Justice - Eliane Deschamps, fondatrice du groupe de prière "Amour et miséricorde", condamnée à deux ans de prison avec sursis

Eliane Deschamps et son bras droit Daniel Delestrac étaient mis en examen pour abus de faiblesse dans le cadre de dérives sectaires. Le tribunal correctionnel de Dijon (Côte-d'Or) a rendu son jugement, ce lundi 31 janvier.

Après plus de sept ans de parcours judiciaire, le jugement vient de tomber.

Eliane Deschamps, fondatrice du groupe de prière "Amour et miséricorde", est reconnue coupable pour abus de confiance, abus de faiblesse et extorsion de fonds.

Le tribunal correctionnel de Dijon la condamne ce lundi 31 janvier, à deux ans de prison avec sursis. Elle doit également 62 000 euros de dommages et intérêts au titre du préjudice subi pour sept des plaignants.

Une condamnation solidaire avec Daniel Delestrac, considéré comme son bras droit. "Son grand ami", avait-elle déclaré à la barre

Mis en examen au même titre qu'Eliane Deschamps, il écope lui aussi de deux ans de prison avec sursis. 

Un an de prison avec sursis initialement requis

La peine prononcée est "un signal important" selon Maître Loïc Duchanoy, l'un des avocats des parties civiles. 

À l'issue des deux jours d'audience les 22 et 23 novembre 2021, le Procureur de la République de Dijon avait requis un an de prison avec sursis à l'encontre d'Eliane Deschamps et Daniel Delestrac.  

"Cela démontre qu’il n’y avait pas de doute de la part du tribunal sur la réalité des faits dont les parties civiles se plaignaient", pointe Me Duchanoy.

Une vingtaine d'adeptes sous l'emprise

Eliane Deschamps, aujourd'hui 67 ans, a créé "Amour et miséricorde" en 1999. Elle affirme voir la Vierge Marie tous les 15 du mois à 00h06, heure à laquelle elle lui serait apparue pour la première fois en 1996, dans une forêt près de Plombières-lès-Dijon.

Elle attire par la suite une vingtaine d'adeptes qui la surnomment "la voyante" ou "la servante". La communauté s'est déplacée et vit désormais dans la Maison de Petit-Noir, à Chaussin dans le Jura. 

Dans ce procès, neuf personnes se sont constitué parties civiles. Des proches de membres actuels du groupe et des anciens adeptes, dont Magali Breux, la fille d'Eliane Deschamps.

J’avais besoin d’être reconnue victime pour avancer.

Magali Breux

Fille d'Eliane Deschamps

"J'ai perdu 10 ans de ma vie", souffle Magali Breux. "J’avais besoin de ce procès, j'avais besoin d’être reconnue victime pour avancer". 

Mais pour elle la sentence à un goût amer, "un goût d'injustice". Si sept plaignants sont reconnus victimes, il n'en est rien pour les adeptes actuellement sous l'emprise d'Eliane Deschamps. 

"Aujourd’hui Eliane est bien une gourelle, [le tribunal] dit que c’est une secte mais les personnes dedans ne sont pas reconnues victimes, parce qu'eux seraient là-bas de leur plein gré alors qu’on sait très bien que c’est à cause de la manipulation mentale qu’Eliane exerce sur eux depuis des années", s'indigne Magali Breux. 

Satisfaisant, mais insuffisant

Marie-France De Beaucourt est partagée entre satisfaction et déception. Elle n'a pas vu son fils depuis 16 ans. Il fait toujours partie de la communauté de la sexagénaire. 

"Le combat ne s’arrête pas. Mais certaines personnes en sont sorties, ça nous donne un espoir", confie-t-elle, émue.

Marie-France de Beaucourt comme les autres parties civiles auraient préféré que mesures d'éloignements soient prises entre Eliane Deschamps et les membres actuels. 

Une décision "ambivalente"

Du côté de la la défense, la sanction est également jugée "ambivalente". 

"La notion de phénomène sectaire s’applique à tout le monde sans discernement. Là, on a en réalité une vraie dichotomie entre les gens qui ont été sous emprise et méritent une réparation, et pour d’autres en revanche, ce n‘est pas le cas. Ça ne correspond pas à l’infraction globale reprochée à nos clients", développe Maître Didier Pascaud, avocat d'Eliane Deschamps.

Me Pascaud et Me Troncin, avocate de Daniel Deslestrac, réclamaient la relaxe totale et déclarent par ailleurs que le groupe de prière n'existe plus.

Ils ont désormais dix jours pour faire appel, décision qu’ils vont "étudier de près avec [leurs] clients respectifs."  

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