Jura : « Amour et Miséricorde » à Chaussin, la fondatrice est jugée dans le cadre de dérives sectaires

Après vingt ans de procédure, Eliane Deschamps, la fondatrice du groupe de prière « Amour et Miséricorde » à Chaussin dans le Jura sera jugée en correctionnelle à Dijon, à partir de ce lundi 22 novembre pour abus de faiblesse dans le cadre de dérives sectaires.

A Chaussin dans le Jura, dans une propriété privée à Petit-Noir, vivait en permanence une quinzaine de personnes appartenant à la communauté « Amour et Miséricorde ». Un groupe de prière fondé par Eliane Deschamps considérée comme gourou.  

Cette femme de 62 ans, surnommée "la servante" ou la "voyante" par ses adeptes, dit avoir vu la Vierge Marie pour la première fois dans la nuit du 15 au 16 août 1996 dans une forêt, à 00h06.

Création de "Amour et Miséricorde"

Depuis elle affirme que cette apparition se reproduit tous les 15 du mois, à la même heure. C’est ainsi qu’elle attire autour d’elle des adeptes et en 1999 elle fonde près de Dijon un groupe de prière "Amour et Miséricorde", qui viendra s’installer ensuite à Chaussin dans le Jura.  

Les adeptes de cette communauté se disaient « chrétiens paisibles ». Pourtant en 2002, les premières plaintes sont déposées par des proches et un non-lieu est rendu par la justice en 2007. D'autres plaintes suivront évoquant une manipulation mentale qui conduirait les membres à rompre tout lien avec leur famille. C’est le cas de Pierre Boucher-Doigneau. Depuis 2003 cet homme n’avait plus de contact avec son épouse et ses deux filles qui avaient intégré cette communauté religieuse.  

Rapport alarmant de la MIVILUDES

En 2008, Georges Fenech, à l’époque président de la MIVILUDES, la Mission Interministérielle de Vigilance et de Lutte contre les Dérives Sectaires, s’était déplacé à Chaussin pour y rencontrer des plaignants et les membres de la communauté. Dans un rapport, l’organisme évoque  

des comportements constitutifs de dérives sectaires et un processus d'emprise, de rupture avec l'environnement familial et social et de pressions financières

MIVILUDES

 

Le procureur de Dijon ouvre à nouveau une enquête mais la communauté religieuse décide de s’auto-dissoudre.  

Accusée de dérives sectaires par sa propre fille

Parmi les accusateurs, la propre fille d’Eliane Deschamps, Magali Breux. Elle est entrée au sein de la communauté en 2006 après y avoir passé dix ans, de ses 15 ans jusqu'à ses 25 ans. "Ma mère dit que Jésus prend possession de son corps et qu'il lui dit que les adeptes doivent se détacher du bien qui leur est le plus cher, mais c'est un prétexte pour se faire servir par les adeptes", explique-t-elle à l'AFP.  

Les adeptes donnaient leurs bijoux, des tableaux. On ne pouvait pas s'enrichir sauf de la parole de Dieu donc on versait une pension tous les mois à Éliane, de 300 à 350 euros. Oui bien sûr qu'il y a une emprise

Magali Breux, ancienne adepte et fille de la fondatrice

Après 20 ans de procédure, le procès en correctionnel d’Eliane Deschamps s’ouvre ce lundi 22 novembre à Dijon. Une dizaine de plaignants seront représentés. Pour Didier Pascaud, avocat du gourou présumé, "il n'y a pas d'emprise et il n'y a rien dans ce dossier". Le conseil pointe même du doigt une procédure « ubuesque » qui dure depuis vingt ans.  

Il n'y a aucune conséquence sur la santé morale et physique des plaignants

Didier Pascaud, avocat d'Eliane Deschamps  

Du côté des associations de victimes, on souhaite que les "prévenus soient mis hors d'état de nuire", souligne Aleth Saint-Hillier, présidente de l'Association pour le dialogue et la réconciliation, qui regroupe des victimes présumées. "Mon fils, âgé de 45 ans, est engagé dans ce groupe depuis 20 ans et je ne l'ai pas vu depuis 15 ans", déclare-t-elle.  

Eliane Deschamps comparaitra avec son complice présumé Daniel Delestrac. Le procès devrait durer jusqu’à mardi.  

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