La ville de Nice se félicite du dispositif mis en place lors du test de la reconnaissance faciale pendant le carnaval mais l'autorité de contrôle de la vie privée demande plus de détails avant de donner son avis.
Le 19 et le 20 février 2019, un logiciel de reconnaissance faciale a été testé pendant le carnaval de Nice, avec le feu vert de la CNIL selon le maire de la ville.
Déjà, les premiers desacords apparaissaient. De son côté, la Commission nationale informatique et liberté expliquait qu'elle n'avait plus à donner d'autorisation formelle.
?#Nice06 #ReconnaissanceFaciale
— CNIL (@CNIL) February 19, 2019
Depuis l’entrée en application du #RGPD, les dispositifs biométriques ne sont plus soumis à autorisation préalable de la @CNIL. Rappel des faits dans ce #Thread https://t.co/2BJCwHDlLe
Un rapport sur l'expérience
Le journal Le Monde a obtenu la copie du rapport qui détaille le bilan de cette expérience. Ce rapport a été rédigé par la ville de Nice et transmis à la Commission nationale informatique et liberté.
Plus de 5 000 volontaires venant au Carnaval ont joué le rôle de "cobaye" et ont accepté le principe de la reconnaissance faciale. Cela a permis de rechercher parmi eux des personnes disparues ou suspectes dont les opérateurs de vidéo-surveillance auront la photo.
Les personnes qui ne seront pas volontaires auront le visage flouté et ne seront pas reconnaissables sur les images. Le logiciel utilisé pour analyser les visages a été développé par la société israélienne AnyVision qui se présente comme le leader mondial du secteur.
Demande de précisions
Le rapport de 37 pages détaille l'expérience mais la Commission nationale informatique et liberté veut en savoir encore plus. Selon Le Monde, la CNIL a demandé des informations complémentaires dans un courrier daté du 16 juillet.
Le texte n'a pas permis d'avoir : "une vision objective de cette expérimentation et un avis sur son efficacité" pour la CNIL selon le journal. Reste un point sur lequel la mairie de Nice et le garant de la vie privée sont d'accord : il faut améliorer la législation sur le sujet de la vidéosurveillance qui aujourd'hui reste incomplète.
Christian Estrosi et la reconnaissance faciale
La ville de Nice compte 2.350 caméras, soit une pour 145 habitants.Christian Estrosi, maire de la commune et patron de la Métropole, se bat depuis 2016 pour faire modifier la législation sur l'utilisation de la reconnaissance faciale.
A l'occasion de l'Euro 2016 de football, quelques semaines avant l'attentat de Nice, sur la promenade de Anglais, il avait déjà demandé sans succès au gouvernement l'autorisation d'utiliser cette technique à l'entrée de la fan zone installée dans sa ville.
En décembre dernier, il a demandé au préfet de lui fournir la liste des "fichés S" de sa ville, afin de "pouvoir suivre toutes les allées et venues, dans les transports en commun, dans les artères, dans les lieux publics, des individus en question", via un logiciel de reconnaissance faciale qui serait relié à l'ensemble des caméras de la ville.