Attentat du 14 juillet à Nice : le procureur antiterroriste répond au sujet des prélèvements d'organes sur les victimes

Ce mardi 12 décembre, cinq familles de victimes de l'attentat du 14 juillet 2016 à Nice ont été reçues au tribunal de Paris par le parquet antiterroriste. Elles attendaient une réponse sur l'identification des organes prélevés sur leurs proches. Jean-François Ricard, procureur antiterroriste, explique à France 3 Côte d'Azur la réponse qui leur a été donnée.

Jean-François Ricard, procureur de la République antiterroriste, a reçu mardi 12 décembre cinq familles de victimes de l'attentat du 14 juillet 2016 à Nice. Depuis un an, ces familles attendaient qu'on leur certifie avec un test ADN que les organes prélevés étaient ceux de leur proche, avant de les récupérer, à leur demande.

Mais contre toute attente, ces familles ont appris que l'identification avait été impossible au vu de l'état de conservation des organes. Le procureur antiterroriste a répondu aux questions de France 3 Côte d'Azur pour éclairer la situation.

France 3 Côte d'Azur : Pouvez-vous expliquer ce que vous avez annoncé aux familles ?

Jean-François Ricard : "Tout d'abord, je voudrais rappeler qu'il s'agit de 5 familles de personnes décédées alors qu'il y a eu 86 personnes tuées dans cet attentat effroyable. À ces 5 familles qui souhaitaient avoir des confirmations sur les prélèvements organiques réalisés lors des autopsies de leur proche, nous avons présenté les résultats des expertises qui ont été menées. Il s'agit d'expertises à caractère génétique. Nous avons eu un long moment d'échange pour pouvoir évoquer avec eux l'ensemble de ces questions. 

Quels sont les résultats de ces expertises ? J'aimerais souligner deux choses. La première est qu'il n'y a eu aucune erreur en ce qui concerne les corps qui ont pu être attribués aux défunts. Autrement dit, l'identification des défunts a été totalement confirmée par ces expertises génétiques. Le second point, c'était la recherche éventuelle d'une empreinte génétique dans les prélèvements effectués. Celle-ci, hélas, compte tenu du délai écoulé, du mode de conservation n'a pas pu être réalisée. On n'a pas pu mettre en évidence l'empreinte génétique à partir de ces prélèvements."

On ne peut donc pas dire avec certitude que les organes sont ceux des victimes ?

"Si on peut le dire avec certitude dès lors que les prélèvements ont été attribués avec un numéro bien précis par l'institut médico-légal et qu’à ce numéro bien précis grâce aux nouvelles expertises réalisées il y a une certitude d'attribution à un défunt et ce défunt est bien le proche de telle ou telle famille. Il y a donc déjà une certitude mais il n'a pas pu y avoir une confirmation supplémentaire grâce à une expertise complémentaire qui aurait pu être réalisée sur ces prélèvements. Cette certitude elle existe et elle est incontestable."

Des familles sont sorties en pleurs. Est-ce que vous comprenez cette réaction ? Ils ont été bouleversés notamment de découvrir l'état des organes conservés.

"Je la comprends totalement. C'est tout à fait normal. Ces prélèvements ne sont pas faits normalement pour être conservés pendant des années et des années, mais pour permettre des expertises dans des délais beaucoup plus courts. Ici, les demandes qu'ils nous ont faites, nous avons tenté de les exécuter. Elles n'ont pas abouti, mais l'état de conservation de ces scellées est tout à fait compréhensible compte tenu du temps écoulé."

Certaines familles repartent pour certaines avec le doute que ces organes sont bien ceux de leurs proches.

"Nous leur avons expliqué très longuement qu'il ne pouvait y avoir de doute. Ils auraient aimé avoir d'autres vérifications complémentaires, mais elles n'ont pas pu être réalisées pour des motifs techniques."

Est-ce que la restitution des organes sera possible ?

"Oui, elle sera possible. Elle sera demandée au cas par cas par chacune des familles, y compris dans cet état de conservation qui n'est effectivement pas le plus souhaitable."

Vous reconnaissez que le cas niçois n'a pas été traité de façon tout à fait correcte ? 

"D'abord, tout attentat est un échec. Ce que nous devons réussir, c'est empêcher les attentats. Face à une situation de tel chaos, tout a été fait dans les meilleures conditions possibles, mais tout n'a pas été parfait, c'est évident. Je ne peux que le reconnaître."

Propos recueillis par Nathalie Layani et Frédéric Tisseaux ce 12 décembre. 

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