L'artiste de 88 ans Ben Vautier s'est suicidé après le décès de sa femme, Annie ce 5 juin. Il a laissé un message expliquant qu'il ne pouvait pas vivre sans elle et qu'il décidait de la rejoindre. Les obsèques seront célébrées le 13 juin.
L'artiste niçois Ben est mort, ce mercredi 5 juin, à son domicile situé route de Saint-Pancrace à Nice.
Ses obsèques se dérouleront semaine prochaine, le jeudi 13 au crématorium de Nice dans l’après-midi. Un événement sera organisé le matin même sur la Coulée verte en centre-ville.
L'entourage de la famille de Ben Vautier a déclaré que l'artiste octogénaire s'est suicidé après le décès de sa femme, ce mardi soir, des suites d'un AVC. L'artiste a décidé de se donner la mort, "pour la rejoindre", car il ne pouvait vivre sans elle.
Annie Vautier, épouse de Ben et soutien inébranlable de son œuvre artistique tout au long de leur vie commune, a subi un accident vasculaire cérébral le lundi 3 juin à 23h. Elle est décédée le 5 juin à 3 heures du matin. Ne voulant et ne pouvant pas vivre sans elle, Ben s’est donné la mort quelques heures plus tard chez eux, à Saint-Pancrace dans les hauteurs de Nice.
Eva et François Vautier et leurs enfants.Communiqué de presse.
Pour Robert Roux, adjoint au maire, Délégué à la culture et Conseiller métropolitain Nice Côte d'Azur "sa femme Annie, était sa conscience .il demandait sans cesse où elle était. Elle était incontournable pour lui".
C'est ce que révèle une note écrite par l'artiste, retrouvé ce mercredi. Il était âgé de 88 ans.
Le parquet de Nice a communiqué quant au décès de l'artiste, peu après midi. "Je vous confirme le décès de M. Benjamin Vautier, né en 1935, connu sous son nom d’artiste BEN. L’intéressé a été découvert sans vie à son domicile. Les premiers éléments font état d’une plaie par arme à feu. Une enquête en recherche des causes de la mort est ouverte et confiée à la DIPN 06. Un magistrat du parquet se rend sur les lieux" a fait savoir le cabinet du procureur de la République, Damien Martinelli.
De premières réactions émues
Le maire de la ville de Nice, Christian Estrosi l'a confirmé sur les réseaux sociaux.
Je suis bouleversé. Mon ami Ben, ce formidable artiste qui incarne une grande part de la culture à Nice nous a quittés. Hier, j’apprenais la disparition d’Annie sa femme. Ils sont réunis comme ils l’ont toujours été. L’école de Nice perd un de ses principaux fondateurs.
Christian Estrosi, maire de Nice.
Et d'ajouter : "il me manque déjà. Il nous manque déjà terriblement." Le maire précise que : "la Ville lui rendra hommage à la hauteur de son génie. Pensées pour sa fille Eva, qui fait face avec un courage admirable, je le sais."
Le service du SDIS 06 a confirmé à France 3 être intervenu à un domicile de Saint-Pancrace à Nice.
Contactée ce mercredi dans la matinée, la veuve de l'artiste Sacha Sosno, Mascha, explique que Ben "était l'être le plus génial qui soit".
"Il était drôle, il avait de l'humour, il était intelligent. Il était quelques fois odieux avec les autres, parce qu'il était jaloux (rires). J'ai trouvé dans mon tiroir une écriture qu'il a faite à mon mari, qui disait 'Je suis jaloux de Sacha, mais je l'aime'".
C'est un être que tout le monde aimait. Il y a eu beaucoup, beaucoup d'amour à Nice pour ben, et je crois bien ailleurs aussi. Pour moi, c'était un grand artiste et je suis extrêmement triste.
Mascha Sosno
L'amitié qui liait Ben à Sacha Sosno était très ancienne. Mascha Sosno en a été témoin, dès ses premières rencontres en 1974. L'artiste niçois décédé ce 5 juin lui avait très rapidement montré des marques d'affection. Elle se souvient de quelques vacheries, aussi : "On s'engueulait et ça allait mieux 5 minutes après".
Le monde de l'art est très affecté par cette disparition soudaine.
Serein face à l'idée de la mort
Ben, de son vrai nom Benjamin Vautier, est né en 1935 d’une mère irlandaise et d’un père suisse, Benjamin Vautier grandit dans les orages de la Seconde guerre mondiale, de Naples à Izmir, d’Alexandrie à Nice. Après des études au parc Impérial, il employa son inlassable curiosité et son érudition, d’abord dans une libraire puis dans sa propre boutique, rue Tonduti de l’Escarène à Nice, où se mêlaient les livres, les papiers, les disques, et les objets les plus divers.
Il était surtout connu du grand public pour ses "écritures", déclinées sous diverses formes.
Appartenant à l'avant-garde artistique postmoderne. Dans sa dernière newsletter envoyée à ses abonnés ce mardi soir, il écrivait :
On m’a demandé d’écrire - comment sera la fin du monde - elle est déjà là - regardez par la fenêtre regardez la télé - regardez-vous dans le miroir et sautez par la fenêtre
Ben,Newsletter du mardi 4 juin 2024.
Le musée d’Art Naïf Anatole Jakovsky de Nice lui avait donné carte blanche l'été dernier.
Manifestement serein face à l'idée de la mort alors qu'il avait contracté le Covid en 2020, l'artiste de l'École de Nice semblait plus préoccupé par l'insuffisance respiratoire mortelle que peut entraîner le Covid-19 : "S'il pouvait tout simplement nous guillotiner, crac tous les petits vieux, ce serait pas mal pour la planète !"
Reportage en 2020 :
Connu pour ses fameux slogans rédigés en lettres manuscrites blanches sur fond noir, "Je ne sais pas quoi dire", "Fais moi cygne" ou "Comment savoir si c'est de l'art ou pas ?", qui ont donné lieu à de nombreux produits dérivés, Ben est aussi un des représentants les plus connus du courant d'avant-garde Fluxus depuis sa rencontre à Londres, au début des années 1960, avec le principal fondateur de ce mouvement, George Maciunas.
Un mouvement qui a notamment célébré ses 60 ans en septembre 2023, à Blois, dans le Loir-et-Cher.
Ben était exposé au Moma à New York ainsi qu'au centre Pompidou à Paris.