Ce mardi 41 personnes ont été interpellées dans toute la France, soupçonnées d'être liées à une secte internationale sous couvert de pratique du yoga. Plusieurs personnes ont été interpellées dans les Alpes-Maritimes où l'association Yoga intégral a une antenne.
Dans toute la France 175 policiers ont été mobilisés ce mardi pour une opération coordonnée par l'OCRVP, l'Office central pour la répression des violences aux personnes.
Un total de 41 personnes ont été interpellées, soupçonnées d'être liées à une secte internationale accusée de nombreuses dérives sous couvert de pratique du yoga.
Gregorian Bivolaru, gourou roumano-suédois de 71 ans, a été interpellé Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne). Il est le fondateur en 1990 du MISA, Mouvement pour l'intégration spirituelle vers l'absolu, devenu ensuite fédération de yoga Atman, présente dans une trentaine de pays.
Plusieurs interpellations, 12 selon le journal Libération, ont eu lieu dans les Alpes-Maritimes. A Nice est implantée l'association Yoga Intégral, école de yoga qui fait partie de ce mouvement. Cette dernière organise des cours tous les lundis, propose des conférences sur la "révélation du soi" ainsi que des stages qui ont lieu à Nice ou à Pantin en région parisienne.
"Manipulations mentales pour supprimer tout consentement"
Une information judiciaire a été ouverte par le parquet de Paris en juillet 2023 pour abus de faiblesse, séquestration en bande organisée, viols et traite des êtres humains. A l'origine, 12 signalements d'anciens membres recueillis par la Ligue des Droits de l'homme qui les avait transmis à la MILVILUDES (Mission Interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires).
Selon le parquet de Paris, l'enseignement de cette école de yoga mêle le yoga tantra, permettant l'éveil de la spiritualité via la sexualité, à l’ennéagramme, la parapsychologie et l’astrologie.
Dans un communiqué, le parquet précise que "cet enseignement était destiné à conditionner les victimes à accepter des relations sexuelles via des techniques de manipulations mentales visant à supprimer chez les victimes toute notion de consentement dans le cadre de rapports sexuels (...) et dès lors à inciter les femmes choisies à accepter des relations sexuelles avec le dirigeant du groupe, et/ou à s'adonner à des pratiques pornographiques tarifées en France et à l'étranger".
Des stages organisés à Nice
Selon les investigations, des stages dont le but était de "faire participer les personnes à des activités sexuelles et/ou physiques" étaient organisés en région parisienne ainsi que dans les Alpes-Maritimes, "dans des conditions permettant à ce stade de caractériser l’infraction de traite des êtres humains", toujours selon le parquet de Paris.
Selon les informations recueillies par les enquêteurs, des personnes y ayant participé affirment avoir dû "payer leur "séjour" pour les femmes en s'adonnant à des vidéo-chats sexuels, et pour les hommes par du travail manuel".
Les signalements de la Ligue des Droits de l'Homme faisaient état de plusieurs domiciles à Paris et région parisienne. Ces pavillons, "ashram" selon les termes de l'organisation, servaient de lieux d’hébergement, ou plutôt de "séquestration", selon les investigations, pour des femmes sélectionnées par le gourou en vue d'une "initiation" dans un "ashram exclusivement dédié à la satisfaction des désirs du principal mis en cause", explique le parquet.
En 2008, le MISA était exclu de la Fédération Internationale de Yoga et de l’Alliance Européenne de Yoga pour ses pratiques commerciales jugées illicites.
En Italie en 2012, les autorités italiennes ont poursuivi 18 membres de MISA et perquisitionné cinq centres de yoga pour des faits de prostitution, de pornographie et d’esclavagisme sexuel. Six en plus tôt en 2006, Gregorian Bivolaru, fondateur du MISA, avait déjà été condamné par la justice en Roumanie pour relations sexuelles avec une personne mineure.