Eliane Deschamps avait été condamnée en janvier 2022 à deux ans de prison avec sursis pour abus de faiblesse sur des membres de la communauté "Amour et Miséricorde". Ce groupe de prières dont elle était la fondatrice avait été mis en cause pour dérives sectaires.
Elle était surnommée la "Servante", la "Voyante", ou "la Gourelle de Petit-Noir". Eliane Deschamps, à l’origine du groupe de prières "Amour et Miséricorde" en Côte-d’Or et dans le Jura est décédée ce dimanche 22 octobre.
La communauté avait été dénoncée pour ses dérives sectaires. Sa fondatrice avait alors été condamnée à deux ans de prison avec sursis en 2022. Eliane Deschamps avait fait appel de la décision de justice. Avec sa mort, il n’y aura donc pas de deuxième procès. Elle avait 69 ans.
Vierge Marie et pèlerinages
L’histoire commence en 1996, sur les hauteurs de Plombières-les-Dijon (Côte-d’Or), près de la Porte du diable. Dans la nuit du 15 au 16 août, à 00h06, Eliane Deschamps voit apparaître la Vierge Marie selon son récit. Elle explique ensuite la voir tous les 15 du mois à 00h06 et arrive à fédérer une vingtaine d’adeptes autour d’elle.
Pèlerinages et rassemblements sont organisés avant qu’Eliane Deschamps n’aille s’installer dans le Jura, à Chaussin et Petit-Noir. En 1999 elle crée un groupe de prière baptisé "Amour et Miséricorde". Une quinzaine de ses membres s’installent dans le département franc-comtois. Selon les périodes, la communauté attirera jusqu’à 200 membres.
Mais au début des années 2000, plusieurs plaintes sont déposées pour des dérives sectaires. La fondatrice du groupe bénéficie d’abord d’un non-lieu en 2007 mais la Miviludes déclare en 2008 que la communauté Amour et Miséricorde est bien une secte.
Abus de faiblesse et extorsion de fonds
En 2013, l’Archevêque de Dijon rappelle qu'il n'a jamais accordé le moindre crédit aux apparitions dont Eliane Deschamps dit avoir été témoin. L’année suivante, elle est mise en examen pour "abus de confiance, abus de faiblesse et extorsion de fonds" dans le cadre de dérives sectaires.
Après deux jours d’audience en novembre 2021, elle est jugée, avec son bras droit Daniel Delestrac, coupable d’abus sur sept personnes par le tribunal correctionnel de Dijon. La peine est prononcée le 31 janvier 2022. Eliane Deschamps écope de deux ans de prison avec sursis et est également condamnée à payer 62 000 euros de dommages et intérêts aux sept victimes.
"Cela démontre qu’il n’y avait pas de doute de la part du tribunal sur la réalité des faits dont les parties civiles se plaignaient", pointe à l’époque Me Loïc Duchanoy, l’un des avocats des parties civiles.
Eliane Deschamps et Daniel Delestrac, son "grand ami" comme elle l’a dit durant leur procès, seront en revanche relaxés dans une dizaine d’autres dossiers. Celui-ci sera jugé prochainement en appel.
Les plaignants décrivaient un phénonème d’emprise de la part des deux complices, avec des punitions en cas de désobéissance, la mise à l’écart de certains proches et des humiliations infligées.