Xavier Millot, responsable d'un centre équestre, est sous le feu des critiques depuis qu'il a été filmé en train de frapper une jument, samedi, lors de la fête du cheval de Levens. Il s'exprime pour la première fois à France 3 Côte d'Azur.
La fête du cheval de Levens, dans les Alpes-Maritimes, qui se tenait les 29 et 30 juillet, a été ternie par un événement filmé et diffusé sur les réseaux sociaux. Dans une séquence devenue virale, on aperçoit un homme frapper un cheval à deux reprises avec le manche d'une pelle. L'homme essaie de faire monter dans un camion l'animal qui semble récalcitrant.
La vidéo est devenue virale et a totalisé plus de 128 000 vues en quelques jours. Une séquence qui a fait réagir de nombreux internautes et plusieurs associations de défense des animaux, dont One Voice, qui a annoncé avoir déposé plainte pour "actes de cruauté", mercredi 2 août.
"Si moi, j'avais vu cette vidéo, j'aurais été aussi choqué"
L'homme que l'on voit frapper le cheval est Xavier Millot, directeur du centre équestre des Preisses de Peillon. Il était présent à la fête du cheval pour y participer, au côté des cavaliers de son club, à un concours équestre. L'animal qu'il frappe sur la vidéo est Princesse, une jument pensionnaire dans son club équestre qui accueille une quarantaine de chevaux.
Xavier Millot a accepté de s'exprimer pour la première fois depuis le début de la polémique auprès de France 3 Côte d'Azur. "Ce geste, je l'ai regretté immédiatement après l'avoir fait", a confié à France 3 celui qui exerce son métier auprès des chevaux depuis une trentaine d'années. "Si moi, j'avais vu cette vidéo, j'aurais été aussi choqué", ajoute-t-il.
"J'ai voulu recapter son attention"
Xavier Millot a expliqué aux journalistes de France 3 Côte d'Azur la raison pour laquelle il a choisi de frapper la jument qu'il voulait faire entrer dans son camion afin de la ramener à son centre équestre.
"Le souci de [la fête du cheval] de Levens, c'est qu'il y a énormément de gens à pied au milieu des chevaux et qu'il y a énormément de foule qui se promène, a-t-il confié. Quand [la jument] a commencé à s'exciter un petit peu, j'ai pris la longe. À ce moment-là, elle a commencé à vouloir se lever. J'ai voulu recapter son attention donc je me suis mis face à elle, j'ai commencé à faire des grands gestes – c'est ce qu'on voit un petit peu dans la vidéo. Malheureusement, il y a un moment où, quand ça ne suffit pas, c'est malheureux, mais il y a un moment où il faut intervenir."
La jument effectuait à la fête du cheval de Levens sa toute première sortie en public, a expliqué Xavier Millot.
"Quand vous avez un animal de 400 kg au bout d'une corde et que celui-ci se met à être difficilement gérable, il y a un moment où il faut intervenir."
Xavier Millotà France 3 Côte d'Azur
"La punition ne fonctionne pas avec le cheval car, dans ce cas précis, on ne lui explique pas ce qu'il aurait dû faire à la place, argue pourtant auprès de France 3 Côte d'Azur Maéva Munier, comportementaliste et éducatrice équin. La violence et les émotions négatives ne mènent à rien avec le cheval."
"Onze secondes de vidéo viennent fortement noircir 30 ans d'activité", a déclaré le responsable de centre équestre, qui affirme aussi que sa jument Princesse, que les journalistes de France 3 Côte d'Azur ont pu voir à son centre équestre, "va bien" et "n'est pas traumatisée." "Le lendemain, on a ramené Princesse au concours. Pour monter dans le camion le dimanche matin, elle est montée sans problème", argue le responsable de centre équestre.
"Depuis cette vidéo, c'est un déferlement d'insultes, de menaces. Mon téléphone sonne toutes les cinq minutes, si je décroche, je n'ai pas le temps de dire quoi que ce soit que les insultes fusent", confie aussi Xavier Millot.
"On me menace de me faire la peau."
Xavier Millotà France 3 Côte d'Azur
Xavier Millot s'est également expliqué au sujet de la bousculade que l'on voit sur la vidéo entre lui et une jeune femme qui l'accompagnait : "C'est moi qui la bouscule volontairement parce qu'elle vient se placer juste à l'avant du cheval. Si le cheval, à ce moment-là, décide de monter dans le camion, il peut très bien monter d'un coup. Et là où elle était placée, elle aurait pu se faire écraser."
Le directeur de centre équestre a affirmé s'être présenté par lui-même à la gendarmerie. Il se dit inquiet pour l'avenir de son centre équestre, où il dispense des cours d'équitation, et disponible pour faire visiter son centre aux associations et être transparent sur ses pratiques.
Une plainte déposée
Mardi 1er août, l'association de défense des animaux One Voice annonçait avoir déposé plainte contre Xavier Millot "pour actes de cruauté, sévices graves et mauvais traitements commis par un professionnel (un facteur aggravant) sur un animal domestique, apprivoisé ou tenu en captivité".
La plainte réclame la mise en sécurité de la jument que l'on voit recevoir des coups sur la vidéo, indiquait également One Voice. "Nous souhaitons que soit mise en sécurité cette jument et qu'une enquête soit menée sur les traitements dans ce centre équestre", explique Muriel Arnal, présidente de One Voice.
Si la plainte portée par l'association est jugée recevable, la sanction encourue est d'un an de prison et 15 000 euros d'amende. L'amende peut être assortie de la confiscation, la fermeture et l'interdiction d'exercer.