Les frelons asiatiques sont de plus en plus nombreux, leurs nids de plus en plus gros. Apparus dans notre région il y a trois ans, ils empoisonnent l'existence des particuliers, mais aussi des apiculteurs.
Voici la nouvelle terreur des abeilles : le frelon asiatique. Positionné à l'entrée des ruches, il attend sagement sa proie. Les abeilles n'osent plus quitter leurs ruches, Elles produisent du coup beaucoup moins de miel.
Combat inégal
A La Gaude, David Chenieux a beau installer des pièges rien n'y fait. Le combat semble inégal. 50 à 60 frelons asiatiques encerclent en permanence son petit rucher.- David Chenieux Apiculteur amateur
- Pascal Melly Technicien spécialisé
- Sergio Giglio Conseiller en gestion parasitaire
VRAI - FAUX
Est-il aussi dangereux qu'on le pense ? Que sait-on vraiment de lui ? Début mars, Francetv info dénoue le vrai du faux sur cet insecte.
Le frelon asiatique ressemble aux autres frelons
FAUX. Le frelon asiatique, ou Vespa velutina (sous-espèce nigrithorax), se distingue bien de son congénère occidental, le frelon européen (Vespa crabro). Il est plus petit que lui (entre 17 et 26 mm à l'âge adulte, contre 19 à 30 mm contre le frelon européen). Son thorax (la partie où sont attachés les ailes) est noir, alors que celui du frelon européen est brun-roux, comme le détaille le site de l'Inventaire national du patrimoine naturel (INPN), planches à l'appui. Quant à son abdomen, il est noir avec un seul segment jaune (le dernier), décrivent des chercheurs dans la revue Insectes (PDF, 2006), contrairement au frelon européen, dont l’abdomen est jaune rayé de noir.La tête du frelon asiatique est noire, sa face orangée et l'extrémité de ses pattes jaune. Autre particularité, le frelon asiatique fixe souvent son nid en hauteur dans les arbres, ce qui n'est pas le cas du frelon européen.
Il va envahir toute la France
VRAI. Le frelon asiatique est arrivé en 2003 ou 2004 en France, de manière accidentelle, en étant transporté dans des poteries venant de Chine. Cette espèce invasive, découverte dans le Lot-et-Garonne, y a trouvé un climat propice à son développement, notamment autour de Bordeaux et sur la côte basque.explique à francetv info Quentin Rome, entomologiste au Muséum national d'histoire naturelle de Paris (MNHN)."Il n'aime pas les étés trop secs, ni les gelées tardives de l'hiver",
Depuis, "son front d'invasion progresse de 100 km par an". Aujourd'hui, plus de la moitié de l'Hexagone est envahie par l'hyménoptère, comme on le voit sur cette carte mise à jour en temps réel grâce aux fiches de signalement de nids que l'on peut remplir pour aider le Muséum. Il est désormais présent à l'ouest d'une ligne Seine-Maritime – Alpes-de-Haute-Provence, en passant par l'ouest de la région parisienne. C'est toutefois sur la côte atlantique et dans le Sud-Ouest que ses concentrations sont les plus importantes, indique cette vue.
Son expansion n'est pas près de s'arrêter.
"Cela va continuer. A terme, le frelon asiatique sera partout, de façon plus ou moins dense, assure Quentin Rome. Ce sont des insectes qui ont une capacité de reproduction très importante. Si le climat est favorable, il y en a plein."
Il s'attaque aux abeilles et les affaiblit
VRAI et FAUX. Le frelon asiatique raffole de nos abeilles domestiques, davantage que le frelon européen, qui s'y attaque de façon plus ponctuelle, précise Quentin Rome. Les apiculteurs s'inquiètent de sa présence et déplorent, chaque été, les attaques contre leurs ruches. En 2012, le ministère de l'Agriculture a classé le frelon asiatique comme danger sanitaire de deuxième catégorie (en PDF)."On a localement des ruches qui sont attaquées, avec un impact important, où les abeilles ne sortent plus, confirme Quentin Rome. Certaines réagissent plutôt mal à sa présence, stressent et ne récoltent plus de pollen. Mais il ne faut pas généraliser." Le chercheur souligne ainsi que certaines ruches, qualifiées d'"en bonne santé", ne semblent pas pâtir du frelon asiatique.
"Notre ressenti est qu'il s'agit d'un facteur d'affaiblissement", comme les pesticides ou d'autres parasites, poursuit Quentin Rome. Encore faut-il le prouver. Aucune étude scientifique ne vient pour le moment démontrer ce lien présumé entre présence du frelon et déclin des abeilles.
résume Jean Haxaire, entomologiste et codécouvreur de l'espèce lors de son arrivée en France, contacté par francetv info. L'étude d'impact lancée en 2013 par le MNHN permettra peut-être de trancher. Résultats attendus d'ici deux à trois ans."On n'a pas de chiffres, mais des impressions",
Il est particulièrement dangereux pour l'homme
FAUX. La mort de Français piqués par des frelons et le cas spectaculaire de 42 morts en Chine victimes d'une attaque de frelons asiatiques ne font qu'accroître le sentiment de peur vis-à-vis de cet insecte. A tort ? Un peu, rétorquent scientifiques et médecins.Jean Haxaire est formel : non, le frelon asiatique n'a pas un dard plus long que l'européen ; non, son venin n'est pas différent ; et non, il n'est pas plus agressif. "Il y a un danger si on s'approche du nid, à deux mètres par exemple, mais c'est comme pour tous les hyménoptères", indique-t-il. Les nids se trouvant plutôt en hauteur, il est rare d'en croiser.
renchérit Quentin Rome, précisant encore que les frelons asiatiques ne volent pas la nuit, contrairement à leurs cousins européens."Les risques sont faibles par rapport aux autres guêpes ou abeilles",
Sa piqûre est plus douloureuse, concède toutefois Claire Villemant, spécialiste de l'espèce interrogée par L'Express. Pour le docteur Stéphane Guez, responsable de l'unité des maladies allergiques du CHU de Bordeaux, cité par Reuters, rien ne sert de paniquer : "Une piqûre de frelon asiatique n'est pas plus dangereuse que celles d'autres insectes de ce type." A condition de ne pas être allergique ou piqué sur les muqueuses. Dans ce cas, filez aux urgences. Sinon, la chaleur peut soulager.
Il est difficile de s'en débarrasser
VRAI. Cela relève même de l'impossible. Les pièges censés neutraliser la bête ne servent à rien, tranche Quentin Rome. Pire,"plus on essaie de le piéger, plus on multiplie sa capacité de nuisance",
estime Jean Haxaire, qui rappelle qu'"un insecte, on ne s'en débarrasse pas. Pour ça, il faudrait une chape chimique au-dessus de tout le territoire."
Les deux chercheurs se montrent très critiques à l'égard des pièges posés au printemps, consistant souvent en une bouteille coupée en deux et remplie de liquide sucré. Selon les observations des deux chercheurs, ces pièges, censés tuer les reines de frelons asiatiques, tuent seulement "1% de frelons", les 99% restants étant d'autres insectes, notamment des papillons, des abeilles et des guêpes.
Dès lors, comment se débarrasser de la bestiole ? Les scientifiques espèrent la mise au point d'un appât sélectif, visant seulement les frelons asiatiques, afin de ne pas attaquer la biodiversité. En attendant, les apiculteurs font avec les moyens du bord. Certains, comme cet apiculteur du Pays basque, font patrouiller des poulets, amateurs de frelons. Une solution plutôt "sérieuse" pour Jean Haxaire.
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