Les organisateurs du mondial d’apnée, qui se déroule jusqu’à ce samedi à Villefranche-sur-Mer, ont prévu un dispositif de sécurité exceptionnel. Près de 25 personnes sont mobilisées en permanence sur le site. Depuis le début de la compétition, de nombreux malaises sont intervenus.
Ce lundi 9 septembre, deuxième jour du mondial d’apnée organisé par AIDA à Villefranche-sur-Mer, près de Nice, a mis à rude épreuve le dispositif de sécurité de l’organisation.
Sur quarante compétiteurs, 17 ont été disqualifiés dont au moins 8 suite à un malaise hypoxique (la syncope de l’apnéiste) ou une samba, lorsque l’apnéiste présente des troubles moteurs sans perte de connaissance. Des accidents dûs à une manque d'oxygénation du cerveau, sans gravité s'ils sont pris en charge immédiatement.
► Résultats officiels ce lundi soir :Reste que ce chiffre, inhabituellement élevé, a donné du travail aux équipes de sécurité, qui ont eu l’occasion de montrer tout leur savoir-faire.
Selon le Marseillais Morgan Bourc'his qui a décroché ce lundi le titre de champion du monde, ces malaises peuvent avoir une explication : "Peu de compétitions se déroulent en Méditerranée, elles se passent plutôt en Asie, dans des zones tropicales.
Quand elles se déroulent en mer Méditerranée, elles se passent en Grèce, Chypre, Turquie... Dans des zones où les conditions sont plus stables, les eaux sont plus chaudes. Ici, il y a une couche d'eau froide qui ne se trouve pas loin de la surface... On passe de 26 à 14 degrés. C'est la "thermocline". Les athlètes ont plutot l'habitude des eaux chaudes... Ces conditions ne sont pas évidentes pour tout le monde."
Des "familles" d'apnéistes de sécurité
Une douzaine d’apnéistes de sécurité et autant de personnels médicaux - médecins, infirmières et infirmiers - sont mobilisés en mer à l’occasion de ce mondial.Les premiers à intervenir en cas de problème sont les apnéistes de sécurité de l’équipe de Pierre Frolla, triple recordman du monde d’apnée et responsable du dispositif.
"Les équipes d’apnéistes de sécurité ont été recrutés il y a 3 mois. Ce sont des apnéistes expérimentés. Ils assurent la surveillance, l’intervention, la récupération et éventuellement l’évacuation" résume Pierre Frolla.
Ces apnéistes sont répartis en plusieurs équipes, des "familles", qui se relaient toutes les deux heures dans l'eau. Ils réalisent un véritable ballet sous-marin à chaque fois qu’un compétiteur s’élance.
Scooter sous-marin
L'apéniste de sécurité "1" est le coordinateur en surface. C'est lui qui va envoyer, à tour de rôle, les autres apnéistes de sécurité sous l'eau.D'abord l'apnéiste de sécurité "2", équipé d’un "scooter sous-marin", qui descend à 30 mètres où il attend le compétiteur. Il l’accompagne jusqu’à 15 mètres, où attend l’apnéiste "4", qui accompagne l’athlète jusqu’à la surface.
Dix secondes avant l’arrivée en surface, l’apnéiste "3", le joker plonge à son tour à la rencontre de l’athlète. C’est le plus "frais" pour intervenir dans les derniers mètres de la remontée, là ou le risque de perte de connaissance est le plus important.
En surface, l’apéniste "1" est présent pour prendre en charge l’athlète en cas de nécessité. Reste l'apnéiste d esécurité "5", en réserve, et équipé d'une bouteille pour mettre immédiatement sous oxygène un compétiteur en détresse.
>> Pour Claude Chapuis, co-organisateur de l'événement, les choix des jeunes sont aussi à prendre en compte :
Sécurité mécanique
Le second système de sécurité est mécanique. C’est le contrepoids qui est relié, via une poulie, à l’extrémité du câble de sécurité le long duquel descend l’apnéiste. En cas de défaillance à plus de 30 mètres, le contrepoids est libéré et fait remonter la victime à 1,5 mètre par seconde.Une fois l’apnéiste revenu à la surface, si son état nécessite une prise en charge médicale, il est transporté à un "hôpital flottant" amarré à quelques mètres du câble officiel.
C’est le docteur Karl Willem, du CHU de Nice, qui dirige l’équipe médicale. Tous sont des spécialistes : infirmières et infirmiers réanimateurs, médecins hyperbarristes, psychologue...
Hôpital flottant
Ils ont armé un bateau pour en faire un petit hôpital flottant équipé d’aspirateurs pour les voies aériennes en cas de noyade, défibrillateurs, oxygène, trousses médicales, scopes.Ce lundi, ils ont pris en charge plusieurs apnéistes victimes de syncopes, heureusement sans gravité. Des accidents sans gravité sur le plan médical, mais qui renvoient de l'apnée l'image d'un sport à risque.
Mais selon les organisateurs, ce n'est pas le sport qui est risqué mais certains de ses pratiquants qui prennent des risques. Sur place, des voix s'élèvent pour dénoncer des compétiteurs tentent des plongées à des profondeurs qu’ils ne maitrisent pas, et tombent en syncope à la surface.