Les agriculteurs des Alpes-Maritimes ont mené à leur tour un blocage devant le Centre administratif départemental des Alpes-Maritimes (Cadam), à Nice, ce jeudi 28 novembre. Dans leur viseur, l'accord du Mercosur, mais aussi la hausse des coûts de production dans cette région d'oléiculture.
Du fumier et de la laine sont venus recouvrir la chaussée très tôt dans la matinée. Vers 6 heures du matin, les agriculteurs des Alpes-Maritimes se sont donné rendez-vous devant la Cadam, à Nice. Les entrées du centre administratif ont été bloquées. Une banderole "Mercosur rien de sûr" a été déployée.
Ils protestent à leur tour contre le projet d'accord agricole avec les pays d'Amérique du Sud qui composent le Mercosur. Une opération à l'appel de la FDSEA et des Jeunes Agriculteurs 06. Même si le département n'est pas concerné à la même échelle que d'autres territoires qui comptent d'avantage de producteurs de bovins et d'ovins.
"Notre chance, dans le département, c'est qu’on a beaucoup de vente directe et que les consommateurs nous achètent autant des paniers de légumes que des colis de viande. Mais aujourd’hui, on n’arrive pas à gagner notre vie dignement. Si en plus de ça on nous inonde d’importations, clairement il faut arrêter", explique Julien Villon, éleveur de bovins à Guillaumes, au micro d'Aline Métais, journaliste France 3 Côte d'Azur.
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Baisse de la qualité de l'alimentation
Les agriculteurs craignent que ces produits venus d'Amérique du Sud affaiblissent les ventes des producteurs français et détériorisent la qualité de l'alimentation dans l'Hexagone.
"Les produits on va se les prendre en pleine figure, on va être en concurrence. Le grand perdant, c'est le consommateur, pas de traçabilité, pas de contrôle, on va consommer des ovins, poussés aux hormones et aux produits interdits. C'est dans l'assiette que ça termine !", explique Jean-Philippe Frère, président de la FDSEA 06.
En plus de ce possible accord, les agriculteurs des Alpes-Maritimes doivent faire face à d'autres problématiques locales. Le secteur est soumis à une hausse du foncier, mais aussi une flambée des matières premières, comme l'eau, essentielle pour la production d'olives.
On dirait que je m'égosille avec mes collègues. Je regrette d'en arriver à des manifestations pour se faire entendre. On revient au même endroit pour conserver l'agriculture dans les Alpes-Maritimes
Jean-Philippe Frère, président de la FDSEA 06.
Ras-le-bol
Dans leur viseur, les pouvoirs locaux, comme les maires. Les agriculteurs estiment ne pas être entendus malgré des dossiers portés depuis plusieurs années, comme une tarification de l'eau adaptée aux agriculteurs. "C'est plus que de la fatigue, c'est de l'énervement, du ras-le-bol", assure Jean-Philippe Frère.
Des producteurs ont fait spécialement le déplacement pour l'occasion de cette journée de mobilisation, quitte à rouler de nuit. "Je suis venu de Gattières en tracteur pour manifester et exprimer nos revendications. La paperasse, on est méprisés, on a du mal à produire, on en peut plus", confie Jean-Pierre Clerissi, maraîcher, au micro d'Aline Métais, journaliste France 3 Côte d'Azur.
Autonomie alimentaire faible
Les agriculteurs s'étaient mobilisés pour les mêmes revendications au début de l'année 2024. Le nombre d'exploitations agricoles a diminué dans le département. À tel point, que l'autonomie alimentaire des Alpes-Maritimes est d'une demi-journée.
Cette mobilisation s'organise dix jours après celle des agriculteurs du Var, le 18 novembre dernier. Ces derniers s'étaient rassemblés sur des ronds-points, pour alerter sur les problématiques liées à leur profession.
Actions à Paris
D'autres actions du milieu agricole sont organisées ce jeudi 28 novembre en France, comme à Paris devant le siège de l'Institut national de la recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (INRAE).
Un mur de briques a été érigé pendant la nuit. La FRSEA d'Ile-de-France dénonce sur X, les "entraves", de l'institution dans le quotidien des agriculteurs.