A-t-il déjà fait aussi chaud ? Cette canicule est-elle particulière ? Comment sont mesurées les températures et pourquoi sont-elles records ? Voici les réponses aux quatre questions que l'on se pose sur les records de températures de ces derniers jours.
La Provence en surchauffe. 42,8°C à Castirla en Corse, 34,4°C à Ascros, dans les Alpes-Maritimes : des records absolus de températures ont été battus. Il y en a eu douze en France, mardi 18 juillet 2023. Cela signifie qu'il n'avait jamais fait aussi chaud dans ces communes. Dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, six records sont à retenir.
En parallèle, la semaine dernière, sur Twitter, la députée Sandrine Rousseau a provoqué un débat en écrivant : "Il fait 60°C en Espagne". En effet, ce chiffre se réfère à la chaleur du sol. Entre climatosceptiques et scientifiques, les discussions sont parfois vives. Alors voici quatre questions pour bien comprendre les derniers records de températures.
Quels sont les différents types de mesure des températures ?
Les températures indiquées par la météo ne représentent qu'une mesure d'une variable précise : celle de l'air près du sol, c'est-à-dire, celle ressentie par la population. Il y a d'autres mesures prises dans le monde entier, réparties en trois grandes catégories et résumées dans cet article de Météo Paris, qui démêle le vrai du faux à la suite du Tweet de Sandrine Rousseau.
- La mesure du sol : c'est la température du sol, soit au niveau de la surface, soit en profondeur.
- La mesure atmosphérique : c'est la température de l'air au-delà de la surface terrestre, près du sol ou à différentes altitudes
- La mesure océanique : c'est la température des mers et océans, généralement en surface, mais aussi sur les premiers mètres
Les 60°C relevés en Espagne correspondent à la température du sol observée dans la région Estrémadure dans l'après-midi du 11 juillet 2023. Quant à la température de l'air, elle ne dépassait pas les 40°C ce jour-là.
La température de la surface du sol varie sensiblement selon de nombreux paramètres comme la couleur, la matière ou encore l'humidité du sol. La température de l'air, elle, varie beaucoup moins.
Comment la température de l'air est-elle mesurée ?
Mesurer la température de l'air, véritable indicateur pour les populations, est très normé. Pour que les relevés soient homogènes dans tous les pays, l'Organisation Météorologique Mondiale (OMM) fixe les règles.
Par exemple, les capteurs doivent être installés entre 1,25 et 2 mètres au-dessus du sol, l'environnement doit être dégagé et le thermomètre doit être éloigné des sources de chaleur, des surfaces réfléchissantes et des étendues d'eau.
Les records de température de 2023 sont-ils historiques ?
Sur Twitter, le météorologue Paul Marquis partage un tableau de Météociel. "Près de 48 records de chaleurs ont été battus aujourd'hui en France dont près de 12 records absolus (tous mois confondus). Les climatosceptiques en sueur… ", écrit-il.
En Catalogne aussi, les températures ont été historiques avec plus de 45°C le 18 juillet 2023. Sur Twitter, le spécialiste du climat Serge Zaka parle de "températures qui dépassent la limite génétique de toutes les espèces méditerranéennes".
À noter : le record mondial historique demeure celui de la vallée de la Mort aux États-Unis avec 56,7°C enregistrés le 10 juillet 1913. En revanche, "de nombreux doutes subsistent quant à la fiabilité du matériel de l'époque, et certains climatologues comme météorologues contestent toujours ce record, prenant parfois la valeur de 54.4°C sur le même site (09 juillet 2021) comme réel record", précise le météorologiste Guillaume Séchet, toujours dans cet article.
Pourquoi la situation est-elle alarmante ?
Pour résumer la situation, le spécialiste du climat Serge Zaka rappelle qu'il y a quatre fois plus de canicules depuis 2000, avec une moyenne d'1,17 canicule par an entre 2000 et 2022 (27 canicules en tout), contre 0,28 canicule par an entre 1940 et 2000.
Les canicules sont non seulement de plus en plus fréquentes, mais elles sont aussi de plus en plus intenses.
Ces canicules ont des conséquences négatives sur l'agriculture bien sûr, mais aussi les hommes et femmes les plus fragiles, les animaux, etc. "Un énième exemple des conséquences du changement climatique", assure Serge Zaka.