Avec la canicule, les sans-abris sont particulièrement vulnérables. Dès ce 17 juillet, le CCAS de Nice ouvre ses portes en journée, en plus du soir, pour les accueillir au frais.
Dans la rue, impossible de prendre une douche fraîche, ni de se rafraîchir au cours de la journée. Encore moins d’allumer un climatiseur, ou parfois de se remplir un simple verre d’eau.
Les sans-abris sont particulièrement touchés par les vagues de chaleur qui frappent l'hexagone. A la mi-juillet, 37 départements sont placés en alerte orange canicule, dont les Alpes-Maritimes.
Des risques de mortalité
En été, les principaux risques auxquels sont confrontées les personnes à la rue en période de forte chaleur sont la déshydratation et l’hyperthermie. Les SDF, surtout ceux qui ont une dépendance à l’alcool, ne pensent pas à boire suffisamment d’eau. La chaleur peut aussi faciliter l’infection de certaines plaies ou aggraver les maladies de peau dont peuvent souffrir les personnes à la rue.
La mortalité des personnes sans abri reste néanmoins, à ce jour, très mal documentée et chiffrée. Seul le Collectif les morts de la rue (CMDR) comptabilise, depuis 2002, le nombre de décès de ces publics, chaque année en France.
Dans leur dernier rapport, ils estiment ainsi à plus de 600 le nombre de personnes décédées en 2021. Mais il s’agit d’une liste "non-exhaustive", précise le collectif, car les informations proviennent des particuliers, des associations, des institutions ou des médias. Pour 2022, 181 personnes ont perdu la vie.
Le Centre Communal d'Action Social de Nice mobilisé
Contacter les établissements d'urgence relève du parcours du combattant. Ce dimanche, 17 juillet, nous rencontrons plus facilement les messageries que les interlocuteurs. La canicule, elle, malheureusement ne prend pas de répit.
Dès aujourd'hui, avec le CCAS, les sans-abris pourront bénéficier d'un "hébergement d'urgence de jour, avec climatisation et boissons fraiches", a précisé la mairie de Nice :
Le centre habituellement ouvert de nuit, sera néanmoins doté d'une capacité d'accueil limitée (100 lit le soir dont 15 pour les femmes). Les animaux ne sont pas admis, mais la mairie affirme "cette problématique est connue de nos services, nous travaillons dessus". Le centre restera ouvert de jour jusqu'à la fin de l'alerte canicule. A l'ouverture, une trentaine de personnes se sont rendus à l'hébergement pour fuir les fortes chaleurs.
A Nice, il y aurait plus de 300 personnes vivant à la rue.
En période de canicule, de nombreuses associations et collectifs se mobilisent, en réalisant des maraudes auprès des sans-abris. Avec les restrictions liées à la sécheresse, trouver des points d'eau et des endroits au frais, risque d'être plus compliqué.
"Il fait tellement chaud que même la nuit c'est difficile de dormir"
A Antibes : même combat. Aux abords d'un supermarché, Amin sans-abris cherche désespérément un coin d'ombre. Le bitume est brulant. Pour se rafraîchir, il se rend à quelques mètres et utilise les douches publiques de la plage, malgré cet accès à l'eau, il reconnaît : "il fait tellement chaud que même la nuit, c'est difficile de dormir."
Il aimerait pouvoir trouver refuge le temps de la canicule, mais il n'a pas rencontré de structure qui l'accepterait avec sa chienne, âgée de 14 mois. Certains clients, lui offrent une bouteille d'eau à la sortie, néanmoins avec un mercure qui dépasse les 30 degrés, cette période estivale s'annonce très rude pour lui et ses compagnons de la rue.
Les bons gestes à adopter
- Boire régulièrement de l’eau à température ambiante (éviter l’eau glacée)
- Rester dans les endroits les plus frais à disposition
- Éviter l’alcool et les efforts sportifs
Les SDF meurent-ils plus l'été que l'hiver ?
Ce mercredi 12 juillet, la députée écologiste Nupes, Sandrine Rousseau, a interpellé l'Assemblée nationale sur les problématiques liées à la canicule. Elle a évoqué la situation des personnes sans-abris, qui souffrent particulièrement des fortes chaleurs estivales, "les personnes sans domicile fixe meurent plus de chaleur l’été que l’hiver", a-t-elle alors déclaré.
En réalité, sur ces dix dernières années, en moyenne, 10,2 % des décès ont eu lieu en janvier et 8,5 % en février, contre 8,1 % en juillet et 7,5 % en août. "Il y a très peu de différence entre l’été et l’hiver concernant les décès que nous apprenons, analyse le Collectif les morts de la rue auprès de nos confrères de Libération. Ce ne sont pas les saisons ou les conditions climatiques qui tuent, mais plutôt les mauvaises conditions de vie."
Les risques de mortalité l'été n'en demeurent pas inexistants. Il faudra redoubler de vigilance durant ces vacances.