Ce mardi 8 août, le docteur Jean-Yves OIlivier se rend au domicile d'un homme pour contrôler son arrêt de travail. Il est violemment agressé, et reste marqué physiquement et mentalement. Il craint également de devoir recroiser l'auteur présumé des faits après avoir appris, par France 3, qu'il a été laissé libre en attendant son renvoi en correctionnelle lundi.
Une plaie au visage, une autre à la main, une côté cassée et un sommeil troublé. Le diagnostic que fait le docteur Jean-Yves Ollivier après sa propre agression donne une idée de cet épisode de violence dont il a été victime, ce mardi 8 août.
Il se rend au domicile d'un homme, en arrêt-maladie, pour vérifier son état de santé. Quelques jours après, il raconte aux journalistes de France 3 Côte d'Azur, Dominique Poulain et Denise Delahaye, cette journée et ses conséquences. Il a repris son activité malgré plusieurs jours d'ITT prescrits - Incapacité totale de travail.
Il craint surtout de recroiser cet individu qu'il pensait en détention. La justice ne l'a pas informé de sa remise en liberté à l'issue de la garde à vue.
"Je suis choqué de cette aventure"
Jean-Yves Ollivier continue d'exercer son métier. Sa passion même. Âge de 79 ans, le médecin dispose toujours d'un cabinet et effectue même des visites à domicile. Celle de mercredi, qui lui a valu 10 jours d'ITT.
"Je suis un peu perdu encore, j'ai de très fortes douleurs sur les côtes, je crois que j'ai une côte cassée" confie-t-il ce samedi matin. Il "dort mal", "prend des médicaments pour essayer de [se] détendre", sinon "l'évènement revient en boucle" assure ce professionnel de santé qui fêtera ses 80 printemps en mai prochain.
Cette journée, il la raconte sans détours. "C'était une visite de contrôle classique, que je fais régulièrement. Je suis missionné pour aller vérifier si un arrêt-maladie est justifié, donc j'ai sonné chez cette personne, qui heureusement se trouvait au rez-de-chaussée".
Je suis tombé sur une personne extrêmement en colère, tout de suite. À peine avait-il ouvert la porte qu'il a commencé à m'insulter.
Dr Jean-Yves Ollivier
L'homme d'une quarantaine d'années commence par lui expliquer les griefs qu'il a à l'encontre de son employeur, et qu'il a un conflit portant sur l'organisation de son travail avec ce dernier.
"Je suis désolé, mais je viens voir si vous êtes malade" lui répond le docteur niçois."Je suis sous anti-dépresseur", lui confie alors le quadragénaire, que le médecin trouve "très dynamique, un peu trop même, je dirais".
Le docteur indique à cette personne qu'il ne pense pas pouvoir justifier son arrêt-maladie, sa colère envers son patron n'étant pas un motif, à ses yeux, suffisant. Jean-Yves Ollivier lui propose alors de signer un papier attestant de cette visite médicale.
"À ce moment-là, il s'est mis dans une rage folle"
L'individu arrache alors le document des mains du médecin, le déchire. "Immédiatement après, il m'a envoyé un coup de poing au visage" se souvient Jean-Yves Ollivier, qui l'a "beaucoup surpris et traumatisé".
"Je me suis enfui immédiatement, car je n'avais pas envie de me battre" poursuit celui qui porte encore les stigmates de cette agression. L'individu le poursuit alors "avec acharnement", à coups de pied, à coups de poing.
Arrivé dans la rue, le médecin crie au secours, croise quelques passants, et un passant "un peu costaud finit par s'interposer". Ce qui a fait qu'il "a arrêté de me tabasser" explique Jean-Yves Ollivier.
"Je me suis demandé ce qui allait m'arriver. Je me suis dit 'Il va m'achever cet homme-là'. Il s'acharnait sur moi".
Dr Jean-Yves Ollivier
Le médecin craint de tomber, de se retrouver au sol et d'être à la merci de nouveaux coups qui auraient pu lui être fatal. Le médecin parvient à s'éloigner, et insiste, face aux journalistes de France 3 Côte d'Azur, pour remercier l'homme qui est intervenu dans la rue, et dont il n'a pas les coordonnées.
L'agresseur continue malgré tout à vociférer et à l'insulter au loin, le médecin, lui, finit par trouver refuge dans une pharmacie. Il rejoint ensuite les urgences pour se faire recoudre, au visage (7 points de suture), et soigner sa main, avec une plaie de 7 centimètres.
Auteur présumé remis en liberté : "Ah bon ! Cela m'inquiète"
Le médecin déplore la violence qui pointe dès qu'il y a un problème entre individus, sa banalisation qu'il juge peut-être à l'origine de son agression.
C'est également la justice qu'il interroge ce samedi. Après sa garde à vue, l'auteur présumé des faits a été relâché ce vendredi 11 août, pour le week-end, alors qu'il est renvoyé en correctionnel dès ce lundi.
C'est d'ailleurs le journaliste de France 3 Côte d'Azur venu recueillir son témoignage, ce samedi matin, qui lui apprend que son agresseur présumé a été remis en liberté. "Ah bon ! Cela m'inquiète ça" lui rétorque la victime.
Je vais faire attention pendant le week-end. Si ce type-là m'attend pour se venger en bas de mon cabinet...
Dr Jean-Yves Ollivier
Visiblement, la justice n'a pas pris le soin de communiquer cette information au docteur de 79 ans. "Je trouve que là, il y a un petit peu de laisser aller. La justice, elle fait bien son travail, mais là, elle est un peu déconnectée de la réalité, car cet homme-là, il est dangereux, donc il ne faut pas le laisser dans la rue, bien sûr qu'il faut le garder quelque part, entre quatre murs, c'est évident !" regrette-t-il.
Lundi, l'agresseur présumé de ce médecin humaniste se retrouvera devant la justice, en correctionnel, en comparution immédiate.