Le député des Alpes-Maritimes, Éric Ciotti, a été élu avec 53,7 % des voix à la tête du parti Les Républicains. Si dans l'ensemble, les personnalités du parti - quelles que soient leurs sensibilités - se disent prêtes à construire avec lui, d'autres sont un petit peu plus hésitants.
À l’annonce des résultats, Éric Ciotti est tout sourire. Il vient de remporter la tête du parti Les Républicains avec 53,7 % du scrutin devant Bruno Retailleau, ce dimanche 11 décembre. "Avec émotion, je mesure l’honneur de diriger une famille politique à laquelle j’ai toujours adhéré depuis mes 16 ans et d’avoir la tâche de relever un parti, mais de faire en sorte qu’il soit moteur du redressement de la France, dans l’unité", déclare le député des Alpes-Maritimes le soir de sa victoire, depuis le siège des Républicains à Paris.
Suite à cette élection, l’unité semble bien être le maître-mot chez Les Républicains. De toute sensibilité de la droite, les élus Républicains des Alpes-Maritimes comme les autres entendent bâtir sous la ligne sécuritaire que représente Éric Ciotti. Mais quelques voix se font tout de même l'écho de leurs réserves.
Les Alpes-Maritimes, terre des Républicains
Au siège des Républicains, la clameur gagne les militants quand le nom d’Éric Ciotti ressort victorieux. Parmi eux, quelques militants azuréens qui ont fait le déplacement. "J’ai soutenu Éric Ciotti tout d’abord pour ses valeurs qui sont l’autorité, la liberté mais aussi la sécurité, énumère Mylena Gourdon, jeune militante LR de Nice. Je l’avais déjà soutenu pour sa campagne législative à Nice et je suis moi-même niçoise, donc j’ai su ce qu’il allait faire comme travail étant donné que son travail local était déjà très bon à Nice."
C’est une fierté d’avoir un député et homme politique des Alpes-Maritimes à la tête de la droite en France.
Éric Pauget, député de la 7e circonscription des Alpes-Maritimes
Sur les plus de 90.000 adhérents que compte le parti, 10.000 viennent des Alpes-Maritimes. Des voix qui ont compté pour le député niçois. "On a l’expérience du terrain qui nous fait dire que c’est quelqu’un de très consciencieux qui a une qualité exceptionnelle en termes de contact avec les gens et de gestion. Mais il y a aussi, je pense, sa ligne droite qui n’a jamais flanché, même pendant la présidentielle, il a toujours été fidèle au parti", rappelle la militante cannoise, Mahëva Rebuffel au micro d'Henri Migout.
Pour ses plus proches soutiens, comme Éric Pauget, autre député LR du département, son ancrage local a joué en la faveur d’Éric Ciotti. "Le message qui est envoyé, c'est que la droite en France est incarnée par un élu qui n’est pas parisien et qui n’est pas 'centralisé'. Il vient de l’extrême Sud-Est, un bout de France et ça je crois que c’est important pour nos concitoyens d’avoir la voix de la droite dans notre pays qui ne soit pas issue de la sphère parisienne. Et en particulier venant d’une terre de droite", se réjouit-il.
"Autorité, liberté, sécurité"
De son côté, la sénatrice des Alpes-Maritimes, Alexandra Borchio-Fontimp, également directrice de sa campagne, voit en lui un espoir pour redorer le blason du parti. "Je crois qu’aujourd’hui Éric Ciotti a prouvé qu’il avait des compétences nationales. C’est une bonne nouvelle pour notre famille politique, mais plus généralement pour la France", s’enthousiasme-t-elle. Avant d’annoncer : "En tout cas, il a prouvé qu’il avait une équipe renouvelée et un projet également renouvelé avec un certain nombre d’idées qu’il détaillera dans les prochains jours."
À peine élu, Éric Ciotti a déjà le regard tourné vers 2027 et l’élection présidentielle. Il a déjà un nom en tête pour défendre les chances des Républicains dans une élection qui leur échappe depuis 2012 : celui de Laurent Wauquiez. À l’image du président de la région Auvergne-Rhône-Alpes de nombreux élus LR se réjouissent de la victoire d’Éric Ciotti, fidèle à ses valeurs d’"autorité, de liberté et de sécurité", comme il les présente lui-même.
