Créé en 1924 par Lawrence Johnston, le jardin Serre de la Madone à Menton fête son centenaire. Durant tout le mois de juin, de nombreux concerts, expositions, conférences et animations sont au programme.
Un centenaire, ça se fête ! Depuis ce vendredi 31 mai, et pendant tout le mois de juin, le jardin Serre de la Madone de Menton (Alpes-Maritimes) organise plusieurs événements dans ce lieu d'exception. Les touristes et les Mentonnais pourront découvrir ou redécouvrir ce bijou naturel sous un autre angle, en participant à des conférences, des concerts, des expositions et des animations diverses.
"Ce vendredi, c'était l’inauguration avec un concert de jazz et, tous les samedis matin, pendant tout le mois de juin, il y aura un atelier promenade sensorielle autour des cinq sens", explique Gilles Deparis, directeur de l'association de sauvegarde des Jardins d'exception du Mentonnais (ASJEM).
Avant ces festivités, des travaux de restauration ont été effectués sur le site pour faciliter et sécuriser les visites. "La colline en amont de la villa menaçait de s'effondrer. On a restauré les restanques, on a installé des jolis garde-corps en fer forgé tout au long du parcours pour vous appuyer parce que c'est quand même un jardin très vertical avec 80 mètres de dénivelé et beaucoup d'escaliers !".
Une deuxième phase de travaux est prévue, à l'automne ; le jardin sera donc fermé à partir d'octobre.
Un peu d'histoire
Lawrence Johnston, botaniste britannique, a créé ce jardin il y a 100 ans. En 1924, il cherchait un site pour réaliser son rêve d'acclimatation.
Lawrence Johnston était un passionné de botanique. Il avait déjà un jardin célèbre en Angleterre, le Hidcote Manor, le siège du National Trust (l'équivalent de notre Fondation du patrimoine ou de nos monuments historiques). Et Hidcote est très connu pour ses paysages merveilleux.
Gilles Deparis, directeur de l'association de sauvegarde des Jardins d'exception du Mentonnaisà France 3 Côte d'Azur
Lorsqu'il est arrivé dans le sud-est de la France, il souhaitait donc un jardin dans lequel il pouvait mettre des plantes qui ne résistent pas au froid et à l'humidité de l'Angleterre. Il a fait de ce jardin une oasis. "C'est un joyeux mélange entre des plantes qu'on trouve localement, comme les oliviers, les agrumes et des collections botaniques qu'on retrouve nulle part ailleurs."
En effet, Lawrence Johnston voyageait beaucoup à travers le monde, pour l'époque. Afrique du Sud, Australie, Birmanie, Chine... Le passionné ramenait de nombreuses plantes des quatre coins du monde. "Il faisait venir aussi des plantes du Chili ou encore d'Argentine par des botanistes locaux".
Ce jardin d'exception est composé en chambres de verdure qui est un concept qu'il a, lui-même, inventé alors qu'il n'était pas paysagiste. "Il y a plusieurs jardins dans un jardin, on peut facilement se perdre. Ça monte, il y a plein d’étages successifs, plein d'espaces un peu intimistes !", raconte le directeur de l'ASJEM. "Ce jardin a vraiment un charme suranné, un peu hors du temps. Ce n’est pas du tout comme certaines villas un peu pompeuses qu'on peut retrouver des fois sur la côte."
"Curieusement, peu de Mentonnais le connaissent"
Caché sur les hauteurs de Menton, dans le Val de Gorbio, le jardin Serre de la Madone est curieusement peu connu des Mentonnais. "C'est un peu comme lorsqu'on est à Paris, on visite une fois la Tour Eiffel et on n'y revient plus. Il y a peu de Mentonnais qui connaissent ce jardin et, justement, le centenaire, c'est l'occasion pour eux de se l'approprier beaucoup plus."
Le mois de juin est le dernier mois pour profiter pleinement de la beauté de cet espace naturel.
C'est un jardin qui est conçu pour être beau d'octobre à mai-juin.
Gilles Deparis, directeur de l'ASJEMà France 3 Côte d'Azur
"En juillet-août, la plupart des jardins sur la Riviera sont très secs", poursuit Gilles Deparis. "Les gens s'attendent à avoir une débauche de fleurs mais ce sont des jardins qui se visitent au printemps ou à l'automne."
Cela s'explique notamment par le fait que les plantes viennent, pour la plupart, de l'hémisphère austral. "En octobre, c'est le printemps en Afrique du Sud, donc on a deux printemps à la Serre de la Madone, c'est ça aussi qui est assez remarquable. Johnston a introduit une quantité d'espèces qui n’avaient jamais été introduites à l'époque en Europe".
Ce bijou naturel accueille environ 9.000 visiteurs par an et 3.000 enfants venant d'écoles mentonnaises.