Du 16 au 20 juin, des posters des habitants sont affichés à Tende et Saint-Dalmas-de-Tende dans les Alpes-Maritimes. Une exposition en extérieur et éphémère, menée par deux habitantes et le collège de la vallée sous la houlette du street-artist JR.
Ils ont été, malgré eux, sous le feu des projecteurs médiatiques à cause de la tempête Alex. Désormais, ce seront les habitants de la Roya qui vous observeront monter dans leur vallée.
Depuis ce samedi 19 juin, plus de 200 portraits s'affichent (à partir de 14') sur la façade du viaduc de Tende dans le cadre du projet Inside Out que le street-artist français JR mène un peu partout dans le monde :
"Beaucoup de gens viennent prendre des photos de la catastrophe et c'est un peu compliqué pour nous", explique Estelle, responsable de la médiathèque de Tende et à l'origine du projet. Objectif : remplacer ce "tourisme de catastrophe" en un tourisme culturel. "On voudrait que ce soit positif."
Je suis JR depuis plusieurs années. Avec Géraldine, la photographe, nous nous sommes rencontrées autour d'un de ses livres qui trônait à la médiathèque.
En début d'année, Estelle et Géraldine (elles préfèrent ne pas donner leurs noms de famille) prennent contact avec l'équipe du street-artist et écrivent le projet. Entre mars et juin, elles prennent en photo les habitants de Tende, notamment sur le marché.
Des portraits en noir-et-blanc qui sont ensuite envoyés et imprimés aux Etats-Unis où les équipes de JR sont basées.
Inside out aide les individus et les communautés à s'affirmer en affichant des portraits en noir et blanc à grande échelle dans les espaces publics [pour] susciter des débats et des conversations. Depuis 2011, plus de 400.000 personnes réparties dans 138 pays ont participé au projet Inside out.
L'impression et l'envoi des posters sont pris en charge.
Photos sur le vif
"On a présenté le projet en montrant d'autres réalisations de JR", poursuit Estelle. "Et on a tout de suite rencontré l'adhésion des habitants. Le fait que ce soit une galerie avec un maximum de monde, ça a aidé à convaincre. On a pris les photos en extérieur, sur le vif, et fait signer les autorisations de droit à l'image."
"Tout le monde était assez enjoué, ça faisait une effervescence au marché !", se souvient Géraldine, la photographe. "Quelques blagues pour mettre à l'aise et puis ça ne durait pas longtemps. Il y a toujours le 'Je ne suis pas photogénique'. Mais une fois la photo faite : 'Ah, en fait, ça va !'"
Emilie est artisan à Tende. Pendant une de ses pauses déjeuner, "sur un banc au soleil", elle a eu droit à sa séance photo.
Je me suis prêtée au jeu. Ca a été rapide. La photographe a pris plusieurs photos, elle a essayé de me faire rire, puis elle a dit 'C'est bon , je l'ai !'"
Les posters grand format (91,44 x 134,62cm) sont imprimés et en cours d'acheminement.
Affichage géant pour projet humain
Le collage sur le viaduc aura lieu ce week-end des 19 et 20 juin, grâce à des "cordistes bénévoles" et aux autorisations de la mairie de Tende et de la SNCF, propriétaire de l'ouvrage. "C'est génial, tout le monde a donné son accord !" Le choix de ce lieu d'affichage était évident.
C'est un ouvrage que l'on voit de partout à Tende et qui est resté en place pendant la tempête Alex. Ce viaduc, cela représente aussi le chemin de fer qui nous a permis de garder le lien avec l'Italie, puis avec Nice.
Au total, 218 personnes ont été photographiées. S'y ajoutent 78 portraits supplémentaires réalisés par le collège de Saint-Dalmas-de-Tende représentant les collégiens et l'équipe éducative. Ces derniers seront exposés quelques jours avant autour de l'internat-relais.
Expositions éphémères
"Je trouve ce projet génial", poursuit Emilie, la Tendasque photographiée et bientôt affichée. "Après Alex, nous avons besoin de nous sentir vivants, de renouveau, de renaissance. Le projet, vu du ciel, j'imagine, sera grandiose. Ca va faire parler de nous dans le monde entier, ça va être super !"
Attention toutefois, l'exposition sera éphémère : les posters en papier recyclé et collés avec de la farine et de l'eau resteront en place aussi longtemps que la météo sera clémente. La prochaine averse pourrait emporter avec elle tout ou partie de ces visages et regards. "Le projet vivra ensuite sur les réseaux sociaux", espère Estelle.