"J'ai perdu ma mère et j'ai perdu l'homme de ma vie", a témoigné en larmes vendredi devant la cour d'assises la fille de la milliardaire monégasque Hélène Pastor, tuée en 2014 avec son chauffeur, un double assassinat dont son compagnon est accusé d'être le commanditaire.
Dix personnes comparaissent depuis lundi à Aix-en-Provence pour le double meurtre, le 6 mai 2014, d'Hélène Pastor et de son chauffeur Mohamed Darwich, tombés dans un guet-apens devant un hôpital de Nice, commandité, selon l'accusation, par Wojciech Janowski.
Une femme touchée au coeur
La fille d'Hélène Pastor, très émue tout au long de sa déposition qui a duré plus d'une heure, est revenue sur les aveux de son compagnon à l'issue de sa garde à vue, plus d'un mois après les faits. "Il m'a dit que c'était lui le commanditaire", a raconté la quinquagénaire, dans un ensemble pied-de-poule, les cheveux courts coiffés en arrière. "Je comprends pas, ça fait 28 ans qu'on vit ensemble, vraiment je comprends pas, j'ai une rage terrible".
"Je suis anéantie, c'est tout un monde qui s'écroule, 28 ans de vie commune, j'ai plus ma mère, j'ai plus rien", raconte la fille d'Hélène Pastor d'une voix douce, très basse: "J'ai une petite-fille, qu'est-ce que je vais lui dire?".
Une affaire de famille
Hélène Pastor était "une femme qui a dû, de maman, devenir chef d'entreprise avec énormément de responsabilités", "une maman méditerranéenne, une femme seule qui n'a que ses enfants", a décrit sa fille. Sylvia Ratowski a rappelé que sa mère et elle travaillaient ensemble, avec Gildo, son demi-frère. "Au bureau, avec mon frère ça passait mieux avec maman, il était plus doux avec elle".
Interrogée par Me Thomas Giaccardi, avocat des parties civiles, sur sa conviction quant à la culpabilité de son ex-compagnon, elle s'est indignée: "Vous vous rendez compte de ce que vous me demandez? C'est tellement hallucinant que je ne sais même plus quoi penser, j'attends la vérité".
Un homme aimé et aidé
La fille d'Hélène Pastor est aussi longuement revenue sur la gestion de ses finances, et des dons qu'elle faisait régulièrement à son compagnon. Elle a avoué "ne pas s'occuper de sa raffinerie", ni de l'achat d'un bateau, ni de celui d'une maison à Londres, mais de s'être contenté de "faire des chèques".
Selon l'accusation, Wojciech Janowski, qui nie aujourd'hui les faits qui lui sont reprochés après de premiers aveux, aurait commandité le meurtre de sa belle-mère dans l'espoir de détourner à son profit la part d'héritage qu'aurait touchée Sylvia Ratkowski, de la même manière qu'il avait détourné pour lui ou ses sociétés l'essentiel des 500.000 euros que versait Hélène Pastor à sa fille chaque mois.