"Les militants ont choisi un positionnement clair, un positionnement à droite et je crois qu’on ne doit pas en avoir honte, au contraire. Éric Ciotti n’a jamais changé de chemin et je crois que c’est ce que les militants attendent : qu’on assume pleinement une politique de droite, qu’on la mette en œuvre et qu’on ait un projet pour la France à proposer", réagit le maire de Grasse, Jérôme Viaud.
Une position que partage le président du Conseil départemental des Alpes-Maritimes, Charles-Ange Ginésy : "Je reste convaincu qu’Éric Ciotti va nous permettre de retrouver une ligne droite. C’est un homme de conviction qui a envie de poursuivre et d’aller en avant. Éric Ciotti est celui qui a une voix claire, qui affirme les choses et qui doit nous permettre d’engager une politique qui redonne de la vitalité au pays."
Le défi de rassembler
Si suivre la ligne d’Éric Ciotti semble moins évident pour d’autres élus LR, la majorité semble vouloir construire avec le nouveau président élu. Le maire de Cannes, David Lisnard se dit prêt à préparer "un projet d'alternative fort et crédible qui permette de rassembler une majorité de Français, avec pour finalité de refonder une société prospère par la liberté, un État performant et respecté, une nation unie et forte de sa culture".
"Je ne suis pas forcément dans cette sensibilité", avoue quant à lui le maire d’Antibes, Jean Leonetti. Il espère que malgré la ligne droitière qu’il incarne, Éric Ciotti pourra rassembler tous les courants des Républicains.
"Pour moi ça ne se résume pas au régalien, au problème de l’immigration ou au problème de la sécurité. On doit construire aujourd’hui un nouveau projet d’espérance pour la France, car s’il y a un rejet aujourd’hui de M. Macron, à qui confierons-nous les rênes de ce pays ? À l’extrême gauche ou à l’extrême droite ? Je crois que nous avons une responsabilité à la fois de rassembler et en même temps d’ouvrir et de projeter", prévient Jean Leonetti.
Si en façade la plupart des LR semble se ranger derrière Éric Ciotti, la tâche sera sûrement plus complexe dans les faits pour le député des Alpes-Maritimes. Au soir de sa victoire, il s’adressait déjà à ceux passés dans le camp adverse ces dernières années. "Je veux les faire revenir", assurait-il.
Quelques défiances
Mais d’autres élus Les Républicains sont moins enclins à construire ce nouveau projet dont parle Éric Ciotti. Depuis l’élection de ce dernier, 3 maires des Alpes-de-Haute-Provence ont déjà annoncé quitter le parti : Camille Galtier, maire de Manosque, Sophie Vaginay-Ricourt, maire de Barcelonnette et David Gehant, maire de Forcalquier. "Si le choix des adhérents est souverain, il ne correspond malheureusement pas aux attentes des Français de droite qui désespèrent depuis près de 10 ans le retour d’une force politique qui ne soit ni étouffée par l’idéologie macroniste, ni supplétive des thèses extrêmes du Rassemblement national", précisent-ils.
Déjà parti des Républicains depuis 2019, le sénateur de l’Hérault, Jean-Pierre Grand ironise déjà sur les résultats de cette élection à la présidence. Une aubaine, selon lui, pour les groupes de la majorité présidentielle, Horizons ou Renaissance, qui devraient voir leurs rangs se garnir des Républicains les plus modérés.
L’élection d’Éric Ciotti à la tête des Républicains, lui qui entend rassembler, aura également son lot d’insatisfaits au sein du parti. À Renaissance, on ne cache même pas l'envie de profiter du clivage autour de la ligne qu'incarne Éric Ciotti. À peine ce dernier élu, Stéphane Séjourné, le patron du parti de la majorité présidentielle, a lancé un appel pour convaincre "la droite républicaine", de le rejoindre.