Un petit parfum de rentrée des classes, arômatisé aux effluves de savon. Iris, élève de CM2, nous raconte le retour tant attendu à l'école. Une journée ce 12 mai, entre suprises et rituels retrouvés. Finalement, ceux qui sont le plus attachés à l'école, ce sont les enfants eux-mêmes !
Aujourd'hui, c'était un peu comme une rentrée des classes. Iris, 11 ans, retournait en CM2, enfin ce mardi 12 mai en ce début de déconfinement.
Pour la première fois depuis deux mois.
"J'ai demandé à toute ma famille de m'accompagner, comme pour la rentrée !" Elle avait hâte. Les vacances c'est bien, mais les copains lui manquaient. Indignation (ça commence bien).
"C'était pas des vacances ! On avait quand même beaucoup de choses à faire!" Impatiente aussi de retrouver la maîtresse qui est "trop cool"...
Verdict : alors ? Cette première journée ?
"C'était bien." Mais encore ? "Presque comme d'habitude..." Vraiment ? "La maîtresse était masquée et portait des gants." Bizarre, non ? "Ben pas tant que ça : on en voit plein maintenant des gens avec des masques ! Bon ça a pas l'air très pratique." Et toi ? "Non. Mais certains CP sont venus avec un masque. Un petit avait même une visière : il avait attaché une pochette transparente. Mais je sais pas si c'est lui-même qui l'a fabriquée..."Dans la petite école des collines de Nice qu'Iris fréquente, les habitudes ont quand même été un peu chamboulées. "On ne rentre pas par le même portail que les autres. Et à 8h20 pile. Il y a un ordre. Faut pas être en retard !"
Premiers mots de bienvenue, et petites explications de la maîtresse. Un mètre de distance partout, avec des marquages au sol à l'entée de la classe, aux lavabos...
"On y arrive... mais c'est vraiment pas facile. On peut pas se faire de câlins."
"J'avais hâte de retrouver les rituels de classe. La chanson du jour, le personnage mystère... Y'a pas eu le personnage mystère, peut-être parce qu'on est pas tous là, je suis un peu déçue. Au lieu de ça on passe notre temps à se laver les mains !"
"En plus ils nous font compter 30 secondes de lavage !
"Avant d'entrer en classe le matin, avant la récré, après la récré, avant la cantine, après la cantine, avant les toilettes, après les toilettes, on n'arrête pas ! En plus ils nous font compter 30 secondes de lavage ! J'en peux plus !"Sa maman passe une tête dans les parages : "je crois que la première chose que je vais faire c'est lui acheter de la crème hydratante pour les mains !" L'occasion de lui demander si elle a hésité à envoyer sa progéniture à l'école : "absolument pas. On a fait d'après son envie à elle. Elle avait envie d'y retourner. J'aurais pu la garder, mais je ne suis pas enseignante... Disons que la pédagogie n'est pas la même... (sourire) Et puis je crois que le besoin de contacts, de sociabilité, était trop fort !"
Bien que pour la sociabilité, ce ne soit quand même pas évident. Beaucoup moins d'élèves que d'habitude : en CM2 ils ne sont que six (la totalité des effectifs, car dans cette petite école les classes sont multi niveaux). Ça laisse de la place, pour bien travailler.
Forcément, en poussant la plupart des tables sur le côté..."On a bien avancé ! On a même pu répéter une chorégraphie !"
"Ça fait bizarre quand même d'être si peu nombreux. En plus, la cour de récré est séparée en deux... on doit éviter de se rejoindre...." Et puis jouer sans se toucher c'est pas pratique. "Jouer à Loup Glacé ou Touche-Touche, c'est pas possible ! Du coup on a joué à Touche-Touche-Ombre." On ne se touche que par les ombres. Un peu de poésie, dans ce monde de brutes !
Elle affiche quand même un gros sourire, Iris, depuis le début. Ça fait un bien fou de retrouver une routine, même perturbée. Dommage que demain il n'y ait pas école, déjà : les mercredis sont chômés à Nice.
"J'étais vraiment contente de tous les retrouver. Même ceux que d'habitude j'aime pas trop..."
Sourire gêné. On aime pas dire du mal des gens, mais ils sont gentils.
Un peu de devoirs, dès le début. C'est pas ça qui va nous enlever le sourire, au contraire. Rien décidément, ne pourra lui gâcher son plaisir. "J'espère quand même que tout va reprendre comme avant. Mais je sais pas quand ce sera possible."
Hâte d'être jeudi. Et vive toutes les maîtresses et tous les maîtres du monde !