Grève contre la réforme des retraites : pourquoi se sont-ils mobilisés ? Les manifestants, très nombreux à Nice, témoignent

Ce jeudi 19 janvier a marqué la première journée de mobilisation contre la réforme des retraites qui prévoit de reculer l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans. Nous avons demandé aux Azuréens pourquoi il était important pour eux de manifester aujourd'hui.

Ils étaient 20 000 selon la CGT à s'être rassemblés sur la place Masséna à Nice pour manifester ce jeudi 19 janvier dans la matinée. Dans une ambiance bon enfant, les milliers de grévistes voulaient faire passer un message précis : "la retraite à 64 ans, c'est non !"

La police a compté seulement 7500 personnes, un chiffre bien en deçà du comptage des syndicats. Toutefois, la mobilisation niçoise semble dépasser l'ampleur de beaucoup de précédentes manifestations dans la ville.

Cette protestation contre le report de l'âge légal de départ à la retraite réunissait de très nombreux syndicats et même des personnes qui manifestaient pour la première fois de leur vie. France 3 Côte d'Azur leur donne la parole.

Thibault, 23 ans, technicien de maintenance à Carros

"Je ne suis pas là que pour les retraites : tout augmente et derrière ça ne suit pas ! Je peux me permettre de faire grève parce que je gagne plus que le SMIC. Je suis aussi là pour les personnes qui ne peuvent pas se permettre de faire grève." 

Marie, 44 ans, administratrice dans une association de protection de l'enfance à Nice 

"Depuis longtemps, la direction des gouvernements et des institutions va vers la compétitivité. Ils sacrifient les travailleurs du bas de l'échelle alors on se bat aujourd'hui pour que ces travailleurs aient une vie digne ! Ce ne sont pas les cadres supérieurs qui vont payer pour cette réforme, ce sont les travailleurs. Il y a un vrai problème sur la répartition des richesses dans ce pays. On n'est jamais choqués par la richesse excessive et on n'est jamais choqués par la pauvreté excessive. Alors que ça devrait nous choquer en permanence ! "

"Je suis là en priorité pour les premières personnes concernées par cette réforme : celles qui vont avoir une carrière longue avec de la pénibilité. Je suis aussi là pour moi, bien sûr. Je fais un métier administratif mais ce sont des métiers qui évoluent sans cesse. En fonction de notre âge, on n'a pas toujours les mêmes capacités à s'adapter à ces évolutions. A 64 ans, c'est bien plus difficile de s'adapter qu'à 25 ou 30. On nous en demande trop. Cette réforme va créer de la pauvreté chez les seniors."

Alexia, enseignante à Antibes 

"Je suis surtout là pour mes parents. Ils sont ouvriers, ils ont travaillé toute leur vie et si cette réforme passe, ils vont devoir travailler encore plus longtemps. Ce n'est pas normal ! "

"Certes, on perd de l'argent quand on fait la grève mais pour moi, c'était logique d'être là aujourd'hui. Je ne me vois pas à 64 ans avec ma craie et mon tableau, ce n'est pas possible. J'espère que cette grève leur fera prendre conscience, là-haut, qu'on ne peut pas accepter cette réforme. Ça ne sert à rien de nous comparer aux autres pays européens où ils partent à la retraite plus tard : on n'est pas le même pays ! Quand on sait que deux Français sur trois sont opposés à cette réforme, ça donne de l'espoir."

Mehdy, 33 ans, travaille dans une crèche à Nice 

"Je suis infirmier de formation alors je n'en suis pas à ma première manif' ! (rires) Les conditions de vie dans ce pays vont de mal en pis. Nos grands-parents se sont battus pour des droits et maintenant c'est à nous de prendre le relais pour continuer à les défendre. On demande au contribuable de faire toujours plus d'efforts..."

"Je suis aussi là pour mes enfants. C'est important de leur inculquer ces valeurs de défense des droits. Ça leur permet de comprendre pourquoi leur école est fermée aujourd'hui aussi."

Michel, 71 ans, technicien chimiste retraité 

"Ça fait plaisir de voir l'union intersyndicale et de voir qu'il y a autant de monde ! Je suis déjà retraité mais je suis là par solidarité. La retraite concerne tout le monde. Je suis parti à 60 ans à la retraite et je trouve que c'est le bon âge. On a encore un peu d'énergie pour profiter d'une vie sociale. Plus tard, c'est plus compliqué."

Bruno, 57 ans, secrétaire médical en milieu hospitalier à Nice 

"Je manifeste aujourd'hui parce que je suis très inquiet pour mon départ à la retraite. J'étais censé partir à 61 ans, donc dans 4 ans. Et si cette réforme passe, ça voudrait dire encore plus tard alors que je suis déjà fatigué. J'ai envie de passer la main aux jeunes. Si la grève continue, j'en serai."

Vassilia, 45 ans, enseignante dans un collège à Nice 

"Si on laisse passer ça, ça va continuer et on en aura d'autres des réformes comme celle-ci. Le problème, c'est que si à 62 ans je suis fatiguée, je ne pourrai pas partir."

"Je suis venue avec mon fils parce que son école est fermée. Il a voulu faire cette pancarte parce que lui non plus ne trouve pas ça normal de demander aux gens de travailler aussi longtemps."

Julien, 27 ans, développeur informatique à Nice 

"C'est la première fois que je viens manifester. Je suis là pour soutenir mes proches qui sont concernés de près. Je travaille dans l'industrie avec des personnes qui font du travail manuel difficile. Ils se donnent beaucoup de mal, je ne comprends pas comment on peut leur demander de rester encore plus longtemps en poste."

A Marseille, Avignon et Arles, les manifestants étaient aussi très fortement mobilisés. La préfecture de police des Bouches-du-Rhône a compté 26 000 manifestants tandis qu'ils seraient 140 000 selon les manifestants.

"Je pense que le million va être dépassé" sur l'ensemble des manifestants en France, a déclaré le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, à Paris, rapporte l'AFP. Il a évoqué une mobilisation "réussie".

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