L’huile de tournesol est la plus vendue en France, mais depuis le début de la guerre en Ukraine, elle fait défaut. Il faut trouver des alternatives parmi les autres huiles végétales. Tour d'horizon dans les Alpes-Maritimes sur la demande en huile d'olive.
Trouver de l'huile de tournesol devient un parcours du combattant dans les supermarchés. L'Ukraine est le premier exportateur mondial de cette denrée, avec la guerre l'approvisionnement est en tension et les prix s'envolent. A côté, les bouteilles d’huile d’olive continuent de remplir les rayons.
S’il y a moins d’huile de tournesol, les clients vont chercher un autre produit, mais est-ce que ce sera de l’huile d’olive, de l'huile de colza ou bien du beurre ? L’huile d’olive présente en grande surface est avant tout une huile d’importation, elle provient d'Italie, d'Espagne ou bien du Maghreb.
La répercussion sur la demande d'huile d'olive, n'affecterait donc qu'à la marge les petits producteurs français, comme ceux de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, première zone de production avec deux tiers des oliviers de l'hexagone.
Une huile très particulière
Gâteaux, assaisonnement, fritures, cuisson… Neutre en goût, l’huile de tournesol se glisse dans de nombreuses préparations. D’autant plus qu’elle était l’huile la moins chère.
Les restaurateurs commencent à mettre en place des solutions face à la pénurie. Ils diminuent le nombre d'intermédiaires pour réduire les coûts, en s'adressant directement aux grossistes. "Ils ne peuvent pas utiliser de l'huile animale par rapport aux régimes alimentaires des végétariens, mais ils vont se répercuter sur l’ensemble des huiles végétales", reconnaît Christophe Souques vice-président de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie 06 (UMIH) .
Mais difficile pour l'huile d'olive, de se positionner en "grande remplaçante." Des huiles plus abordables comme le colza, l'huile de palme ou les huiles hydrogénées tirent leur épingle du jeu.
les prix de l'huile de tournesol ont augmenté de 400 % en l'espace de quelques mois.
Christophe Souques, vice président UMIH06
Il ajoute : "l'huile d'olive achetée en gros devient quasiment aussi rentable… c'est du jamais-vu." Car ses prix sont plus élevés, les tarifs varient de 5 à 50 € le litre, selon la qualité du produit. Mais ce n'est pas suffisant, car c'est avant tout une huile qui donne du goût aux aliments, ce qui ne convient pas à toutes les papilles et à toutes les recettes. De plus, elle ne peut pas être utilisée au-dessus d'une certaine température.
On ne pourra jamais faire de la friture avec de l'huile d'olive
Christophe Souques, vice-président UMIH06
Des difficultés pour répondre à la demande à cause de la sécheresse
Si la demande d'huile d'olive venait à augmenter face à la pénurie, les petits producteurs auraient bien du mal à suivre.
Depuis 2004, l'huile d'olive de Nice est protégée par une appellation d'origine contrôlée. Une centaine de producteurs locaux vendent ainsi cette denrée particulière, qui ne provient que d'une variété d'arbre. Une huile de niche, très prisée.
Avec la sécheresse, la plus rude enregistrée sur le département depuis 70 ans, le manque de pluie a eu des répercussions importantes sur la production.
On va déjà avoir une production limitée donc si les particuliers se rabattaient sur nous, ça serait compliqué.
Vincent Piot, producteur d'huile d'olive
Dans cette exploitation, les prix risquent d'augmenter de 5% pour anticiper la prochaine récolte qui s'annonce aussi catastrophique. Même constat amer chez Sophie Poudou, implantée à Tourrette-Levens à quelques kilomètres de Nice. Pour cette productrice, qui cultive ses olives en permaculture, les réserves en eau ont été insuffisantes. "D'habitude, je récolte trois tonnes par an, là je n'en ai qu'une à vendre", déplore-t-elle.
Du côté de la famille Lessatini, producteur depuis quatre générations, c'est même 0 litre qui sera produit à cause des conditions climatiques, contre 9000 les autres années.
Ça risque surtout d'importuner nos clients habituels, comme certains grands restaurants, plus que des néo-consommateurs qui viendraient chez nous, car il n'y a plus d'huile de tournesol.
Jean-Yves Lessaniti, producteur d'huile d'olive
Face aux difficultés d’approvisionnement des industriels en huile de tournesol, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes a autorisé le 26 avril des “dérogations d’étiquetage”. Pendant six mois, les industriels sont autorisés à modifier leurs recettes sans changer leurs emballages, avec un réexamen au bout de 3 mois.