À bord du "bus des Merveilles", le car qui remplace le train et ne contente pas tout le monde entre Nice et Tende

Le lundi 2 septembre, le train des Merveilles s'est arrêté de circuler à cause de travaux d'urgence à effectuer sur la ligne ferroviaire. Depuis, des cars de substitution ont été mis en place au départ et à l'arrivée de Nice. Après dix jours de fonctionnement, premier bilan avec les usagers. Contactée, la Région Paca répond également aux critiques.

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    Ce matin-là, au départ de la gare de Nice-ville dans les Alpes-Maritimes, ils ne sont que quelques-uns à attendre le car pour Breil-sur-Roya. Un arrêt non-fléché et non-matérialisé, qui s'effectue entre la gare et l'hôtel Ibis... sur la piste cyclable.

    "C'est ici pour Breil ?", demande dans un bon français une touriste suisse. "Il n'y a rien d'écrit, c'est difficile à trouver !" Pour être certaine de pouvoir randonner dans le Mercantour depuis Tende, elle a pris ses précautions et est arrivée à l'arrêt avec 30 minutes d'avance.

    "L'arrêt n'est pas bien indiqué et les agents SNCF en gare ne savent pas forcément où il est", complète Jean-Marc, un Niçois qui va rendre visite à sa famille dans la Roya.

    Hormis cela, les passagers que nous avons rencontrés se disent plutôt satisfaits des cars de substitution mis en place par la région PACA. Cette offre de transport (pas toujours évidente à décrypter sur la fiche horaire) doit remplacer le train des Merveilles, arrêté jusqu'au 14 décembre 2025 pour des travaux d'urgence sur la ligne.

    • Le circuit de ces bus de remplacement :

    Pour eux, ce car fait des Merveilles

    "Il n'y a pas de problème avec le bus", dit Karine, une Breilloise de 54 ans qui effectue ici son quatrième trajet depuis l'arrêt du train. "Les conducteurs sont super aimables !"

    "La plupart du temps, ils sont à l'heure", assure Nicolas. Casque sur les oreilles, le jeune Niçois de 37 ans attend le car de substitution pour aller travailler à Breil-sur-Roya. Le départ se fera avec 15 minutes de retard. "Ça dépend des problèmes sur la route."

    Il y a moins de bus et le train est plus pratique que l'autocar. Mais vaut mieux ça que rien du tout !

    Nicolas, passager

    à France 3 Côte d'Azur

    "Le bus, je ne l'ai pris qu'une fois en descendant de Breil. C'était confortable et il a mis le même temps de trajet que le train. Faut que ça dure !", poursuit Jean-Marc.

    Pour Bernard, Sospellois qui travaille à Nice et emprunte le car "tous les jours, matin et soir", "à part un soir où il est arrivé avec 1h de retard, il a toujours été à l'heure et il met un temps correct". "Finalement, je m'attendais à bien pire. Et je trouve ça même plus fiable que le train, qui lui était souvent annulé, en retard ou avec des problèmes techniques." Seul problème pour lui : "les cars ne sont pas clairement identifiés et ne s'arrêtent pas toujours au même endroit".

    Alors à l'arrêt de Nice, une personne intérimaire est présente toute la journée en chasuble fluorescente pour orienter et informer les passagers.

    Dysfonctionnements

    Mais plus haut dans les vallées, le ressenti est quelque peu différent. Un conducteur qui oublie de sortir de l'autoroute, un pare-brise fissuré, un manque d'information sur le lieu des arrêts ou encore un car qui se retrouve en fâcheuse posture, les roues arrière hors de la route...

    Pour Catherine, une habitante de Saorge, "le car ne peut pas remplacer le train, c'est beaucoup moins confortable". "Des travaux, il en faut certainement, mais pendant quinze mois, c'est la mort de la vallée !"

    À Saint-Dalmas-de-Tende, cinq élèves internes "ont renoncé à venir au collège cette année", détaille Pascale Humilière-Pillant, la principale, craignant des difficultés pour le transport scolaire. Il n'est plus possible également pour les collégiens de retourner chez eux le mercredi après-midi quand ils n'ont pas cours.

    "Les transports dédiés aux internes le lundi matin et le vendredi soir fonctionnent très bien", positive toutefois Pascale Humilière-Pillant. Un transport néanmoins dépendant des perturbations sur la route, comme ce fut le cas lundi dernier quand un accident a entraîné la fermeture de l'autoroute entre La Turbie et Roquebrune-Cap-Martin. Les collégiens "sont arrivés à Saint-Dalmas-de-Tende à 12h20 au lieu de 9h", regrette la principale.

    Quant aux enseignants qui habitent à Nice, "les horaires des bus de substitution ne correspondent pas aux horaires de l'établissement ", continue Pascale Humilière-Pillant. Ils doivent alors rechercher en TER une correspondance à Menton avec la ligne de bus 25 ou à Vintimille avec le train italien qui relie Cuneo.

