Comme chaque année depuis 2017, les principales associations de victimes ont installé un sapin en hommage aux 86 victimes de l'attentat du 14 juillet. Cette année, il sera face au kiosque à musique, pour s'éloigner d'un sapin "concurrent" installé par une autre association, et d'une polémique que chacun veut éviter.
A son mari posté en haut de l'échelle, Anne Murris distribue un à un les petits anges qui viendront garnir le grand sapin installé sur la Promenade des Anglais. 86 au total, évidemment. Pour n'oublier aucune victime de l'attentat :
"Ce n'est qu'un sapin mais à travers ce genre de manifestation, on essaie de porter un message de vie et d'espoir, on essaie d'honorer la vie de tous ceux qui sont partis, et faire en sorte que la vie de ceux qui restent soit la meilleure possible... ou la moins pire".
Anne Murris, présidente de l'association "Mémorial des Anges"
Malgré le froid, Carolina Mondino est venue participer à la décoration du sapin. Le 14 juillet 2016, elle a été grièvement blessée par le camion du terroriste, et son amie n'a pas survécu. Depuis, elle s'impose un devoir de mémoire, d'autant plus indispensable selon elle, que les jeunes générations, qu'elle rencontre lors de ses interventions dans les écoles, grandissent sans toujours connaître ce drame.
"Il y a des choses qui sont nécessaires parce qu’il faut que des événements comme ça ne tombent pas dans l’oubli (...) pour la mémoire de toutes ces personnes décédées d'une façon très injuste".
Carolina Mondino, victime de l'attentat du 14 juillet 2016 à Nice
Ce sapin, Patrick Prigent, président de l'association Life for Nice 14 juillet 2016, veut en faire un lieu de recueillement pour tous.
" On veut que les Niçois s'approprient ce sapin (...) parce que tout le monde a été touché en fin de compte, même ceux qui n'étaient pas sur la Promenade des Anglais".
Patrick Prigent, président de l'association "Life for Nice : 14 juillet 2016"
Juste à côté, Célia Viale finalise l'installation de la "boite des anges" : une boîte aux lettres dans laquelle chacun peut glisser un mot, un dessin, un message d'espoir, jusqu'au 4 janvier. Tout sera ensuite conservé par les associations.
"Noël, nous qui avons pour certains perdu des proches, ça n'est pas un moment facile, c’est vraiment un euphémisme de dire ça, et donc on a récrééé une famille par ce drame, ça nous rapproche, c’est aussi communier ensemble".
Célia Viale, co-présidente de l'association "Promenade des Anges : 14 juillet 2016"
Cette année, leur sapin trône près du kiosque à musique, pour prendre un peu de distance avec un autre sapin installé quelques jours plus tôt, celui d'une association dont personne, ici, ne souhaite parler. Pas de place pour la polémique, alors qu'il s'agit aussi d'unir ses forces dans l'attente de plusieurs rendez-vous importants.
Ce mardi 12 décembre d'abord, le parquet antiterroriste délivrera aux quatre familles concernées le résultat des analyses génétiques sur les organes prélevés sur le corps de leurs proches décédés et conservés sans plus d'informations depuis 7 ans. Une étape douloureuse et cruciale, qui nécessitera sans doute de nouvelles inhumations.
Et puis il y a les rendez-vous judiciaires : le procès antiterroriste en appel, l'an prochain, et la suite de l'instruction niçoise sur d'éventuelles failles dans le dispositif de sécurité. Beaucoup attendent que les représentants de la Ville et de l'Etat soient traduits en justice. Fin octobre, les juges d'instruction en charge du dossier ont requalifié les faits en "homicide involontaire", relançant la possibilité d'un procès.