Combien de bâtiments seraient détruits ou endommagés s'il se produisait un séisme de magnitude 6 en Provence comme celui de Lambesc, il y a plus d'un siècle? Une équipe française a mis au point une méthode pour évaluer le risque sismique en tenant compte de l'urbanisation, notamment à Nice.
En cas de séisme, les dommages seraient encore plus importants!
Le dernier tremblement de terre majeur en France métropolitaine remonte à 1909, avec plus de 40 morts dans la région de Lambesc, une zone à l'époque essentiellement rurale, située à une trentaine de km de Marseille.
Si un tel séisme se produisait de nos jours, 370 bâtiments subiraient des dégâts importants, une dizaine seraient complètement détruits et plus de 15.000 seraient endommagés, selon une étude menée par une équipe de l'Institut des Sciences de la Terre de l'Université de Grenoble.
"On ne sait pas calculer le nombre de victimes, mais on aurait beaucoup plus de dommages", a déclaré Philippe Guéguen, un des auteurs de l'étude publiée par la revue américaine Seismological Research Letters.
La région a en effet connu une urbanisation galopante ces dernières années.
"Ce qui est intéressant, c'est que le séisme de Lambesc est à peu près similaire au séisme de l'Aquila en 2009, en Italie, où le nombre de bâtiments endommagés est comparable à ce qu'on prédit si le séisme de Lambesc se produisait maintenant", a-t-il poursuivi. Le tremblement de terre de l'Aquila avait entraîné la mort de quelque 300 personnes.
"En France, dans un pays à faible sismicité, on n'a pas forcément des moyens énormes pour faire des évaluations et des simulations de dommages si un séisme se produisait", a expliqué le sismologue.
Or, si le risque de survenue d'un séisme reste stable dans le temps, l'accroissement de l'urbanisation expose davantage de biens et de personnes à ses conséquences.
Grenoble, Strasbourg et... Nice :
La méthode développée par l'équipe de l'Institut des Sciences de la Terre pour estimer la vulnérabilité au risque sismique a l'avantage d'utiliser des données déjà existantes dans des bases nationales.Les données de l'Institut national de la statistique (Insee) permettent ainsi d'avoir des informations sur la localisation des bâtiments, le nombre d'étages,
l'époque de construction.
"La qualité globale du bâti s'est certes améliorée, mais il y a encore beaucoup de bâtiments qui ont été construits avant l'application de règles parasismiques", a souligné Philippe Guéguen.
Les scientifiques sont partis d'un site test, Grenoble, où une étude exhaustive sur la vulnérabilité des bâtiments avait été réalisée, pour croiser les différents paramètres et construire un modèle applicable à d'autres villes.
"On ne travaille pas bâtiment par bâtiment, mais par zones. Ce sont des méthodes globales, statistiques", a précisé Philippe Guéguen.
L'équipe a vérifié la solidité de son modèle à Nice, une autre ville française parmi les plus exposées au risque sismique et qui avait elle
aussi déjà effectué des évaluations de vulnérabilité.
"On est en train de le tester à Strasbourg", a indiqué Philippe Guéguen.
Le principe de la méthode pourrait être appliqué dans d'autres pays, à condition de bâtir un modèle qui prenne en compte les données de construction propres à ce pays. Des tests doivent d'ailleurs être réalisés en Amérique latine.