La préfecture des Alpes-Maritimes met fin à l'hébergement d'urgence de plusieurs familles

La préfecture des Alpes-Maritimes a mis fin à l'hébergement d'urgence de plusieurs dizaines de familles de demandeurs d'asile ou en attente d'un titre de séjour. Elle invoque des diminutions de budget. Mairies et associations dénoncent les délais et la manière.

La Cimade alerte. L'association de défense et d'aide aux demandeurs d'asile et aux migrants n'en revient pas. Ce jeudi, Christine Panaïotis, la présidente de la Cimade 06 dit avoir reçu des dizaines de coups de téléphone de personnes affolées . 

"Les hôteliers venaient de leur dire qu'ils devaient partir dans deux jours". 

Ils, se sont des dizaines de familles de demandeurs d’asile ou en attente de titres de séjours. Des personnes prises en charge par l'Etat à travers l'Office Français de l'Immigration. Lors de leur inscription auprès des services de la préfecture des Alpes-Maritimes, ils ont reçu une proposition d'hébergement et une allocation de demandeur d'asile (dont le montant varie en fonction de la composition familiale). 

"Ce sont des personnes que l'Etat s'est engagé à héberger et à qui on demande de quitter l'hôtel en deux jours. Sans aucune explication". Parmi elles, selon la présidente de la Cimade : des familles avec des nourrissons, des mères seules, des personnes malades sous traitement. Christine Panaïotis précise que ce sont généralement les publics les plus fragiles qui sont hébergés, manque de place. "Les hommes seuls et en bonne santé sont dans la rue. Sur la coulée verte, ou devant l'église du vœu". 

La Cimade, comme d'autres associations, avait été prévenue il y a quelques jours que les préfectures allaient réduire le nombre de place. 

" On a su il y a quelques semaines, par le 115, que de nombreuses places allaient être supprimées à l’automne. Mais on ne s’attendait pas à une vague si importante et rapide. Ces personnes sont dans la procédure de demande d’asile, elles n’ont pas le droit de travailler. Elles n’ont pas le choix, c’est la rue ou la rue". 

"On est choqués par le nombre et par la manière. Certains ont été prévenus par courrier ou par SMS. D'autres c’est l'hôtelier qui est venu taper à la porte en disant dans deux jours vous devez être partis."

Christine Panaïotis, présidente de la Cimade 06

D'après elle, les hôteliers ont reçu, par courrier, la liste des noms des personnes à faire partir. Leur précisant qu'ils pourraient appeler la police au besoin. 

Elle nous donne l'exemple d'un couple de demandeurs d'asile avec un bébé de 9 mois. Ils sont pris en charge depuis le 6 juillet. On leur demande de quitter l'hôtel le 17 juillet. Mais dans le courrier faisant état de cette demande, il leur est proposé un logement "si la famille sollicite l'aide au retour dans son pays d'origine."

La goutte d'eau pour la présidente de la Cimade. "Si on leur propose de les héberger, c'est qu'il y a des hébergements". Elle craint de voir partir à la rue des personnes fragilisées alors que le département entame son 7ème jour consécutif en vigilance orange pour canicule. 

Inacceptable pour la mairie de Cannes

Dans un communiqué à la presse, la mairie de Cannes s'étonne aussi de la situation "inouïe". Elle dit ne pas avoir été prévenue par la préfecture. 

"À Cannes, nous ne connaissons pas le nombre de personnes concernées, leur âge, leur situation. Immanquablement, elles se sont retournées vers les services municipaux et le Centre Communal d’Action Sociale " indique le communiqué. 

"Un transfert de charge vers la commune" qui serait dû à une diminution du budget selon le même communiqué. 

La mairie indique aussi que certaines de ces personnes seraient en situation irrégulière et feraient l'objet de procédure d'Obligation de Quitter le territoire (OQTF). 

La réponse de la préfecture

Ce dimanche, la préfecture des Alpes-Maritimes a repondu par voie de communiqué. 

"Il a ainsi été décidé de mettre fin, à l'échelle du département, à l'hébergement de 488
personnes (sur un total de 2 572 personnes hébergées) en leur laissant deux semaines de délais."

Chacune des situations des personnes concernées a fait l'objet d'un examen individuel approfondi.

Bureau de la communication interministérielle

Les personnes concernées par cette fin de prise en charge correspondent au profil suivant : 

• des personnes sans titre de séjour dont la plupart sont sous OQTF et qui n'ont pas
accepté l'aide au retour volontaire proposée,

• des demandeurs d'asile qui ont été orientés vers l'OFII qui gère un parc de logement
dédié à ce public,

• des personnes ayant des activités professionnelles qui refusent de participer à leur
hébergement,

• des personnes n'ayant pas adhéré à l'accompagnement social et/ou n'ayant pas
communiqué sur leurs démarches.

La prefecture précise qu'aucun appel aux forces de l'ordre pour procéder aux expulsion n'a été fait. Et que tous les partenaires du 115 avaient été informés le 21 juin de la fin de cette prise en charge. 

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