérisson adulte apporté par une riveraine, Manon Prazuck, la soigneuse du centre, se dirige dans une salle pour ausculter son nouveau pensionnaire. L'animal sorti de sa boîte, elle fait un premier constat : "Il ne va pas bien..."

Le hérisson se tient en boule, les yeux fermés. Il est exténué, certainement assoiffé. Le manque de nourriture pousse les petits mammifères à s'épuiser en s'aventurant à la recherche d'un repas. La mission de Manon Prazuck et de ses collègues est alors de stabiliser leur état de santé en les nourrissant à la pince à épiler. De même pour les oiseaux, chez qui le nourrissage des plus jeunes se fait chaque heure, jusque dans la nuit. Les bénévoles du centre se relaient donc pour assurer une permanence de nuit. 

Lorsque les pensionnaires ont repris des forces, ils sont placés dans des enclos ou des volières où ils réapprennent à vivre dans un environnement proche de leur milieu naturel. 

Les soins se font en limitant les contacts avec les animaux au minimum pour que ceux-ci ne s'habituent pas à la présence humaine : après en moyenne un mois de convalescence, tous sont relâchés dans leur habitat naturel. 

Sensibiliser la population 

L'augmentation du nombre d'animaux dans ce centre de Saint-Cézaire-sur-Siagne à est aussi liée à la notoriété que le lieu a acquise depuis sa création l'année dernière, confie Hélène Bovalis, la fondatrice. Le centre, qui s'est fait connaître dans les médias cette année, a reçu en juin 1 600 appels sur son numéro d'urgence, ouvert sept jours sur sept. 

"Les particuliers et professionnels sont de plus en plus sensibles à la problématique de la faune sauvage."

Hélène Bovalis, fondatrice du centre

à France 3 Côte d'Azur

Le centre se donne aussi pour mission de sensibiliser la population pour éviter que des gestes de secours maladroits aggravent la situation d'un animal. Ainsi, Hélène Bovalis déconseille d'offrir aux oiseaux du jaune d'œuf, ou de les hydrater à la pipette : le risque, c'est de les noyer. "C'est comme quand des pompiers prennent en charge une personne blessée, ils pensent d'abord aux soins d'urgence, pas à l'hydratation", explique Hélène Bovalis. 

De même, contrairement à une croyance répandue, il est toujours bon de replacer un oiseau trouvé à terre dans son nid, quitte à devoir le toucher. 

Le meilleur réflexe à avoir, confient les bénévoles, est de joindre le Centre de soins pour la faune sauvage au 04 89 64 00 25, son numéro d'urgence ouvert sept jours sur sept, de 8 heures à 20 heures. 

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