Au large de Juan-les-Pins, la présence d'un bateau depuis quelques mois interroge les riverains. A qui appartient-il ? Que fait-il ? Le capitaine n'est d'autre que le Cagnois Eric Sommer de retour à la barre du Protinus depuis 2017. Ce marin aguerri a sillonné les mers pendant près 25 ans.
Sur les réseaux sociaux, les internautes s'interrogent. Quel est cet étrange navire au large de la baie de Juan-les-Pins dans les Alpes-Maritimes ? Avec son allure de vaisseau mi-pirate mi-fantôme ?
Les commentaires sont nombreux sur les réseaux sociaux. Certains se demandent d'ailleurs s'il faudrait interroger la police maritime à ce sujet, bien qu'il soit au-delà de la zone de baignade.
Plusieurs dizaines de commentaires par exmple à cette question d'une internaute de Vallauris-Golfe-Juan :
Cet ancien chalutier, retapé en voilier appartient à Eric Sommer. Véritable "loup de mer" à la coiffure emmêlée, à la voix rauque et la barbe épaisse.
J'ai acheté ce navire au prix du poids de ferraille en Hollande, je l'ai bricolé tout seul et j'ai voyagé avec dans le monde entier.
En 2018, son navire le Protinus avait dérivé jusqu'à la plage de Juan-les-Pins.
C'est autorisé de rester mouiller au large ?
Aujourd'hui c'est au large de la commune qu'il a jeté l'ancre.
Contactée, la Direction Départementale des Territoires et de la Mer (DDTM), assure : "il faut être muni d'une Autorisation d'Occupation Temporaire (AOT) du domaine public maritime pour s'arrêter sur une longue durée en mer" conformément à l'arrêté préfectoral 123 de juin 2019 qui stipule : "le mouillage et l’arrêt des navires sont des actions liées à la navigation maritime et sont réglementées par le préfet maritime de la Méditerranée, représentant de l’Etat en mer."
Des mesures plus restrictives peuvent aussi s'appliquer selon la taille du navire, l'origine de son pavillon, sa zone de mouillage ou bien la période de l'année.
Nous avons en effet eu connaissance de ce bateau. Aucune investigation particulière n'est en cours pour le moment,
Le marin avait fait la une de l'actualité
Le capitaine du vaisseau est un baroudeur. Il a vogué sur les mers et les océans de la planète à bord de son navire de 36 mètres pendant 25 ans.
Ce bateau c'est toute ma vie !
Mais en 2012, il est condamné pour meurtre dans les Caraïbes. Il avait été accusé d'avoir rejeté un homme à la mer, décédé par la suite. Celui-ci avait tenté de monter à bord du « Protinus », alors au mouillage à 100 m de la plage. Eric Sommer est resté près de quatre ans en prison sur l'île de Sainte-Lucie (Un petit état membre du Commonwealth, au sud de la Martinique).
Après un procés reporté une dizaine de fois, la justice a finalement requalifié le meurtre en homicide involontaire.
Acceptant un plaider coupable pour homicide involontaire, le tribunal a considéré qu’il avait purgé sa peine. Retour sur l'affaire :
En 2019, il a de nouveau affaire à la justice. Il est alors condamné pour avoir attaqué ses membres d’équipage à la machette et à la hache après avoir consommé de l’alcool. L’un des passagers avait été sérieusement blessé.
Connu par les habitants de la côte, ce "loup de mer" serait "assez solitaire" selon les riverains, "il passe son temps en mer" et il ne "revient à quai que pour faire ses courses ou prendre un café de temps en temps."
Un mode de vie pas vraiment "choisi"
"Je n'ai pas les moyens d'avoir une place au port" nous confie Eric Sommer avec déception. Il affirme : "je n'ai pas le choix de vivre ailleurs que sur mon bateau, c'est dans mon ADN maintenant, je gère tout : tout le temps et tout seul."
Il nous explique être revenu dans la région depuis juin pour être proche de ses parents malades. Seul au milieu de l'eau, il rafistole son bateau, "tout est manuel" assure Eric Sommer, il lui arrive également de pêcher.
"Je fais tout avec mon annexe, je reviendrai d'ailleurs bientôt sur la terre ferme pour quelques jours" confie t-il en laissant planer le mystère.
Il reconnaît que ce n'est pas tous les jours faciles, il cherche du travail mais c'est compliqué pour lui d'être accepté sur les chantiers maritimes sur la côte.
C'est plus simple dans les pays du tiers-monde, je peux mettre mon bateau n'importe où et travailler sur les chantiers sans gêner.
Eric Sommer ajoute en rigolant : "On m'a déjà demandé de faire un film sur ma vie ou même d'en écrire un livre."
Cet aventurier hors-normes a néanmoins d'autres projets, il souhaite repartir à la conquête des mers. En attendant ce grand départ, son navire aux larges des côtes azuréennes, a presque des allures de bateau "pirate", flottant au gré des saisons à l'horizon.