Alors que la loi dite "Anti-Airbnb" vient d'être adoptée, pour mieux réguler les locations saisonnières, le Collectif National des Habitants Permanents publie une carte censée regrouper l'intégralité des annonces publiées en France sur un an, par région et par commune. Ces chiffres, souvent impressionnants, sont pourtant contestés par Airbnb.
Quelques jours après l'adoption par le Parlement de la loi dite "Anti-Airbnb", et en plein débat sur la place que doivent occuper les logements saisonniers dans les communes touristiques, voilà qu'une association vient de publier une carte à priori explosive. Elle permettrait de visualiser, sur toute la France, l’ensemble des logements mis en location saisonnière sur Airbnb sur la dernière année.
À l’origine de cette carte, on retrouve le Collectif national des Habitants Permanents (CNHP), créé en mai 2023 en regroupant divers collectifs locaux de défense du logement à l’année, notamment à Paris et au Pays Basque. “On a trouvé bon de faire une asso nationale pour avoir de l’influence au niveau politique, faire un groupe de lobbying d'intérêt général en quelque sorte”, explique l’un des data-analystes de l’association, qui souhaite rester anonyme.
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Autant d'annonces Airbnb à Nice qu'à Marseille
Parmi les différents chantiers entrepris à la création de l’association, il y a donc cette carte, dont l’idée est venue parce qu’il y a “beaucoup de discours autour des meublés de tourisme, mais personne n’a aucune idée de ce qu’il en est vraiment”, explique le data-analyste.
“Et souvent, une image parle d’elle-même”, poursuit-il, image qu'il a donc fallu créer. La société américaine n'a en effet jamais communiqué officiellement sur le nombre de logements qu'elle propose, et s'y refuse toujours.
Après une première version 2023 incomplète, la carte de France des Airbnb est donc sortie il y a quelques jours, au moment de l'adoption de la loi censée mieux les réguler, hasard du calendrier. La région Paca fait jeu égal avec l'Île-de-France sur le nombre d'annonces publiées en 2024, avec 144 935 offres sur un an, contre 147 533 en région parisienne.
Ces chiffres s'expliquent principalement par l'arrivée massive de nouvelles offres cet été pour les JO de Paris 2024 selon le CNHP, qui affirme qu'en temps normal, la région Paca trône de loin à la première place du classement.
Et comme on peut s'y attendre, certaines villes concentrent à elles seules un grand nombre de ces logements saisonniers. En tête dans la région, il y a bien sûr Marseille, avec 12 010 annonces enregistrées cette année.
Mais juste derrière, Nice suit en 2ᵉ position avec 11 673 logements proposés sur un an.
Ce sont des chiffres énormes, c'est une invasion à ce niveau-là.
l’un des data-analystes de l’association.
C'est lui qui a collecté les données d'Airbnb en analysant leur base de données pendant des mois.
Vient ensuite Cannes, avec un autre chiffre énorme, compte tenu de la taille modeste de la ville, qui comptait 73 255 habitants en 2021 : 8 137 annonces Airbnb ont été proposées dans la cité des festivals. Pour compléter le top 5, on retrouve ensuite sans surprise Antibes, avec 7 736 offres, et Saint-Raphaël, loin derrière avec 3 107 locations.
Si l'association ne se déclare pas anti-Airbnb, elle assume être contre les logements achetés pour être proposés exclusivement sur Airbnb. "Les chambres chez l'habitant c'est 10% de l'offre d'Airbnb, et ce chiffre n'évolue pas du tout. C’est bien le signe que l’explosion du nombre de logements est due à l'arrivée d'investisseurs", expliquent les membres de l'association.
Ils revendiquent la mise en place de quotas dans les villes les plus concernées, en citant l'exemple concret de Saint-Malo, en Bretagne.
En 2021, la commune, envahie de logements secondaires, a été la première à installer ce principe. "Quand la ville a annoncé le système de quota, le nombre de biens immobiliers à vendre a explosé. Et quand on voyait les photos, on voyait que c’étaient des anciens Airbnb".
Happy Halloween 🎃
— Collectif national des Habitants Permanents (CNHP) (@CollectifCNHP) October 31, 2024
(Carte de France Airbnb) pic.twitter.com/mhmNaHiPna
Des données "pas fiables", répond Airbnb
Confrontée à l'existence de cette carte, conçue à partir des données de leur propre site, Airbnb a souhaité s'exprimer, pour contester la validité de ces chiffres. "Les données de cette carte, qui proviennent d’un logiciel de data-scrapping, ne sont pas fiables. Pour rappel, l’essentiel des hôtes en France louent leur propre bien occasionnellement, moins de 120 jours par an, pour boucler leurs fins de mois", explique l'entreprise américaine.
Elle rappelle enfin que "le développement des meublés de tourisme a permis de nourrir une dynamique vertueuse pour l'économie locale des Alpes-Maritimes".
De son côté, le CNHP promet désormais de mettre à jour chaque année sa carte de France des meublés de tourisme, pour pouvoir juger l'évolution du phénomène, et les effets attendus de la nouvelle loi.