L'association Union des étudiants juifs de France (UEJF) a publié ce lundi des témoignages d'agressions antisémites verbales ou physiques qui auraient eu lieu à l'école Sciences Po. Plusieurs d'entre eux concernent le campus de Menton, dans les Alpes-Maritimes.
Leurs prénoms ont été modifiés dans les publications réalisées par l'association étudiante juive sur les réseaux sociaux.
Des étudiants juifs de Sciences Po affirment avoir subi des agressions physiques ou verbales à caractère antisémite.
Une étudiante "étranglée"
Parmi ces témoignages, l'un des plus graves concerne des faits qui auraient été commis sur le campus de Menton. Esther, un prénom modifié, raconte :
"À peine arrivée sur le campus, un étudiant qui me qualifiait de « sioniste colonisatrice » m’a étranglée par derrière en me disant « ici on va te faire comme on leur fait à Gaza ». Selon lui et les gens autour, c’était pour rigoler".
Une autre étudiante de l'école mentonnaise affirme : "Une fille a vu mon collier avec une étoile de David et m’a dit « Ne dis pas que t’es juive, X va t’assassiner »".
L'école Sciences Po possède sept campus en France : Poitiers, Dijon, Nancy, Paris, Reims, Le Havre et Menton.
Cette école a rendu hommage à un de ses anciens étudiants assassiné lors de l'attaque du Hamas le 7 octobre au festival Nova. Au moment de cet hommage, un étudiant de Menton aurait dit : "Ils ne l'ont pas fait pour le Maroc, pourquoi ils le font pour un Juif ?", selon le témoignage d'Ilan, étudiant juif du campus de Menton.
À peine arrivée sur le campus, un étudiant qui me qualifiait de « sioniste colonisatrice » m’a étranglée par derrière en me disant « ici on va te faire comme on leur fait à Gaza ».
— UEJF (@uejf) May 6, 2024
Selon lui et les gens autour, c’était "pour rigoler".
Esther, campus de Menton
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D'autres phrases à caractère antisémite auraient été prononcées selon ces témoignages anonymes :
"C’est vous qui manipulez et contrôlez les médias", "Ah mais vous êtes pas tous riches ?" ou encore "On peut parler de dragons célestes ?" Des propos que des étudiants juifs affirment avoir entendus sur les campus de Paris et Menton, selon l'UEJF.
Le reportage complet de France 3 Côte d'Azur sur les accusations d'antisémitisme qui secouent le campus de Sciences-Po Menton depuis le mois d'octobre 2023 :
Aucune plainte déposée, selon le parquet
Le parquet de Nice, que nous avons contacté, nous a répondu qu'aucune plainte n’a été portée à sa connaissance.
Mais selon la responsable des relations avec la presse de l'UEJF, le campus de Menton est celui "où il y a le plus de problèmes" en ce qui concerne les différents sites de Sciences Po. La responsable de la section de l'UEJF de Sciences Po Menton n'a pour l'instant pas donné suite à nos sollicitations.
Ces affirmations ont été en partie confirmées par le service communication de l'école Sciences Po qui condamne tout acte antisémite : "Ce qui est certain, c'est que la situation est très compliquée sur le campus de Menton pour beaucoup d'étudiants juifs qui nous le font remonter".
Pour lutter contre ce phénomène, une référente est chargée de recueillir les signalements concernant d'éventuels actes antisémites sur le campus de Menton et de les faire remonter à la direction. Aucun des faits mentionnés par l'UEJF ce lundi n'a été signalé à la direction, indique l'école Sciences Po.
Autre phénomène, beaucoup d'étudiants juifs se disent ostracisés car ils ne sont plus invités aux soirées étudiantes ou des élèves refusent de réaliser des travaux de groupe avec eux. "Nous sommes conscients de tout ça" affirme Sciences Po.
L'école regrette : "Ce campus a été créé pour rassembler la jeunesse de la Méditerranée dans ce campus que l'on voulait campus de la paix, même si c'est beaucoup plus difficile depuis l'attaque du 7 octobre".
Plusieurs enquêtes internes administratives sont en cours en ce qui concerne le campus de Menton. Pour l'instant, aucune sanction n'a été prise dans le cadre de ces enquêtes et de possibles actes antisémites relevés sur le campus azuréen.
Sciences Po Menton était resté fermé pendant trois jours après une manifestation d'étudiants pro palestiniens le lundi 29 avril. Le campus avait finalement rouvert vendredi, avant le début des examens ce lundi 6 mai.