Tempête Alex 1 an : nous avons retrouvé cet homme qui échangeait avec ses parents isolés de l'autre côté de la Roya

La photo, forte et simple en disait long sur la situation. Dans les jours qui ont suivi la tempête, Jérémy Ratni a tenté par tous les moyens de communiquer avec ses parents de l'autre côté de la Roya. Aujourd'hui, le cordiste de 32 ans revient pour nous sur cette étrange période.

La première fois que nous avons rencontré Jérémy Ratni, c'était au lendemain de la tempête Alex. Au nord de Breil-sur-Roya dans les Alpes-Maritimes, là où la route départementale 6204 avait disparu, le trentenaire se tenait au bord d'une Roya encore bruyante, un cône de chantier en mains.

"Les plongeurs viennent vous chercher !", criait-il à pleins poumons

Il tentait alors de communiquer avec ses parents, bloqués et isolés de l'autre côté après que la rivière a emporté l'unique pont qui reliait le quartier de Veil à la route départementale. 

On arrivait à peine à se parler, pour savoir s'ils allaient bien. Ils avaient l'air tellement proches mais, séparés par la rivière, ils étaient en fait loin.

se souvient le Breillois.

Les moyens du bord

Un an plus tard, c'est la première fois que Jérémy revient sur ce bord de la rivière, à l'endroit où il avait donné de la voix.

Le cône de chantier, ce sont mes parents qui ont trouvé l'astuce car ils en avaient un. Et comme je les entendais vachement bien, j'en ai piqué un à un voisin.

Jérémy Ratni

L'image de Jérémy avec son cône (celle de cet article) illustrera la page Facebook d'entraide que France 3 Côte d'Azur a créé et anime toujours.

Car cette image est symbolique de ce qu'était la vallée de la Roya dans les jours qui ont suivi la tempête. Un territoire coupé de tout, sans électricité, sans eau, ni réseau téléphonique. Ne restait que l'entraide avec les moyens du bord.

La nuit, je réfléchissais pour savoir comment faire passer une corde de l'autre côté et installer une tyrolienne. La canne à pêche, ça n'a pas marché, l'arbalète, non plus. C'est avec un arc et un fil de pêche qu'on y est arrivé !

Jérémy Ratni

"On a réussi à faire passer une corde. On va installer un seau pour qu'ils puissent m'envoyer la liste des besoins du quartier et puis j'irai voir les pompiers, la Croix-Rouge...", expliquait alors le jeune homme à France 3.

Enfin, Jérémy fait appel à quelques bénévoles venus prêter main-forte. "Avec des dons d'entreprises, on a construit un pont de singe entre les deux rives."

"On évite d'en reparler"

Depuis, un autre pont, un vrai, quoique provisoire, a été construit et mis en service en février dernier. "Ce pont est un soulagement", admet le Breillois.

Aujourd'hui, l'homme de 32 ans, cordiste de métier, va bien. "J'ai pu commencer à travailler dans la vallée, j'espère continuer à travailler ici", explique-t-il. Ses parents aussi vont bien. Ils habitent toujours dans le quartier de Veil.

"On a fait des soirées avec les voisins pour parler de cette période post-tempête", poursuit Jérémy Ratni. "Mais aujourd'hui, on évite d'en reparler car ce ne sont pas des bons souvenirs. On essaie d'aller de l'avant maintenant."

85 kilomètres de routes emportées ou endommagées, 20 ponts détruits ou inutilisables, 2.500 maisons expertisées dont 420 condamnées, les réseaux d'eau et d'électricité à reconstruire: les dégâts sont estimés à au moins un milliard d'euros. Le triste bilan des crues meurtrières d'octobre 2020 dans les Alpes-Maritimes.

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