Le Covid-19 a obligé l’humanité à faire une pause dans ses activités. L'université Côte d'Azur invite les habitants de la planète à alimenter une carte des phénomènes naturels et actions solidaires qui en sont nés. Dejà plus de 350 contributions, pour se souvenir aussi du meilleur.
Un sanglier sur la Croisette à Cannes ? Une autruche dans les rues de Baltimore aux Etats-Unis ? Les sommets de l'Himalaya à nouveau visibles depuis l'Inde ? Autant d'instantanés d'exception, pris à la faveur du confinement.
En quelques semaines, cette expérience mondiale induite par la crise du coronavirus a été plus loin que tous les accords internationaux sur le climat. Trafics aériens, maritimes et autoroutiers à l’arrêt, productions industrielles stoppées, pour la planète cela a signifié une diminution des émissions de gaz à effet de serre, des ciels à nouveau limpides, une faune qui réinvestit des villes désertées par les humains confinés.
Pourquoi ne pas garder en mémoire les effets exceptionnels de cette expérience ?
"Un album photo, dont la famille serait le monde entier"
A l'origine de cette carte, des chercheurs et des étudiants de l'Université Côte d'Azur. Samira Karrach est co-directrice du programme INVENT@UCA :
Nous avons tous vu passer ces photos, ces petites vidéos, ces articles de presse, ces petits événements nés du confinement. Pourquoi ne pas en faire un album, où la famille serait le monde entier, où chacun pourrait observer ou contribuer ? Ce serait le leg de notre génération qui avec cette pandémie et ce confinement a vécu quelque chose d'unique.
Le projet Open map of the global pause est né.
Une idée de votre part ?
En collaboration avec CartONG, une Organisation Non Gouvernementale basée à Chambéry pour le côté technique, cette carte permet à tout un chacun de poster, et de géolocaliser un cliché, une vidéo, un son qu'il aura collecté près de chez lui.
Le côté collaboratif était pour nous fondamental, poursuit Samira Karrach. C'était très important que cette réalité partagée soit collective et mondiale, pour une prise de conscience de cet équilibre retrouvé malgré nous.
Déjà des centaines de contributions du monde entier
En ce vendredi 5 juin, Journée mondiale de l'environnement, l'Université Côte d'Azur a fait les comptes : déjà 355 contributions venues des quatre coins de la planète : Etats-Unis, Sri Lanka, Chili, Mali, Tunisie, Italie, Espagne et bien sûr France.
Sur la Côte d'Azur, on redécouvre un ciel sans trainée de kérozène, les mouvements imprimés par le vent sur des plages que personne ne foule, ou des rouge-queue de retour dans un jardin de Juan-les-Pins :
En Chine, dans la province du Yunnan, ce sont des éléphants qui prennent un peu de repos dans un champs de thé...
Phénomènes naturels et initiatives solidaires
Si le retour des animaux en ville est le plus spectaculaire, cette carte permet aussi de garder en mémoire des événements moins visibles que les phénomènes naturels : les innovations frugales, tels les aspirateurs transformés en respirateurs, les initiatives solidaires, les créations artistiques nées de la crise et du confinement.
Comment s'assurer de la véracité des témoignages ?
"Nous avons un groupe de modérateurs, qui vérifie que les envois ne sont pas des fakenews."
Voilà à quoi ressemble l'OPEN MAP OF THE GLOBAL PAUSE
— Invent@UCA (@InventUCA) May 10, 2020
Et les premières épingles arrivent! Explorez ou contribuez à la map ⬇️⬇️⬇️https://t.co/8UQhxgGEUA pic.twitter.com/JJieMzug6p
L'initiative a rapidement intéressé Fridays for future, ce réseau mondial de citoyens militants pour le climat. Une collaboration devrait s'établir tant pour une participation à la modération que pour la collecte de matière de par le monde.
Elle bénéficie également du soutien de la Ville de Nice, et de la Fondation Prince Albert II de Monaco, qui a également développé son propre programme "A green shift ?" pour mener une réflexion de fond sur le rapport de l'homme à la nature après la pandémie.
Nous aimerions que cette carte soit utilisée à des fins pédagogiques, pourquoi pas dans les écoles, collèges, lycées", poursuit Samira Karrach. "Et pourquoi pas une exploitation scientifique de ces données ? On ne se l'interdit pas.
Quant à savoir si ce confinement, cette pause climatique aura eu des effets à long terme pour la planète, ça c'est une autre histoire...