L’actuel site du Théâtre de Nice a vu se jouer son ultime représentation hier. L’occasion pour les opposants à sa destruction de faire signer une pétition aux spectateurs contre le projet décidé par le maire Christian Estrosi, qu'ils jugent pharaonique.
"Le Bruit des loups" avant celui des travaux. L’ultime représentation de l’actuel TNN s’est tenue samedi 8 janvier dans l'actuelle salle Pierre Brasseur. Avant ce tomber de rideau pour le site historique, des associations oeuvrant contre le projet de destruction et de relocalisation du Théâtre National de Nice en ont profité pour faire signer une pétition au public, et rappelé leur projet alternatif, basé sur l’amélioration du site existant et estimé à une cinquantaine de millions d'euros.
Celui-ci comprend un Acropolis rénové ainsi qu'une végétalisation des murs du TNN, une piétonnisation de la rue Smolett, et une passerelle piétonne pour relier le le tout à la coulée verte.
Hélène Granouillac, présidente de l'association "Terre Bleue" a rappelé "compter sur une pétition qui est en train de grandir" grâce à "des oppositions qui sont en train de se manifester."
Pour Patrick Allemand, ancien candidat à la mairie sous la bannière du Parti socialiste, "on voit bien qu'il y a un mécontentement grandissant dans la ville par rapport à ce projet parce que, peu à peu, les gens prennent conscience de l'ensemble du projet, et du coût pharaonique que cela va avoir pour les finances locales."
Ces opposants au projet du maire Christian Estrosi, dont les futurs travaux sont évalués à 368 millions d'euros (incluant l'Acropolis et l'extension de la coulée verte), ont tenté de rallier le soutien de la population dans cette ultime bravade.
Nouvel acte
Du côté de la direction du Théâtre National de Nice, le dénouement semble déjà écrit.
A l'occasion de ses voeux pour l'année 2022, adressés en ligne et publiés - avec un peu d'avance - le 31 décembre à 23 heures, la directrice de l'institution culturelle Muriel Mayette-Holtz a rappelé que "L’arbre qui tombe fait plus de bruit que la forêt qui pousse".
La publication précise que le "TNN est là, il se multiplie, il va à la rencontre de tous ses publics. Il continuera de vous émerveiller, toujours ! Ensemble passionnément".
Les nouvelles dates et scènes qui accueilleront prochainement la programmation théâtrale sont présentées comme une saison "hors les murs".
Un déménagement attendu
Ce projet décrié avait été annoncé il y a deux ans par Christian Estrosi. Depuis, les équipes du TNN s'étaient préparées à un incontournable déménagement.
Muriel Mayette-Holtz, devenue directrice du TNN en novembre 2019, déclarait en apprenant la confirmation de la ministre de la Culture quant à la destruction de l'actuel site : "Depuis que je suis arrivée, je travaille au futur. C’est une étape logique et positive, c’est la première pierre d’un projet qui fait une grande confiance au Théâtre National de Nice. Dans un mandat, c’est extraordinaire, c’est exceptionnel. Cela va nous permettre de continuer à enchanter les gens avec une programmation et de mettre sur pied des salles qui sont très performantes."
La salle des Franciscains - ainsi que celle du bâtiment de l’Aigle d’or dédié aux équipes administratives - sera accessible le 15 mars prochain. La nouvelle salle modulaire, qui offre une capacité de 350 à 400 places, a déjà un premier spectacle prévu avec en tête d'affiche Isabella Rossellini. C'est elle, la fille d'Ingrid Bergman, qui inaugurera avec Le Sourire de Darwin, cette nouvelle scène le 26 avril 2022. Un théâtre éphémère, "La Cuisine", de 600 places, sera opérationnel la veille de cette première.
Dans le centre-ville, c'est une salle "Iconic" qui verra le jour une fois le bâtiment terminé, à proximité de la gare niçoise. Une autre salle de 800 places doit être installée d'ici 4 ou 5 ans, dans l’actuel Palais des Expositions.
Adoptée en conseil municipal
Le 10 décembre dernier, c'est à l’occasion d’une délibération "formelle" du conseil municipal que "la désaffectation, le déclassement et la démolition" avait scellé le sort du TNN.
Les premiers travaux concernant le TNN doivent commencer au printemps, ce qui laisse peu de place pour que se développe une nouvelle intrigue autour de cette pièce majeure du patrimoine niçois.