Qu'est-ce que l'ostreopsis, cette microalgue toxique qui prolifère fin juin sur les plages françaises ?

Microalgue toxique originaire des tropiques, l'ostreopsis prolifère chaque année près des côtes de la Méditerranée au début de l'été. À son contact ou à cause des embruns, l'humain peut être sujet à de la toux et à des irritations, comme l'explique le directeur du Laboratoire d'océanographie de Villefranche-sur-Mer (Alpes-Maritimes), près de Nice.

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Méfiez-vous des amas de mousse brune si vous partez nager en ce début d'été !

Avec les températures chaudes de ce printemps, une microalgue toxique, l'ostreopsis, prolifère sur les côtes françaises fin juin-début juillet. Cette concentration d'ostreopsis, qui suscite des irritations et de la toux chez l'humain - voire davantage chez les personnes fragiles - est malheureusement habituelle sur la façade méditerranéenne depuis l'entame des années 2000.

Sur la Côte d'Azur, cette prolifération d'ostreopsis va connaître son pic - appelé bloom par les scientifiques - pendant les deux semaines à cheval entre juin et juillet, explique Rodolphe Lemée, directeur du Laboratoire d'océanographie de Villefranche-sur-Mer (LOV-Imev).

Qu'est-ce que les ostreopsis ?

Rodolphe Lemée : c'est une espèce de microalgue unicellulaire, indécelable à l'œil nu mais observable au microscopique. Alors que la plupart des microalgues évoluent dans la masse d'eau, les ostreopsis vivent plutôt dans le fond marin, posées sur les rochers ou sur des macroalgues [celles visibles, NDLR].

Elles apprécient particulièrement les faibles profondeurs - idéalement 50 centimètres - et les températures élevées. Les ostreopsis sont une espèce tropicale, mais elle a étendu son aire de distribution avec le réchauffement climatique. Elle a été observée pour la première fois en 1972 à Villefranche-sur-Mer.

Rodolphe Lemée

directeur du Laboratoire d'océanographie de Villefranche-sur-Mer

Quel danger représentent les ostreopsis pour l'humain ?

Rodolphe Lemée : les ostreopsis prolifèrent depuis une vingtaine d'années en Méditerranée, et peuvent poser un problème de santé publique. L'Espagne, l'Italie et l'Algérie ont déjà connu chacun un épisode de contamination massive dans les années 2000-2010, avec plus de 200 personnes présentant des troubles liés à cette algue. 

Ces microalgues provoquent des irritations de l'œil et de la peau, mais aussi de la toux. Ces symptômes apparaissent quelques heures après l'exposition à l'ostreopsis et s'estompent généralement en une journée ou deux. Beaucoup de personnes atteintes n'éprouvent que des symptômes bénins et n'éprouvent pas de difficultés.

Ce qui est à craindre, c'est l'engorgement des services d'urgence. C'est ce qui s'était passé en Italie : les baigneurs avaient ressenti les symptômes au même moment et ça avait créé un mouvement de panique.

Rodolphe Lemée

directeur du Laboratoire d'océanographie de Villefranche-sur-Mer

Par contre, la microalgue peut générer des problèmes respiratoires pour les personnes sensibles, les plus jeunes et les plus âgés. Je pense aussi aux travailleurs du littoral : nous ne savons rien, pour le moment, des risques liés à une exposition longue et répétée à l'ostreopsis.

Comment et quand peut-on être intoxiqué par l'ostreopsis ?

Rodolphe Lemée : il ne faut pas forcément entrer en contact avec la microalgue pour être intoxiqué. Les ostreopsis se regroupent parfois pour former des agrégats bruns, et deviennent alors visibles par l'humain. Ces agrégats peuvent se détacher du fond marin et venir en surface, c'est ce qu'on appelle des fleurs d'eau. Le vent soufflant sur ces fleurs d'eau peut alors créer un effet d'aérosol qui peut contaminer des personnes restées sur la plage, chez elles ou à un restaurant en front de mer".

Souvent, la proximité avec ces microalgues génère un goût métallique dans la bouche, chose que tout le monde ne ressent pas forcément.

On commence à observer des ostreopsis à Villefranche-sur-Mer depuis la semaine dernière [on en observe aussi au Pays basque, la façade atlantique étant touchée à son tour par l'algue depuis 2018, NDLR].

Le printemps a été moins chaud qu'en 2022, mais le bloom de ces microalgues sera précoce aussi cette année. Il interviendra probablement dès la semaine prochaine. Ce bloom va durer dix à quinze jours, et puis la concentration va diminuer puis disparaître. 

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