Parce que c'était lui et parce que c'est eux. Brian Caddy et le Collectif Whole Street ont voulu porter, à leur manière, un dernier hommage à Ben, décédé ce 5 juin. Ils se sont donné rendez-vous, à 20 h, le soir même du décès de l'artiste niçois, devant un mur d'expression libre à Nice. Et, ils ont peint...

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Depuis plus d’un demi-siècle, les mots étaient au cœur de son œuvre.

Benjamin Vautier, plus connu sous son nom d'artiste de Ben, est décédé, mercredi 5 juin, à l’âge de 88 ans dans sa maison de Saint-Pancrace, sur les hauteurs de Nice.

Il a suivi "son aimée", juste quelques heures après le décès de son épouse Annie Vautier, comme le confirme le communiqué officiel diffusé par la famille de l’artiste, "ce dernier s’est donné la mort, ne voulant et ne pouvant pas vivre sans elle".

À l'initiative de cette œuvre, place du XV e corps à Nice, le Collectif Whole Street, dont le Cannois, Brian Caddy. Ce street artiste de 35 ans, Niçois de cœur, a suivi les cours de la villa Thiole de Nice et a étudié à l'École supérieure d'Art et Design de Toulon.

C'est en consultant les réseaux sociaux qu'il apprend le décès de Ben : "J'ouvre mon téléphone dans la matinée et, comme je le fais souvent, je regarde les réseaux sociaux. Et là, je vois cette info comme quoi Ben est décédé !"

"J'ai cru à une performance"

Ahuri, le street-artiste n'en croit pas ses yeux. Il ne peut se résoudre à réaliser ce qu'il est en train de lire : "J'ai tout de suite appelé Robert Roux, l'adjoint au Maire de Nice, délégué à la Culture et conseiller Métropolitain Nice Côte d'Azur. Je le connais bien, car il fait beaucoup pour le street art à Nice. Je voulais qu'il me rassure."

Au départ, j'ai cru que c'était une blague de Ben. Une performance artistique ou quelque chose comme ça. Mais, en fait non ! Pas du tout ! Quel choc !

Brian Caddy - Street artiste niçois.

Quand Brian Caddy parle, quelques heures après avoir réalisé la fresque en hommage à Ben place du XVᵉ corps à Nice, il y a comme un voile qui assombrit sa voix : "Ben, pour moi, c'est le plus grand artiste de Nice. C'est un des piliers de l'art à Nice. C'était quelqu'un de vivant, de drôle. Je ne le connaissais qu'au travers toutes les vidéos qu'il a réalisées, mais je ne l'ai jamais rencontré, pour de vrai. J'aurais adoré discuter avec lui, participer à ses performances". 

Ben a marqué une époque, des générations. Son œuvre continue et va toujours continuer.

Brian Caddy

Reprenant son souffle, il poursuit, plus professionnellement, avec moins d'émotion : "Après Ben, c'est assez particulier. C’est un artiste dont je n'arrive pas trop à comprendre le travail. Comme je ne comprends pas celui de Marcel Duchamp, dont il s'est inspiré. Le mouvement Fluxus, c'est un concept artistique que j'aime bien, mais qui ne m'inspire, mais pas totalement dans ma manière de travailler."

L'évidence : peindre un mur pour lui !

Aussitôt la tragique nouvelle intégrée, Brian appelle ses amis artistes : "On s'appelle un peu tous, entre artistes de street art et on décide que pour lui rendre un dernier hommage, à notre manière, on va peindre un mur en noir, réaliser son portrait et écrire son nom en blanc, pour lui, l'artiste, l'homme, son œuvre et pour tout ce qu'il représente".

Et ça tombe bien. À Nice, il y a un mur, place du XVe corps, dédié au street art. Imaginé dans le cadre de la consultation populaire "Influence ta ville", ce projet a vu le jour, en 2021, à l'initiative de l'élu à la culture, Robert Roux.

En fin d'après midi, après avoir lancé un appel sur les réseaux sociaux, le rendez-vous est fixé entre artistes et graffeurs. 

"Nous avons tous été très réactifs. Au début, à 20h, nous n'étions que deux. Alors, nous avons commencé par préparer le mur et à le peindre tout, bien comme il faut, en noir. En dessous, il y avait plein de graffitis. Ce n’était pas terrible."

Et d'ajouter : "Puis, deux autres artistes sont arrivés pour nous donner un coup de main. Un peu plus tard, d'autres nous ont, eux aussi, rejoints et ils nous ont aidés à écrire quelques lettres. En tout, nous étions une dizaine. On s'attendait à un plus de monde. Mais bon, c'était quelque chose de très spontané. Il fallait être réactif immédiatement. Tout le monde n'a pas pu se libérer, c'est vraiment dommage, mais il y a plein de la place, pour que, qui veut, vienne écrire un petit mot pour Ben !"

Un tableau noir pour Ben !

Dans l'idée du collectif, certes le portrait de Ben était une évidence, mais il fallait aussi et surtout, un mur entier pour que tout un chacun puisse venir y inscrire son petit mot, en lettres blanches.

Et Brian Caddy d'insister : "Tous les artistes sont les bienvenues pour laisser un mot évidemment. Un mot à la bombe, au pinceau, qu'importe ! Mais un mot en blanc ! Mieux, un mot au blanco, comme Ben avait l'habitude de faire ! En fait, le but c'est d'écrire "blanc sur noir" comme le faisait Ben. Juste quelques mots, pour lui rendre hommage".

"Par Amour..."

Il se jouait des mots, alors par amour et oublier leurs maux, ils ont écrit ces mots : ... Par amour...

Mourir par amour, pour un surréaliste, c'est terriblement romantique et réaliste !

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