    Du côté du Prieuré, c'est le même ressenti : impossible de relier directement les vallées de la Roya et des Paillons pour un des usagers de cet Esat installé à Saint-Dalmas-de-Tende, des bus qui ne marquent pas l'arrêt dans ce village et des correspondances entre la ligne de bus et les cars de substitution "pas toujours efficiente", détaille Franziska Walter, cheffe de service éducatif au sein de l'établissement d'accompagnement par le travail. "Pour palier cela, des éducateurs font le taxi entre le Prieuré et Breil-sur-Roya."

    Les cars non accessibles pour les PMR ?

    "La première semaine a montré un certain nombre de dysfonctionnements", reconnaît Sébastien Olharan, le maire de Breil-sur-Roya, lors d'un live Facebook.

    Il y a des publics qui ne peuvent pas prendre le bus : soit parce qu'ils vont d'une vallée à l'autre, de Breil à l'Escarène par exemple alors que les bus de Breil vont directement à Nice, soit parce qu'ils ont besoin de leur vélo ou sont en situation de handicap et que les bus ne sont pas forcément adaptés aux PMR.

    Sébastien Olharan, maire de Breil-sur-Roya

    dans un live Facebook

    Un manque d'accessibilité confirmé par un des chauffeurs de car que nous avons rencontré et qui ne souhaite pas être cité. Il indique que quasiment aucun bus n’est équipé pour recevoir des personnes handicapées (notamment l'absence d'une rampe d'accès).

    Cette accumulation de dysfonctionnements met "très en colère" Laurence Sarfati, du Comité franco-italien pour la défense de la ligne  Nice-Tende-Cuneo.

    C'était prévisible et on a prévenu ! C'est catastrophique de ne jamais savoir comment le trajet va se passer alors qu'on se rend au travail ou à l'école. Ce n'est pas possible de tenir 16 mois ainsi, certains envisagent de déménager ou de changer de travail.

    Laurence Sarfati, Comité de défense de la ligne Nice-Cuneo

    à France 3 Côte d'Azur

    La Région demande "un peu de tolérance"

    Contacté, Jean-Pierre Serrus, le vice-président de la région Paca en charge des transports et de la mobilité durable, fait un premier bilan : "certains autocars circulent quasiment vides, mais on s'y attendait. Le maximum de voyageurs que nous ayons eu sur un trajet, c'est 30. En moyenne, il y a entre 10 et 20 personnes dans les cars". Prochainement, des ajustements vont donc être réalisés, avec des modifications d'horaires et de capacité des véhicules.

    Sur la question de l'accessibilité, Jean-Pierre Serrus précise qu'il existe "un service d'accueil pour les personnes en situation de handicap" : ce service gratuit est joignable par internet via le formulaire Assist’enGare (anciennement Accès TER et Accès Plus), par téléphone tous les jours entre 8h et 20h en composant le 32 12 en France ou le +33 (0) 9 72 72 00 92 depuis l’étranger ou via le centre relais permettant aux personnes sourdes et malentendantes d’échanger avec les téléconseillers par l’intermédiaire d’un opérateur traducteur.

    Quant aux autres critiques, le vice-président de la Région demande "un peu de souplesse et de tolérance". "Pour créer un arrêt d'autocar, il y a plusieurs règles à respecter et autorisations à avoir. On va mieux aménager cela."

    On ne peut pas dire que l'on tue la vallée quand on réalise 78 millions d'euros de travaux d'urgence pour moderniser la ligne de train !

    Jean-Pierre Serrus, vice-président de la Région Paca

    à France 3 Côte d'Azur

    Dans son live Facebook, Sébastien Olharan a indiqué que des discussions sont en cours avec la région PACA, la SNCF et la sous-préfète Nice-montagne. "On demande notamment qu'on puisse maintenir durant les travaux un minimum de circulation de trains si cela est possible d'un point de vue technique." Une demande partagée aussi par les commerçants de Tende.

    "Les trains, c'est beaucoup plus compliqué à mettre en service que des autocars", répond Jean-Pierre Serrus. "On est en discussion avec les Italiens pour permettre, l'été prochain, d'acheminer dans la vallée les touristes."

    Au total, ces cars de substitution représentent un budget de 8 millions d'euros.

    Chaque jour, ils réalisent 11 allers-retours Nice/Breil, 11 allers-retours Nice/Sospel, 3 allers-retours Sospel/Breil, 11 allers-retours Nice/Touët (jusqu'au 20 septembre et durant les trois dernières semaines de travaux fin 2025) et 11 allers-retours Drap/Touët (à partir du 21 septembre en correspondance avec les TER Nice/Drap).

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