Le guichet de la gare de Breil-sur-Roya fermera l'année prochaine

C'est un bruit qui courait depuis quelque temps, sans qu'il n'y ait encore d'officialisation : au milieu de l'année prochaine, il n'y aura plus aucun agent d'accueil dans les gares de la vallée de la Roya. Le maire de Breil-sur-Roya en appelle au président de la République.

Les jours du guichet de la gare de Breil-sur-Roya (Alpes-Maritimes) sont comptés. Au milieu de l'année prochaine, le dernier encore en service dans la vallée de la Roya devrait tirer définitivement le rideau. "La distribution de billets ne se fera plus", confirme à France 3 Côte d'Azur Jean-Pierre Serrus, conseil régional en charge des transports.

Seuls resteront des distributeurs automatiques.

Dans deux lettres ouvertes envoyées ce lundi 30 octobre au président de la République et au président de la Région Paca, Sébastien Olharan, le maire (LR) de Breil-sur-Roya, s'est indigné de cette fermeture dans sa commune. D'autant que la tempête Alex d'octobre 2020, qui est toujours dans les mémoires, avait démontré l'importance de la ligne Nice-Tende-Cuneo (renommée à l'époque "ligne de vie") et de ses agents ferroviaires.

Trois ans après [la tempête Alex], j'apprends avec colère, par des sources internes à la SNCF, la décision de fermer définitivement le guichet de la gare ferroviaire de Breil-sur-Roya au second semestre 2024.

Sébastien Olharan, maire de Breil-sur-Roya

"En gare de Breil", poursuit l'édile, "les agents ont eu des propositions de mutations et on perdrait quatre effectifs".

"5 transactions par heure"

L'élu ne comprend pas la cohérence d'une telle décision. "L'État et les collectivités investissent des millions dans des travaux d'urgence et de rénovation et, en même temps, on dégrade la qualité du service d'accueil des usagers", pointe Sébastien Olharan.

On essaie de rassurer les habitants, les touristes et les investisseurs avec des infrastructures routières et des liaisons ferroviaires qui tiennent. Mais ce genre de décision, ça nous coupe les jambes complètement !

Sébastien Olharan, maire de Breil-sur-Roya

"Le nombre de transactions par guichet a sensiblement baissé, environ 5 transactions par heure", argumente de son côté Jean-Pierre Serrus, le conseiller régional. "Aujourd'hui, nous travaillons avec les communes et leurs maires pour chercher des synergies en cas de difficultés avec le numérique ou les distributeurs : ce peut être via le CCAS, une maison France services, l'office de tourisme ou un commerce à proximité..."

Nous préférons de nouveaux horaires et de nouvelles fréquences de trains à des services qui deviennent moins essentiels.

Jean-Pierre Serrus, conseiller régional

"Il faut investir sur le réseau et le nombre de trains", poursuit Jean-Pierre Serrus, qui promet que l'offre augmentera de 10% les deux prochaines années. "Nous devons trouver des ressources et certaines choses doivent évoluer, en même temps que les usagers. On est parfois forcé de trouver des mutualisations."

"Ça leur coûte quoi de laisser un agent sur place ?"

À Tende, cela fait plus de trois ans -avant la tempête Alex-, qu'il n'y a plus d'agent en gare. Désormais, le bâtiment est définitivement fermé. Seul un automate est présent sur le quai. Et cela entraîne parfois des situations... surprenantes.

Laurence Sarfati est membre du Comité franco-italien du train Nice Cuneo Vintimille. Elle vit plus bas dans la vallée. Régulièrement, elle est contactée par des voyageurs présents sur le quai de gare tendasque.

"Le panneau d'informations n'est pas en temps réel", explique-t-elle. "Alors, quand le train n'arrive pas à l'heure prévue, personne n'a d'informations. Il n'y a pas tout le temps un bon réseau Internet sur place et il n'y a pas de salle d'attente, juste deux pauvres bancs..."

Quand ils m'appellent, je vais à la gare de Breil pour me renseigner. Là, l'agent appelle la gendarmerie de Tende qui va à la rencontre des voyageurs.

Laurence Sarfati, habitante de la vallée de la Roya

Dans cette gare, frontalière de l'Italie et où circulent des trains italiens, les problématiques peuvent être nombreuses. L'auteur de ces lignes en a fait l'expérience l'été dernier, au moment d'acheter un billet TER entre Tende et Limone :

À bord du train italien, le contrôleur s'est montré compréhensif, mais en précisant que, la prochaine fois, le billet sera à acheter à bord (le site Internet de Trenitalia ne permet pas non plus de payer ce trajet). Depuis, l'application SNCF Connect ne commercialise plus ce billet.

"Ça leur coûte quoi de laisser un agent sur place ?", s'énerve Laurence Sarfati. "C'est quand même rassurant d'avoir une salle d'attente, un guichet et quelqu'un qui nous aide ! La tempête Alex a montré au monde entier à quel point avoir des professionnels sur place, c'est vital !"

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