Un nouveau confinement ? Oui, mais dans le grand nord suédois. Flavien, Vincent et Thomas, trois jeunes aventuriers rentrent de 40 jours en autonomie complète dans le désert de glace, défi accompli.
Après 41 jours passés dans le grand nord les trois amis sont rentrés sains et saufs, des souvenirs plein la tête.
Même au bout de 40 jours, on n'avait pas forcément envie de rentrer. Même si évidemment on voulait retrouver nos copines et nos familles.
Loin de tout
Il faut dire que partir la période était idéale, avant le troisième confinement. "Avec tout ce qu'il se passe, ça faisait du bien d'être en dehors de tout ça. Tu sors de tout : du système, des horaires, du travail, de l'argent, il n'y a que toi et tes deux potes" raconte Flavien quelques jours après leur retour.
Leur ambition, aller au bout de leurs rêves en partant pour des expéditions extrêmes puis en réalisant un film sur leur parcours.
Notre ambition, c’est d'inspirer les gens de notre génération, peut-être la suivante. Parce qu'on est normaux, on est personne, juste des jeunes Niçois. On veut aussi prouver que chacun est capable, capable de réaliser ces rêves. Je pense aussi qu'on peut adapter cette mentalité dans la vie de tous les jours.
Pour réaliser leur film et charger le matériel, les trois amis disposaient seulement d'un grand panneau solaire : "On gagnait 10 minutes de soleil par jour, à la fin il faisait tout le temps jour" explique Flavien. "C’est un film qui va casser l’image sérieuse de l’expédition. On va montrer la face cachée, nos rigolades".
Préparation extrême
Partis de Nice le 29 mars, Flavien Hillat, Thomas Jarrey et Vincent Lavrov se sont donné comme défi de traverser le grand nord suédois pendant 40 jours à ski-pulka.
Pour l’hygiène, c'est lingettes et shampoing sec. On a eu un premier pic où on s'est senti sales au bout de 5 jours, mais après le corps s'adapte.
La pulka est un traîneau utilisé pour transporter le matériel pour le campement et les réserves de nourriture. Chacun sera chaussé de ski et tirera cette sorte de grosse luge. Voici tout le matériel qu'ils emportent pour être en totale autonomie.
Pour la nourriture, on a fait le choix d’avoir des grosses pulkas, de 125 KG. On aurait pu prendre moins, mais on a envie de pouvoir se faire plaisir quand on avait besoin. On a pris du saucisson, du chocolat et même du rhum par exemple ! C’est important pour l’esprit parce que tous les jours c'est pâtes et repas lyophilisés.
Les amis ont dû se préparer notamment à porter d'importantes charges, 350 kg de bagages et de denrées sont nécessaires pour tenir en autonomie. Leur premier treck était en 2017, 18 jours dans le domaine du Mercantour.
En général, on s'entraîne dans le Mercantour, et pour les charges on portait des pneus sur la Prom, ça fait rire les gens ! Tout a commencé chez nous dans le Mercantour, on y a fait le tout premier film avec Vincent.
Pas à leur coup d'essai
Partis une première fois en 2019 pour le grand froid dans la région du Sarek pour 16 jours, ils ont vécu dans des conditions extrêmes et ont dû affronter les caprices de la glace.
La première fois qu'on est partis, il faisait plus froid, jusqu'à -30 ! Là, cette fois-ci le max était -22. Même les habitants qu'on croisait, nous disaient que ce n'était pas normal et qu'eux aussi voyaient le dérèglement climatique. Quelquefois, la température est montée jusqu'à 8 degrés. C'est perturbant, il faut sans cesse s'adapter, enlever des couches, en remettre...
Les trois aventuriers repèrent leur parcours à l'avance, sur des cartes et des GPS pour éviter par exemple les trop grosses montées qui seraient compliquées à gravir avec une telle charge.
Cette fois-ci, pas de grosses frayeurs comme en 2019 où l'un des aventuriers, Thomas Jarrey racontait sa plus grande peur du voyage, lorsque de la glace s'est brisée sous ses skis.
Il a failli tomber dans l'eau glacée car il n'a pas vu que la couche de glace était de quelques cm et allait s'effondrer. A ces températures, la glace se reforme très vite et il est presque impossible de remonter à la surface et de survivre à un tel choc thermique, même si ses compagnons de voyage étaient à proximité. Mais il affirme : "ça vaut largement ce risque".
Cette fois-ci, avec la montée des températures ils avaient peur que les lacs ne dégèlent. "Si le lac fond, on ne peut plus marcher dessus" explique Flavien.
Après leur expédition dans le Sarek, les aventuriers ont réalisé un film retraçant leur voyage ISÖKEN. Le documentaire a remporté le prix du public au What A Trip Festival Montpellier ! "Un honneur, pour un film que nous avons produit et réalisé. Ce prix coup de coeur du public, est pour nous celui qui a le plus de valeur".
Le retour est parfois déstabilisant :"Je me souviens que lorsqu'on est arrivés au bout, qu'on savait que c'était la ligne d'arrivée, on a vu une antenne 4G, je me suis dit "Oh non, pas envie de ça !" s'exclame Flavien.
Leur récompense ? La rencontre magique des paysages vierges du grand nord… Une façon d'aller au bout de leurs rêves.