Procès de l'attentat de Nice : pour la cour d'assises spéciale de Paris, un deuxième attentat était bien en préparation pour 2016

Dans une lettre expliquant les motivations qui l'ont conduite à juger coupable les huit accusés, la cour d'assises spéciale de Paris confirme la thèse de la préparation d'une seconde attaque terroriste.

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Mohamed Lahouaiej-Bouhlel planifiait-il un second attentat pour le 15 août ? Oui, répond la cour d’assises spéciale de Paris qui vient de juger coupables les huit accusés de l’attentat de Nice, le 14 juillet 2016. Trois jours après son verdict, dans une lettre d'une cinquantaine de pages adressée aux parties concernées pour expliquer ses motivations, la Cour acte la thèse d’un second attentat. 

Le terroriste avait en tête la préparation d’un second projet d’attentat qui impliquait nécessairement des tiers à ses côtés.

Cour d'assises spéciale de Paris

Une attentat prévu le 15 août ?

Parmi les arguments évoqués par la Cour, il y a tout d’abord ces messages envoyés par le terroriste à Chokri Chafroud, condamné à 18 ans de réclusion criminelle pour association de malfaiteurs terroristes. Le 14 juillet à 20h27, le tueur lui écrit : "Je suis sur la Prom viens je te passe... C pour.. 159". Un chiffre obscur qui pourrait être en réalité une faute de frappe pour parler du 15 août selon la cour d'assises spéciale de Paris. Cette même date sera évoquée quelques jours plus tôt dans des messages rédigés par le terroriste utilisant le portable de Hamdi Zagar, son beau-frère.

Le soir du 6 au 7 juillet, il envoie à Mohamed Ghraieb deux SMS, espacés de quelques minutes. "14.7.7.16" et "15.8", deux textos évoquant les dates du 14 juillet et du 15 août 2016. Mohamed Ghraieb y répondra par un "?", soit par “incompréhension”, ou par "interrogation sur l’origine et le rédacteur du message, Hamdi Zagar ne faisant pas partie de ses relations"

Au SMS à destination de Chokri Chafroud le jour de l’attentat du 14 juillet, s’ajoutent ceux envoyés quelques heures plus tard à Ramzi Arefa, l’un des principaux accusés du procès qui lui a fourni une arme. Le tueur lui écrit à 22h27 soit quelques minutes avant de passer à l’acte : "Salam Ramzi, je suis passé tout à l'heure au taxiphone 16 rue Marceau je t'ai pas trouvé Je voulais te dire que le pistolet que tu m'as donné hier c'est très bien, alors on ramène 5 de chez ton copain 7 rue Miollis, 5è étage c'est pour Choukri et ses amis" et "Ils sont pris pour le mois prochain”. Des messages laissant de nouveau entendre qu’une deuxième attaque terroriste se préparait sûrement pour le mois d’août.

"Un projet terroriste imaginaire" pour la défense

Lors du procès, la défense a soutenu qu’il s’agissait en réalité d’un "projet terroriste imaginaire" manigancé par Lahouaiej-Bouhlel pour impliquer à tort les destinataires des messages. Thèse rejetée par la Cour qui n’a relevé aucun élément pouvant motiver "le moindre ressentiment à l’encontre des trois accusés".

En revanche, un autre élément du dossier tend à confirmer l’implication de complices dans la préparation de ce second attentat. L'assaillant aurait donné à Chokri Chafroud la somme de 3 450 euros provenant de la vente de sa voiture et de divers retraits bancaires étalés entre le 13 et le 14 juillet. "Une somme d’argent importante dont la seule justification s’explique par la nécessité de financer la commande de cinq nouvelles armes au profit de Chokri Chafroud et de ses complices évoquée dans les messages précités", estime la cour spéciale de Paris dans sa lettre.

Autant d’éléments et d’indices qui ont convaincu la Cour de "l’existence d’un second projet terroriste aux contours encore imprécis impliquant nécessairement plusieurs protagonistes autour de Chokri Chafroud". Conclusion qui sera certainement réfutée lors d’un procès en appel d’ores et déjà réclamé par certains avocats de la défense.

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