A la frontière entre Menton et Vintimille, les associations humanitaires inquiètes car il y a toujours plus de migrants

Ils seraient entre 100 et 250 chaque jour à tenter de passer d’Italie en France. Un tiers y parvient. A Vintimille, le nombre de migrants a tendance à augmenter. Fait nouveau, la présence de femmes et d’enfants. Pour les associations humanitaires la situation est préoccupante.

C’est une petite route qui mène à Vintimille. Nous sommes déjà côté italien. Tandis que la pluie tombe sans discontinuer, on aperçoit de l’autre côté Menton, dans les Alpes-Maritimes.

Si proche et pourtant si loin.

Ils sont une dizaine rassemblés sous la tonnelle mise en place par des bénévoles italiens.

On trouve là de quoi faire chauffer un café et quelques aliments de base. L’un d’eux s’adresse spontanément à nous, il vient de Côte d’Ivoire, il n’a pas la trentaine.

Il désigne de la main sa compagne enceinte et explique : "ça fait un mois qu’on est ici, on a essayé plusieurs fois de passer la frontière mais on y est pas arrivé."

Passer la frontière, quoiqu’il en coûte. Le train reste l’un des moyens privilégiés. Beaucoup montent à Vintimille mais se font cueillir à la gare de Menton Garavan.

A cet endroit, deux cars de police sont stationnés en permanence. Le rituel est toujours le même, cinq ou six policiers montent pour un contrôle systématique. Ce jour-là, une personne sans-papiers est arrêtée. Elle sera conduite dans le centre de Vintimille.

Jusqu'à 250 interceptions

Au quotidien entre 100 et 250 interceptions ont lieu. "On considère", explique un représentant de la Police de l'air et des frontières (PAF) "que deux tiers de ceux qui essaient de passer sont refoulés". Un tiers donc arrive à franchir la frontière.

L’autre moyen reste les passeurs dont les services se monnaieraient à plusieurs centaines d’euros selon les associations humanitaires, sans être sûr du résultat.

"Des passeurs très violents" selon Christian Papini de Caritas "qui exigeraient parfois des rapports sexuels en échange d’un voyage vers la France."

Chaque jour, plusieurs passeurs sont arrêtés puis placés en garde à vue. En général ils sont d'origine pakistanaises ou tunisiennes. Selon le représentant syndical de la PAF, "ils proposent leur service aux candidats à l'exil de même nationalité."

Des "packages" pour passer

Il y aurait même selon nos informations des "packages" depuis le pays de départ où on garantit une prestation pour les familles jusqu'au pays souhaité. Cela peut atteindre alors 3.000€.

Tandis que la situation migratoire est largement médiatisée actuellement avec la crise à la frontière Pologne-Biélarussie, les choses ici auraient plutôt tendance à se dégrader.

Au péril de leur vie

Un enfant qui joue au ballon tandis que deux autres jouent du xylophone. Nous sommes à Caritas Vintimille.

Les adultes eux ont un sujet de conversation peu réjouissant tandis que la pluie tombe de nouveau, le suicide d’un migrant en bout de voies à Vintimille, un homme désespéré s’est jeté sur les rails avant le passage du train.

La semaine dernière, un autre a été électrocuté par une ligne à haute-tension à quelques centaines de mètres de là.

Ici, chacun peut explique Christian Papini trouver des vêtements, à manger et même initier des demandes d’asile.

"Peu, très peu aboutissent" constate celui qui se consacre depuis des années à la crise des migrants. Jusqu’en 2020, il y avait le camp de la Croix-Rouge mais depuis qu’il a été démantelé, beaucoup errent dans les rues de Vintimille."

Pendant notre interview, nous en apercevons trois qui longent les rails, au péril de leur vie.

"Le problème nouveau c’est la présence de beaucoup de familles et d’enfants dont certains souffrent de problèmes psychiatriques. Caritas, a d’ailleurs une cellule spécifique plutôt tournée vers les migrants adultes qui sont dépendant de drogues que l’association tente d’aider", précise Christian Papini.

Le maire de Vintimille promet la création d’un nouveau terrain pour ouvrir un camp dans les semaines qui viennent.

Cela ne résoudra pas tout. Christian Papini conclut l’air un peu dépité : "c’est à l’Europe de prendre ses responsabilités."

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