L'interpellation de la deuxième personne a eu lieu en région parisienne dimanche 21 juillet. Un homme a été placé en garde à vue, il est suspecté d'avoir participé à l'incendie ayant fait sept morts dans le quartier des Moulins à Nice. Le procureur de la République Damien Martinelli fait le point.
Au moins trois personnes étaient recherchées depuis la nuit du 17 au 18 juillet. Les caméras de vidéo surveillance avaient capté la présence de trois hommes s'introduisant dans le bâtiment aux alentours de 2 h du matin cette nuit-là. L'incendie s'étant déclaré à 2 h 24, la piste criminelle avait été très vite envisagée.
Plusieurs départs de feu ont été constatés à différents étages (1e, 2ᵉ et 3ᵉ) avec des traces d'accélérant et la piste d'un règlement de compte sur fond de trafic de stupéfiant a été évoquée.
Le procureur de la République Damien Martinelli, a ouvert une enquête de flagrance pour "incendie volontaire ayant entraîné la mort" requalifiée en "destruction volontaire par incendie en bande organisée et ayant entraîné la mort, et association de malfaiteurs en vue de la commission de faits de destruction volontaire par incendie en bande organisée".
Dans ce cadre, les garde à vue peuvent durer jusqu'à 72 heures. Lors de sa conférence de presse ce lundi 22 juillet, le procureur de la République donne des détails sur certains éléments de l'enquête "tout en préservant le secret de l'instruction".
Il ne fait aucun doute que les auteurs se sont mis en situation de tuer des personnes surprises dans leur sommeil par les flammes, les gaz et les fumées.
Le procureur de la République Damien Martinellilors de la conférence de presse lundi 22 juillet à Nice
Selon le procureur, le fait de déclencher, en pleine nuit, plusieurs départs de feu avec des accélérants, est de nature à vouloir la mort des habitants. L'enquête est allée très vite avec notamment le concours des caméras de vidéosurveillance, d'analyses de la téléphonie et de témoignages.
Un deuxième suspect interpellé
Une deuxième interpellation a eu lieu dans ce dossier, dimanche 21 juillet dans le Val-d'Oise. Lors de son arrestation, l'homme présentait des brûlures au mollet. Entendu par les enquêteurs, il aurait fait valoir son droit au silence et aurait "simplement reconnu son implication". Il a été transféré à Nice pour l'enquête.
Pour l'heure les investigations ont permis d'envisager la participation de cinq personnes. Trois individus sont activement recherchés.
Le procureur de la République Damien Martinellilors de la conférence de presse à Nice lundi 22 juillet
Un autre homme, un Azuréen de 25 ans, avait déjà été interpellé et placé en garde à vue vendredi. Il s'était rendu auprès d'un avocat. Il aurait déclaré avoir été le chauffeur "sous la contrainte" et aurait souhaité se rendre lorsqu'il a vu les nombreuses victimes. Il ne faisait pas partie des trois personnes recherchées. Un véhicule avait été repéré sur les lieux : une voiture de couleur sombre de type citadine qui s'était stationnée à l’angle de la rue de la Santoline et de l’avenue Giroud (non loin de l'immeuble) entre 2 h 12 et 2 h 17, pour être revue sur place à 2 h 24 (heure de l'incendie). L'homme a donné des éléments permettant de faire avancer l'enquête. Il aurait reconnu avoir conduit le véhicule, à l'aller et au retour, "sans savoir les raisons".
Selon le procureur, l'homme pourrait avoir en réalité un rôle plus grand que ce qu'il veut bien admettre.
Le conflit lié au trafic de drogue confirmé
Le procureur de la République a décidé d'ouvrir une information judiciaire pour laquelle il sollicite la désignation de deux juges d'instruction pour "destruction volontaire par incendie en bande organisée et ayant entraîné la mort", et "association de malfaiteurs en vue de la commission de faits de destruction volontaire par incendie en bande organisée". S'y ajoute le chef d'"association de malfaiteur en vue de détention, transport, acquisition, offre ou cession de stupéfiant" qui traduit juridiquement la dimension de contrôle d'un point de vente de stupéfiant. Les trois hommes activement recherchés sont âgés de 23 ans (Côte d'Azur), 18 ans (Val-d'Oise), 17 ans (Seine-Saint-Denis).
Il apparait que les victimes ne sont en aucune manière, directement ou indirectement, concernées par ce conflit de territoire.
Le procureur de la République Damien Martinellilors de son point presse le 22 juillet à Nice
Les deux personnes sont déférées et la mise en examen est sollicitée ainsi que le placement en détention provisoire. Les magistrats instructeurs vont poursuivre l'enquête. Les investigations vont devoir chercher de possibles donneurs d'ordre.
Le procureur a terminé son point presse en saluant l'implication des forces de l'ordre, de secours et de justice.
Par ailleurs ce lundi 22 juillet, à la demande du Premier ministre, la déléguée interministérielle à l’aide aux victimes Alexandra Louis s’est rendue à Nice. Elle a rencontré les acteurs locaux dans l'optique de pérenniser les dispositifs d’accompagnement des victimes et des impactés de cet incendie survenu dans le quartier des Moulins.