Cette étude pilote consiste à proposer aux patients d'un EHPAD en réalité virtuelle soit des films personnalisés, soit des images neutres pour mesurer l'incidence sur leur pathologie. Si les résultats sont concluants, cette thérapie non médicamenteuse pourrait être généralisée.
C'est une étude pilote en France. Lancée en décembre 2020 par le Centre hospitalier de Nice, elle consiste à étudier le comportement de patients de plus de 65 ans, atteints de la maladie d'Alzheimer, qui souffrent des troubles légers à modérés.
Deux EHPAD concernés
Les participants de deux établissements pour l'instant (EHPAD-USLD de l'hôpital de Cimiez et EHPAD Clos de Cimiez) ont été répartis en deux groupes. On leur place sur le visage un casque de réalité virtuelle selon un programme établi par une start-up de Sanary-sur-Mer dans le Var, la société C2Care.
Pour le premier groupe, il s'agit d'images ou de films neutres comme Nice, ou la Promenade des Anglais par exemple.
Pour le deuxième groupe, tout a été personnalisé par Cassandra Quin, psychologue spécialisée en gérontologie. C'est elle qui, après discussion avec le patient, insère des vidéos tournées en 360 dans le logiciel. Les images y sont associées à une émotion !
Ce n’est pas simplement proposer une séance de réalité virtuelle. On offre une possibilité aux résidents, dans un contexte de crise sanitaire, de se replonger dans des lieux ou souvenirs qu’ils connaissent et ont investi émotionnellement alors qu’ils ne peuvent plus se déplacer hors de l’EHPAD.
La séance ne dure que 5 à 10 minutes. L'étude porte sur deux séances hebdomadaires sur une durée de six semaines.
Une thérapie non médicamenteuse
Anne-Julie Vaillant-Ciszewicz est docteure en psychologie, psychologue clinicienne en gérontologie et porteur du projet. Elle considère que cette étude est essentielle pour la prise en charge des patients, et les premiers retours sont encourageants.
La thérapie par réminiscence s’inscrit dans les thérapies psycho-sociales qui sont recommandées par la Haute Autorité de Santé mais elles n'ont pas toutes fait leurs preuves. C'est tout l'enjeu de cette étude pilote.
Les résidents en EHPAD sortent peu. Certains n'ont quasiment plus de contact avec l'extérieur. La pandémie de Covid n'a rien arrangé. Les personnes qui souffrent de la maladie d'Alzheimer ont vécu des choses lourdes, ont beaucoup perdu en autonomie. La réalité virtuelle casse les murs de l'EHPAD, stimule la mémoire, reconnecte l'image à l'émotionnel et peut permettre de réduire la prescription de médicaments pour les troubles anxieux.
La suite du protocole permettra d'inclure davantage de résidents, 30 au total, pour générer des résultats statistiquement interprétables.
Les conclusions de l'étude devraient être rendues publiques d'ici l'été 2022.
En France, la maladie d'Alzheimer touche 900 000 personnes, et 15% des plus de 80 ans. On enregistre 225 000 nouveaux cas chaque année.